Alix, épuisée dans une routine sans saveur et frôlant le brown-out depuis un certain temps, obtient finalement quelques jours de répit auprès de son manager. Sur un coup de tête, elle choisit de s'éclipser quelques jours à Londres pour se ressourcer...
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Putain ! Je l'ai lâché. Sans le vouloir, mais je l'ai lâché. Je lui ai dit : je t'aime.
Merde, merde, merde ! Dieu merci, elle ne semble pas avoir entendu mon aveu, car elle continue à me caresser les cheveux en nous berçant. Je ne suis pas sûr d'être prêt à ce qu'elle l'entende, car je sais qu'elle en sera effrayée et je n'ai pas envie de la brusquer à ce stade de notre relation et de rompre l'équilibre qui est en train de s'installer entre nous.
J'ai tellement été touché en plein cœur par sa chanson. Même si je n'en ai pas saisi l'entièreté des paroles, ça m'a touché bien au-delà des mots. Chacun me parvenait, ponctué de chaque geste. J'ai compris sa signification dans sa globalité, ce qu'elle voulait me faire entendre et comprendre. Elle m'avouait son amour, indirectement. Il est si évident, bien qu'elle le dissimule. Et je sais qu'elle ne me le confiera pas pour l'instant. Mais je le sais, je le sens et le ressens de bien des manières. J'en suis intimement certain. C'était plus que clair.
J'aime la façon dont nous communiquons nos sentiments. Nous avons notre propre langage : des regards, des gestes, des silences qui en disent bien plus que des mots. Nous nous exprimons de façon détournée en étant sûrs que le message soit passé et que l'autre le reçoive comme nous le souhaitons. Je suis bien conscient que nous en sommes qu'aux prémices de notre histoire, mais j'ai tellement l'impression d'atteindre un nouveau palier dans mes sentiments dès que nous nous rapprochons, que je ne sais pas où cela va nous mener. J'entrevois déjà des images du futur dans mon esprit. Un futur dans lequel j'ai envie de plonger à chaque instant.
C'est la première fois que je me sens autant emporté par ce que je ressens, parfois c'est incontrôlable ou indéchiffrable. Pourtant, malgré mes peurs et mes doutes, je me nourris de chaque instant passé à ses côtés. Chaque éclat de rire, chaque étreinte tendre est une bénédiction. Je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve, mais je sais que je suis prêt à affronter bien des choses pour nous. Car dans ses yeux et dans ses bras, je trouve la force et le courage d'affronter l'inconnu.
Alix repose à côté de moi, endormie paisiblement, tandis que je suis incapable de fermer l'œil. Mon esprit est en ébullition, assailli par des doutes et des questionnements incessants qui me tourmentent, particulièrement la nuit. Je ressens le poids des jours qui s'écoulent. J'ai un besoin impérieux de passer à l'étape supérieure. Je ne peux pas continuer ainsi à distance sur le long terme, je crains de ne plus pouvoir le supporter. Mais je sais que je dois être prudent. Malgré tout, je sens que c'est un risque que je dois prendre pour nous.
Le lendemain matin, le salon est baigné d'une lumière chaude et douce qui filtre à travers les fenêtres, répandant une atmosphère chaleureuse. Pour être honnête, j'ai à peine fermé l'œil de la nuit. Finalement, je me suis installé sur le canapé, craignant de réveiller Alix. C'est notre dernière journée ensemble, elle reprend le train en fin de journée et une fois de plus, nous allons être séparés. Cette pensée me fatigue profondément. Je sais qu'il va falloir aborder le sujet, mais je ne suis pas sûr d'être prêt. Du moins, il me faudra faire preuve d'une certaine retenue et d'une compréhension à toute épreuve.
