32 - Waves - Alix

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Assise dans le salon, bordée d'un plaid et d'une tasse de café dans les mains, j'observe distraitement Phoebe et Curtis discuter

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Assise dans le salon, bordée d'un plaid et d'une tasse de café dans les mains, j'observe distraitement Phoebe et Curtis discuter. Depuis que Josh est parti, je me sens pleine de regrets et de culpabilité. J'ai détesté son regard attristé, causé par ma faute. Un vrai crève-cœur. Des fois, je me dis que je ne le mérite pas. Je ne mérite pas sa gentillesse et sa constante bienveillance. Il est si patient avec moi. Continuellement à me rassurer quand les doutes me tourmentent.

Hier soir, j'ai le sentiment de l'avoir lui avoir causé énormément de peine... Il ne mérite pas un tel traitement, quand bien même nous ne sommes pas d'accord. Si je ne prends pas un peu sur moi, si je n'arrive pas à comprendre mes craintes, j'ai bien peur qu'il me quitte.

Curtis nous informe qu'il doit partir bosser et me serre sincèrement dans ses bras. Phoebe et moi nous retrouvons donc seules, alors que nous devions passer le week-end tous ensemble. Tout est parfait dans le meilleur des mondes. Depuis la cuisine, elle me demande si je veux quand même qu'on se fasse un petit brunch. Je lui avoue avoir une faim de géant et que je suis prête à tout dévorer, ce qui la fait rire.

Ce brunch est un délice ! J'ai pioché de tout et je m'en délecte. Tellement, que j'ai repris du bacon et des pancakes avec des fraises au moins trois fois.

— Tu te régales !, observe-t-elle un sourire complice.

— C'est comme si je n'avais pas mangé depuis une semaine !

Elle sourit, tout en me scrutant discrètement.

— Comment tu te sens ?

— Oh, non, ne me demande pas, sinon je vais craquer !, dis-je dans un petit rire.

— Alix, je m'inquiète pour toi, c'est tout.

Je m'arrête de m'empiffrer pour faire une pause et me cale dans le fond de ma chaise.

— Je te mentirais si je te disais que j'allais bien. J'ai constamment la tête de Josh devant mes yeux. Son expression ce matin... ça m'a tuée. Je m'en veux de n'avoir rien dit, de ne pas l'avoir retenu. Je suis horrible.

— Arrête, tu n'es pas horrible. Vous vous êtes disputés. Ça arrive à tous les couples.

— Mais son expression Phoebe ! C'est insupportable, dis-je dans un léger étranglement.

Je me racle la gorge et prends une gorgée de jus.

— Qu'est-ce que tu comptes faire ?

— Il faudrait que je voie un gynéco déjà, et au plus vite. Ce serait une bonne chose.

— Je connais quelqu'un si tu veux. Qui pourrait te consulter genre demain, si je dis que c'est pour moi.

— Ah ouais ? T'es sûre ?

— Oui. Laisse-moi passer un coup de fil.

* * *

Mon pied tapote nerveusement le sol de la salle d'attente, alors que j'analyse autour de moi. Les murs bleu clair, censés être apaisants rendent l'atmosphère oppressante et accentue mon anxiété. Les minutes s'étirent comme des heures. Purée, je n'en peux plus !

Au bout d'un moment, on appelle mon nom. Je me lève, les jambes légèrement tremblantes. On me guide jusqu'à la salle d'examen, Phoebe dans mon sillage. La gynécologue entre, son visage empreint d'une bienveillance rassurante. Lorsqu'elle fait la bise à Phoebe, ça me fait bizarre, mais je me souviens alors qu'elle m'a dit que c'était une amie à elle. Seulement, en un instant, une boule d'angoisse qui me serre la gorge. Elle me demande comment je vais, et réponds d'une voix à demi étouffée, comme si les mots avaient du mal à franchir mes lèvres.

Sans attendre, elle m'indique que l'on va commencer et donc que je dois prendre place sur le siège. Le ventre contracté, je m'allonge et l'échographie débute. Le gel froid sur mon ventre me fait frissonner. J'essaye de me détendre, paniquée parce ce qu'on pourrait m'annoncer. À ma gauche, Phoebe me tient la main. Comme je suis reconnaissante qu'elle soit là à m'épauler... C'est incroyable de constater à quel point elle est devenue importante dans ma vie. J'éprouve une réelle gratitude.

Comme la gynécologue ne dit rien, mes yeux se rivent sur l'écran. Soudainement, une petite forme, à peine visible, mais si présente apparaît. Mon cœur manque un battement, et je réalise l'ampleur de ce qui se passe. C'est... réel. Fixant l'écran, les larmes me montent, tandis qu'elle m'explique doucement ce que je vois. Je presse la main de Phoebe, submergée par l'émotion et me laisse aller à pleurer.

Ce petit être est bien plus grand qu'une cacahuète. Il grandit déjà en moi, dépend déjà de moi. Soudain, je pense à Josh. C'est lui qui devrait être là à me tenir la main, même si j'éprouve un véritable soulagement que Phoebe m'est accompagnée pour me soutenir. Je me demande ce qu'il ressentirait s'il était là, à mes côtés, à contempler cette petite forme qui bouge à l'intérieur de moi. Aurait-il la même peur, mêlée à une étrange tendresse ? Certainement.

Je tourne mon visage vers Phoebe et remarque qu'elle est émue. Elle sourit, tout en laissant une larme s'échapper. Elle me serre encore plus fort la main et je prends conscience du moment.

Au milieu de cette tourmente d'émotions vives, j'entrevois une lueur d'acceptation. Peut-être que je ne suis pas prête, peut-être que je ne le serai jamais vraiment, mais une infime partie de moi se dit : et si ? Peut-être que tout ira bien. Peut-être que je trouverai la force nécessaire pour affronter ce qui m'attends, ce qui nous attend. Je me laisse submerger, tout en ayant un pincement au cœur en pensant à Josh. Je l'aime. Il est impensable que j'envisage de faire autrement que de laisser une chance à ce petit être, maintenant que j'ai vu son cœur battre. À deux on est plus fort, Alix.

Avant que le rendez-vous ne se termine, la gynéco m'indique que la fécondation remonte à deux mois. Un frisson me parcourt l'échine et je fais les yeux ronds. Deux mois ! Tu m'étonnes que c'est plus grand qu'une pistache. Elle m'informe ensuite que la consultation est terminée et que je peux me rhabiller, en prenant le temps nécessaire. Quand je remets mon pull, quelque chose a changé en moi. Phoebe me demande si je suis prête à partir. Je hoche la tête et pendant que je récupère mon sac sur le fauteuil, elle me questionne sur ma décision. J'étire mon sourire, tremblante, mais résolue de mon choix. Je vais mettre au monde ce bébé, avec l'homme de ma vie.

The Love We StoleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant