5 - Texas Sun - Alix

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À peine vingt minutes de trajet se sont écoulées et je me répète encore la phrase de ce matin : Trois heures trente de trajet. Tout va bien se passer. Cependant, la monotonie du paysage commence à m'assoupir, la tête reposée sur le côté. Le ciel oscille entre le gris et le bleu, les rayons du soleil tentant désespérément de percer à travers les nuages. De temps en temps, Josh jette un coup d'œil vers moi, histoire de jauger mon comportement.

Après une courte pause, Josh change de playlist et se met à fredonner sur Can I Believe You de Fleet Foxes, le volume légèrement plus fort. J'ai un sourire en coin en l'entendant chantonner de son petit timbre grave. Josh est sacrément calé en musique, surtout en rock classique et de la nouvelle génération de groupes et d'artistes indé-folk. Par chance, c'est exactement ma came aussi. Nous en venons à échanger sur ces groupes qui passent en fond sur la liste de lecture et parfois, je me mets à le suivre sur un refrain ou deux de ceux que je connais. Mais ma plus belle performance est sur le refrain de Texas Sun de Khruangbin & Leon Bridges, où je me laisse complètement aller par cette douce mélodie que j'aime tant.

La voiture file à travers les paysages qui défilent sous nos yeux, au rythme apaisant de Pale November Dew de The Dead Tongues. Josh et moi discutons un peu sur tout et rien, des choses de notre quotidien. La conversation est fluide, naturelle, même si parfois je dois prendre une seconde pour la tournure de mes phrases en anglais. Mais j'aime cette langue, et je suis ravie de pouvoir m'exercer lors de mon voyage. Aussi, j'apprécie la décontraction de Josh et sa manière d'être, sans jugement et toujours concerné par ce qu'on lui dit.

— Putain !

Je porte une main à mon cœur lorsqu'il freine un peu brusquement le long d'une route de campagne et que la voiture dérape sur des graviers.

— Merde ! s'emporte-t-il en tapant les mains sur le volant.

— Que se passe-t-il ?, demandé-je un brin affolée. Tout va bien ?

Il baisse la tête, puis la secoue.

— Pardon, excuse-moi. Je ne voulais pas t'effrayer.

Je ne sais quoi répondre, tandis qu'il expire bruyamment.

— J'ai bien peur qu'on soit arrivés, dit-il gêné. Je veux dire, chez moi, à Abergavenny.

— Pardon ?

Je me redresse immédiatement de mon siège et regarde à travers le pare-brise, puis sur le côté. Il y a des fermettes séparées par de vastes champs, des chevaux dans des enclos de l'autre côté du chemin. Le paysage au loin est vallonné. Magnifique, me dis-je sur le moment, mais l'angoisse me gagne en un instant.

— Je suis vraiment désolé, dit-il en se tournant vers moi. On était tellement dans notre conversation que j'ai zappé la sortie pour Newport et j'ai continué machinalement mon chemin vers chez mes parents. Mais ne t'en fais pas, je vais faire demi-tour et te déposer à Newport.

The Love We StoleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant