Affectionately Yours

12. Lundi 20 Novembre - Calypso

~ Alone Again - The Weeknd ~

--

Le retour au travail est dur.

Mon week-end m'a offert une bulle de déni qui vient d'éclater en un instant, par le simple fait de sortir de chez moi.

Je deviens paranoïaque, vérifie frénétiquement que personne ne me suit, scrute les moindre recoins, les moindres micro-expressions.

Tout le monde est suspect.

J'essaie de me rassurer en me disant qu'il n'est pas un inconnu lambda dans la rue, qu'il me connaît.

Mais ça ne fait qu'empirer la situation.

Je passe les portiques du commissariat en inspectant chacun des visages de mes collègues.

Je finis par croiser le regard de l'agent d'accueil.

On est lundi, ce n'est pas Isaac.

Mais le remplaçant me connaît-il assez pour mentionner tout ce qui a été dit dans les communications?

Il était sûrement à la soirée de Valéria.

Le jeune homme me montre du regard les colis employés, et je comprends que la semaine dernière est en train de se reproduire.

Je veux vomir.

J'ai reçu une simple lettre, que je tiens en tremblant.

Pas de bout de cadavres pour aujourd'hui.

Ça doit lui manquer de m'envoyer des messages, donc il compense avec des lettres.

Intéressant pour le profil.

Je remercie l'agent rapidement et fonce à notre étage.

J'ai le bonheur de déjà y trouver tout le monde, éparpillé dans l'open space.

Léo qui se brûle avec un café en discutant avec Valéria, rebutée par l'odeur.

Bertrand qui raccroche le téléphone dans son bureau, et Asmodée qui fait de la paperasse.

Ils regardent tour à tour entre la lettre et moi, et mon visage doit montrer quelque chose puisqu'ils comprennent.

Oh non!

Ne rien montrer.

Tout cacher.

Il y a beaucoup trop de stimulation d'un coup.

Mon cerveau est en ébullition, alors je me précipite dans mon bureau dans lequel je m'enferme.

Mes bras me font souffrir, alors je les enroule autour de moi pour appliquer une pression.

Je ne veux pas ressentir ça, je ne veux plus rien ressentir.

Ma respiration devient anarchique, et mes poumons brûlent tellement que je pourrais cracher du feu.

Mes yeux se ferment seuls, et sous la pression de la pièce, qui se met à tourner autour de moi, je m'accroupie sur le sol, pour ne pas risquer de tomber.

Je lutte pour maintenir mes yeux ouverts, et en regardant rapidement autour de moi, je me rends compte que j'ai laissé certaines choses désordonnées.

Parfait!

Ranger m'aide à oublier le reste.

En fait, faire n'importe quelle tâche m'a toujours aidé à enfouir mes idées les plus sombres.

J'entends Valéria toquer doucement à la porte, mais je ne réponds rien.

Je me traîne du mieux que je peux, pour m'efforcer de remettre mes coussins en place.