62. Calypso

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~ Bruises - Lewis Capaldi ~

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 Allongée sur le sol froid, des larmes congelées glissent le long de mes joues.

Depuis que mon père a perdu ses ongles, je n'ai pas cessé de pleurer.

Ce sont toutes les larmes que je n'ai pas versé lorsque j'étais jeune.

Ce sont toutes les larmes que je n'ai pas versé après.

Toutes les larmes que j'ai retenues, feignant l'indifférence.

Toutes les larmes que j'avais oubliées.

Je sers le plaid un peu plus fort contre moi, espérant retenir un peu de chaleur.

Mais ça ne suffit pas, puisque je grelotte encore.

Je suis allongée le long du mur, et la paroi aspire tous mes souvenirs, tous mes sentiments, tous mes espoirs...

...ne laissant que le silence et la douleur.

Un bruit vient me brouiller les oreilles.

Il est là.

Je me redresse, pour m'asseoir contre le mur, en essuyant mes larmes, me préparant à lui sourire.

Je dois sourire, montrer que je vais bien, pour qu'il me croit et ne s'énerve pas.

Je dois m'en convaincre moi-même.

Mais l'ombre qui avance dans la pièce à petit pas n'est pas comme d'habitude.

Elle est de dos, et traîne un corps, glissant sur le sol, qui se découpe dans l'encadrement de la porte

Je prends de grandes inspirations filantes, pour garder les idées claires, mes poumons compressés par l'angoisse.

Faites que tout se passe bien.

Elle l'attache non loin de moi, liant ses mains à un anneau au mur et ses pieds ensemble avec des chaînes.

Je comprends que le corps est pour le moment inanimé, sûrement comme je l'étais quand je suis arrivée ici.

Il y a une éternité.

Avant de partir, la silhouette scanne la pièce, nous observant un à un, puis referme la porte.

J'échange un regard interloqué avec Tristan.

Je suis la plus proche, donc c'est moi qui doit essayer de comprendre qui iel est.

Je m'approche, traînant mes jambes sur le sol.

Je tire sur mes bras, toujours ancrée dans le mur, pour voir le mieux possible.

Je suis assez proche pour pouvoir toucher la silhouette avec mon pied si je le veux, mais tant que je ne sais pas qui c'est, je reste sur mes gardes.

Faites que ce ne soit pas mon grand-père.

Mes yeux tentent de faire la mise au point sur son visage, qui est à moitié orienté vers le sol.

Quand je comprends.

-Léandre, soufflai-je dans un élan de panique.

Qu'est-ce qui lui est arrivé, pourquoi il est là?

Non... non...

C'est moi qu'il veut, pas Léandre, pourquoi l'amener ici.

Je ne peux pas laisser faire ça, je ne peux pas le voir le torturer, je ne supporterais pas.

Affectionately YoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant