48. Vendredi 16 Février - Calypso

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~ Daylight - David Kushner ~

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Je suis allongée dans le canapé de Léandre, fixant le vide depuis un petit moment maintenant.

Je lui ai dit que ça allait, que j'avais juste besoin d'espace, qu'il pouvait aller vaquer à ses occupations.

Mais la vérité, c'est que je voudrais qu'il me tienne dans ses bras en me chuchotant que ça va aller jusqu'à ce que je m'endorme.

Je ne peux décemment pas lui demander ça.

J'ai enduré mon adolescence comme je le pouvais, mais quand je me suis émancipée à mes 16 ans, et que je ne les ai jamais revus, je me suis dit que tout irait bien.

Je me suis interdit de me lamenter sur mon sort, alors que je ne croiserais jamais leur route à nouveau.

M'obligeant à bosser toujours plus, à viser l'excellence, pour ne plus jamais avoir besoin d'eux.

Revoir ma mère était déjà un choc, surtout pour qu'elle me parle de mon père.

Mais mon grand-père.

Ressentir son poid sur moi à nouveau, ses mains à ma taille, son odeur de tabac, qui me donne juste envie de vomir.

J'étais parvenue à oublier son image, mais elle m'est revenue comme une gifle.

Sans prévenir, je me vois replonger dans les démons de mon adolescence.

Mon erreur a été de penser que mon traumatisme était passée depuis longtemps, de l'enterrer très loin et de continuer sans m'en soucier.

Mais je ne vis pas normalement.

Il me hante, et ça m'empêche d'être pleinement libre.

J'ai peur des inconnus, tout particulièrement des hommes.

Je ne peux pas montrer mes émotions, je ne peux pas respirer dans une foule, ou supporter le contact physique de certaines personnes.

Je ne peux pas être libre de lui.

Il a planté ses griffes dans ma peau, et mon âme saigne encore de ces blessures.

Je suis prisonnière d'un souvenir, qui est encore bien trop réel à mon goût.

Ma peau me démange, et j'ai envie de recommencer.

Ça fait trop mal, j'ai besoin de reprendre le contrôle.

Je frotte mes poignets en ferment les yeux, voulant juste apaiser mes démangeaisons quelques secondes.

Je ne veux pas... il ne faut pas...

Mais ça me ferait tant de bien.

-Tu veux que je te fasse couler un bain, me demande une voix, près de moi.

Je tourne la tête vers Léandre, qui me regarde, debout face au canapé, une main dans les cheveux.

Je me lève pour me tenir devant lui, profitant de sa proximité quelques secondes.

Je n'avais jamais remarqué que c'était si difficile d'être debout.

-J'aimerais bien un bain oui, mais je pourrais le faire moi? demandai-je innocemment.

Il acquiesce, et me montre où se situe la salle de bain, sans se douter une seconde de ce qu'il vient de me proposer.

Je regarde dans la direction qu'il m'indique, et la distance semble être infinie.

Affectionately YoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant