~ Dead Man - David Kushner ~
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Je n'ai aucune idée du temps qu'il s'est écoulé depuis que je suis là.
Je ne dors pas, je mange mal, et je survis dans la peur.
Ma seule notion de temporalité est la fréquence à laquelle vient mon kidnappeur.
Tous les soirs, j'ai le droit à mon repas quotidien.
Je sais que c'est le soir, parce qu'après sa venue, le seul raie de lumière qui pénètre dans la pièce diminue en intensité.
Mais la vérité, c'est que même de ça, je n'en suis pas sûre.
Je tremble de froid, toujours sur le sol humide de cette cave.
J'ai eu le droit, après mon troisième repas, à un plaid, qui me sert de matelas et de couverture en même temps.
Après avoir mangé, le stalker me bande les yeux, et m'emmène faire mes besoins.
Il met le bandeau, me détache du mur pour m'attacher les mains dans le dos, et me fait sortir de la pièce.
Je monte trois marches avant qu'il ne me déshabille pour m'asseoir sur une planche trouée.
Il m'essuie et me rhabille, avant de me faire redescendre les trois marches, de me rasseoir sur mon plaid, de me rattacher et de me débander.
La faim me torturait au début, mais aujourd'hui, je ne la sens même plus.
Je ne ressens plus rien.
Cette routine me donne envie de vomir, et mon père la vit depuis près de cinq mois maintenant.
Je ne peux m'empêcher d'avoir de la peine pour lui, puisque ses plaintes de douleurs me réveillent souvent.
Lorsque je parviens à trouver le sommeil, malgré le froid et la faim, je me réveille soit par ses cris, soit par les miens, plongée dans mes propres cauchemars.
Je sais qu'il n'a pas plus d'idée que moi du jour où nous sommes, ni du lieu où nous nous trouvons.
Je pourrais très bien lui parler, de toute façon, il lui est très difficile de me répondre en se faisant comprendre.
Je profite donc qu'aujourd'hui, le stalker l'a rassie un peu plus dans la lumière, pour... discuter.
-Tu sais quel jour nous sommes? demandai-je, en dérouant ma voix.
C'est une des premières fois que je parle depuis mon enlèvement.
Mon père me regarde, l'œil étonné et perdu.
Non, il ne sait pas... bien sûr que non.
-Je me suis fait enlever le Mercredi 07 Mars, ajoutai-je, les mots luttant toujours pour sortir. Ça fait donc environ 5 mois que tu as été kidnappée. Depuis que je suis là, il y a eu approximativement 15 repas, donc je suppose qu'on est fin mars. Mais qui sait combien de temps je suis restée inconsciente avant d'atterrir ici.
Il me regarde, les sourcils légèrement froncés.
Je ne comprends pas son expression, qui se change rapidement en quelque chose de beaucoup plus identifiable.
Il sourit, voire rigole même.
Mais je ne sais pas s'il se moque de moi, ou si le savoir enfermé depuis si longtemps le rend fou.
J'ai envie de parler, et il ne peut ni me dire de me la fermer, ni que je mens, alors j'en profite.
-Inès s'inquiétait pour toi tu sais, continuai-je. Elle est venue me voir, parce que les enquêteurs qui s'occupaient de ton affaire ont seulement découvert ta famille cachée. J'ai cherché aussi du coup. Et, si ça peut te rassurer, Judith s'inquiète aussi beaucoup pour toi.

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Affectionately Yours
RomancePsychiatre criminologue, Calypso ne quitte jamais son masque en société, puisqu'il lui permet de garder la tête hors de l'eau. Cependant lorsqu'elle se retrouve victime au cœur d'une affaire glaçante, son assurance menace de se fissurer, pour laisse...