Affectionately Yours

20. Lundi 11 Décembre - Calypso

~ Look What You Made Me Do - Taylor Swift ~

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Je vais devenir folle.

Me laisser seule chez moi sans activité pour occuper mes journées équivaux à de la torture.

Je me suis toujours imposée un rythme effréné de travail dans ma jeunesse, qui s'est poursuivi lors de mon cursus en médecine.

C'est plutôt simple en réalité, je ne faisais que ça de mes journées.

A l'école? Je travaillais.

A la maison? Je travaillais.

En vacances? Je travaillais.

Que ce soit en faisant des devoirs, en m'avançant sur le programme scolaire ou en m'informant sur divers sujets qui m'intéressent.

N'importe quoi afin de paraître occupée pour mes parents.

Cela m'a permis de sauter deux classes, puis de poursuivre en parallèle mes études de médecine et de criminologie pendant mon internat.

Malheureusement, les conséquences ont également été de me priver d'une partie de ma jeunesse, et de toute mon adolescence.

J'ai grandi trop vite, et à l'âge adulte je ne sais pas m'ennuyer, et j'ai encore du mal à m'amuser ou me détendre.

Je n'ai pas l'impression d'être assez productive.

Je ne sais d'ailleurs pas pourquoi mes amis me trouvent intéressante.

Je suis tellement solennelle.

Ils doivent sûrement avoir pitié.

Enfin, depuis la semaine dernière, j'apprends une quatrième langue, afin de m'occuper: le portugais.

Je reçois seulement la visite de Valéria une fois tous les deux jours, et échange quelques messages avec mes amis.

Alors, affalée sur mon canapé, je fais un test pour estimer mon niveau linguistique, en mangeant des longs bonbons étranges que Léo m'a acheté après notre cohabitation.

Je caresse la tête de Sombra, qui glisse dans mon cou.

Mon bébé est un réconfort non négligeable dans ma vie, et je lui en remercie chaque instant.

Soudain, j'entends du mouvement derrière la porte.

Je sursaute fortement, en me redressant, comme à chaque léger bruit depuis lundi.

Emmitouflée dans mon plaid, je vais ouvrir, pour voir ce que fait mon garde.

-C'est vous? me demande un gars menotté en arrière par l'agent. On m'a demandé de livrer à Calypso Ferra.

Un inconnu, brun, d'une vingtaine d'années, me regarde avec insistance, l'air un peu perdu.

Dans sa main, il tient une enveloppe blanche, avec un prénom calligraphié à l'encre dorée.

Ses enveloppes... mon prénom.

Tout de même soulagée que le stalker n'ait pas fait livré un bout de cadavre par un inconnu, je m'en empare.

-Gardez le comme ça et prévenez le lieutenant Fabre, dis-je à l'attention de mon garde.

J'ai appris à connaître les 3 policiers qui se succèdent à ma porte, celui-là est le plus jeune et aussi le moins expérimenté.

Je ne peux m'empêcher d'avoir de la peine pour lui, puisque sa future carrière se base en partie sur mon comportement avec lui.

-Bon travail, le rassurai-je comme je peux, continuez comme ça.