49. Vendredi 16 Février - Calypso

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~ Another Love - Tom Odell ~

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Comme chez moi, sa cuisine est ouverte sur son salon, mais tout est en noir et blanc.

La plupart des meubles sont couverts d'effets marbres, et j'admire la simplicité du lieu.

Il se pose à l'îlot en face de moi, comme s'il savait que je devais lui parler.

Je vais faire un long monologue...

...mais j'imagine qu'il peut bien devenir mon psy le temps d'une soirée.

Je déglutit difficilement avant de me lancer.

-Toute mon enfance, j'allais chez mes grands-parents à chaque vacances. C'était mon moment préféré de l'année, parce que mes parents n'étaient pas très présents pour moi. Alors qu'eux, ils m'emmenaient dans des parcs d'attractions, me couvraient de bonbons, me laissaient faire du camping dans le jardin. C'était merveilleux.

J'essuie une larme qui coule sur ma joue.

Lorsque je lève les yeux vers Léandre, je remarque qu'il m'écoute, attentivement, en me laissant l'espace dont j'ai besoin.

Je recommence à jouer avec mes doigts lorsque je poursuis mon récit.

-Mes premières règles ont été très douloureuses, mais pour ma mère, c'était le signe que j'étais devenue une vraie femme. Elle a cru nécessaire de le crier dans toute la famille, pour qu'ils m'acclament. Alors le premier Noël après ça, quand je suis allée chez mon grand-père, il m'a dit que maintenant que j'étais mature j'avais un devoir envers lui.

Je prends une pause, en respirant profondément puis j'essuie à nouveau quelques larmes supplémentaires.

Mais d'autres prennent rapidement leur place.

-Pour la faire courte, il me disait qu'on jouait ensemble, que ça lui faisait énormément de bien. Il m'allongeait nue devant lui, pour se masturber devant moi, puis au cours du temps, sur moi. Il me touchait, parfois près de ma grand-mère, sans qu'elle ne le voit jamais. Il a commencé à me demander de le sucer, puis le faisait sur moi. Jusqu'à ce que je comprenne ce qu'il se passait, vers mes 13 ans.

J'ai du mal à articuler et je bégaye à plusieurs reprises.

Léandre fait le tour de l'îlot, et vient s'asseoir à côté de moi, pour me rassurer, ce qui fonctionne.

Je reprends dès que je le peux, mais toujours dans les larmes.

-Là, il m'a prévenue que ça ferait beaucoup de peine à mes parents, que je ne devais vraiment pas en parler. Et j'ai attendu mes 14 ans pour tout dire. C'est là que le cauchemar a commencé. Seule ma grand-mère m'a crue, alors elle l'a quitté, et encore aujourd'hui, elle est la seule personne qui ne m'a jamais aimée. Mes parents m'ont traité de menteuses, puis même s'ils me croyaient, c'était de traîner et d'allumeuse. Je le pensais déjà, mais ils m'ont dit que c'était moi qui excitais mon grand-père, et que je ne devais pas me plaindre.

Léandre me prend la main quand les sanglots deviennent trop forts.

-Respire, prend ton temps, dis ce que tu veux, me rassure-t-il.

Cela fonctionne étonnement bien.

Je respire doucement pour remettre de l'ordre dans mes esprits avant de continuer.

-Tous les soirs, mon père venait me trouver pour me punir de mes mensonges. Mon grand-père n'avait rien fait de mal, lui. Alors il me traînait au fond de la cave, pour me frapper. Ma mère regardait souvent, sans ne jamais rien faire pour l'en empêcher. J'ai réussi à m'émanciper à mes 16 ans, avec l'avantage que je rentrais en fac de médecine. C'est à cet âge que j'ai arrêté de voir mon grand-père.

Affectionately YoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant