Affectionately Yours

39. Lundi 15 Janvier - Calypso

~ THE GREATEST - Billie Eilish  ~

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Ça fait deux semaines que je n'ai rien reçu.

Je suis partie du principe que j'avais réussi à l'apaiser, mais je ne peux être sûre de rien.

Il peut aussi préparer bien pire.

J'organise mon planning dans mon bureau quand quelqu'un ouvre la porte, ce qui me fait immédiatement sursauter.

Ce qui est fréquent depuis plus de deux mois maintenant.

-Tiens p'tit génie, m'interpelle Asmodée, en s'approchant de mon bureau. Le boss veut que t'ailles travailler sur cette affaire avec le croc mort.

Blanchard avance dans mon bureau en parlant.

Depuis que je ne suis plus autorisée à être sur l'affaire, il se croit tellement supérieur à moi.

Il laisse tomber un dossier sur mon bureau de manière nonchalante, avant d'y poser une main pour que je ne puisse plus le prendre et d'approcher son visage du mien.

-Fais attention surtout, me chuchote-t-il, ne te transforme pas en momie.

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Je vais forcément me transformer en momie.

Je suis descendue dans la salle d'autopsie, pour retrouver Léandre qui venait d'apprendre la nouvelle.

Cela faisait longtemps qu'on ne nous avait pas demandé de collaborer, ce qui m'arrangeait énormément.

Tout ça pour qu'on se rende compte que notre travail était de vérifier les dossiers de toutes les personnes que Bertrand a un jour mis en prison, et de trouver leur alibi pour le Mardi 12 Décembre.

Je ne connaissais pas l'affaire sur laquelle on bosse, sûrement un truc qui est arrivé quand j'étais chez moi.

Mais ce travail n'a rien de psychiatrique ou de mortuaire.

Je ne comprends pas pourquoi on nous le confie.

C'est quelque chose qui va nous prendre une éternité, et une tâche plutôt ingrate.

Mais on comprend mieux quand on sait que Bertrand ne nous veut plus dans les pattes pendant les enquêtes.

On bosse depuis quelques minutes dans le silence le plus total, et ça va encore nous prendre des heures.

Je n'ose même pas le regarder dans les yeux, consciente d'être la cause du mal être qu'il semble ressentir.

Pourquoi c'est si dur d'être indifférente?

-Ils pensent vraiment que nos métiers sont inutiles non? tente Léandre, une main dans les cheveux. Pour nous confier cette tâche je veux dire.

Je sais qu'il veut simplement lancer une discussion, n'importe quoi, pour rendre notre travail moins pénible.

Mais il ne sait pas que je risquerais de lui révéler la raison pour laquelle je l'ignore, ce qui le mettrait immédiatement en danger.

Je ne peux pas faire ça, mais je suis trop faible pour lui résister.

Assise sur le sol de la salle des archives, je le regarde enfin dans les yeux, pour la première fois depuis trois semaines.

Ce qui me frappe d'abord, c'est qu'il est toujours aussi beau, et ça joue en sa faveur.

Ses yeux sont brillants, et munis d'un voile triste, sa pomme d'Adam bouge au rythme de ses déglutissements douloureux, et ses cheveux retombent sur son front en pagaille.