72. Samedi 07 Avril - Calypso

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~ Pretty When You Cry - Lana del Rey ~

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Le garde m'ouvre la porte du parloir, une pièce vide avec seulement une table et deux chaises.

Je prends une dernière inspiration, puis entre alors que j'entends déjà les charnières se refermer derrière moi.

Je m'assois après avoir toisé la petite pièce pendant quelques secondes.

On m'a fait passer en priorité à tous les portiques de sécurité, puisque Valéria est en crise.

Cependant, elle n'est pas classifiée comme dangereuse, étant donné que son procès n'a pas encore eu lieu, et qu'elle est au service psy.

Un garde attendra de l'autre côté, mais mon seul moyen de l'appeler est de presser un bouton.

Je ne pourrais pas si elle m'agresse, mais je connaissais ce risque en acceptant de la rencontrer.

Dans le silence du parloir            , je n'entends que les crissements de portes qui s'ouvrent, au loin.

Sûrement des proches qui viennent voir leur famille.

Des enfants qui viennent voir leur mère, qui a volé à l'étalage.

Des femmes qui viennent voir le mari, qui a fait un grave accident de voiture.

Des mères qui viennent voir leur fils, qui a déclenché une énième bagarre dans un bar.

Certainement pas des victimes qui rendent visite à leur bourreau.

Encore moins des victimes qui culpabilisent d'avoir mis leur tortionnaire dans cette situation.

Parce que j'ai peut-être pu lui laisser penser des choses.

Je n'aurais jamais dû lui faire croire qu'elle avait la responsabilité de mon bonheur.

Je ne sais pas exactement ce que j'ai fais de mal, mais je sais que sans ça, elle n'aurait jamais cru devoir me venger de quelque chose qu'elle ne peut pas contrôler.

Mon père est incontrôlable.

Surtout depuis qu'il a laissé tomber des membres, et qu'il me harcèle de messages pour reprendre contact.

Comme si cette affaire m'obligeait à lui pardonner quoi que ce soit.

Un son continue résonne pendant quelques secondes, indiquant que les détenus peuvent maintenant accéder aux parloirs.

Mon corps entier fait écho à ce son, dans de légers tremblements, qui vont en s'empirant.

Une petite ouverture sur la deuxième porte de la pièce me laisse apercevoir des détenus, marchant sur la passerelle, pour trouver leur famille.

Soudain, un visage s'arrête devant moi, m'observant à travers la vitre.

Elle me fixe, quand un petit sourire satisfait illumine ses lèvres.

Elle a joué la crise, pour me faire venir, je le sais.

Mais l'état dans lequel elle est est plus dangereux qu'une crise de folie, puisqu'il est parfaitement délibérée.

C'était délibéré quand elle a envoyé tous ces messages pendant un an.

Chaque lettre, chaque phrase, chaque mot été délibéré, pour me faire croire que c'était Isaac qui me stalkait depuis tout ce temps.

Même le jour où je les recevais était délibéré.

C'était délibéré quand elle a coupé le doigt, la langue, l'oreille, et qu'elle a arraché l'œil de mon père.

Affectionately YoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant