Affectionately Yours

61. Mardi 27 Mars - Léandre

~ FOR YOUR LOVE - Maneskin ~

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Assis à mon bureau, je toise ma salle d'autopsie vide, s'étendant sous mes yeux.

Aujourd'hui est particulièrement difficile.

Chacun de mes mouvements me fait mal, comme si mon corps se refermait autour de moi.

Sophia continue de m'envoyer des messages, Léa s'y est mise aussi, mais je ne sais pas quoi répondre.

Je n'ai rien à leur annoncer, on avance pas, on ne sait rien, et j'ai l'impression qu'on ne fait rien.

Nous n'avons personne à interroger, personne à réellement suspecter ni aucun endroit à fouiller.

Hélios est le seul à savoir ce qui se passe chez moi, mais il est au moins autant impuissant que nous tous.

Travailler, comme si de rien n'était, est une discipline dans laquelle je n'excelle pas quand il s'agit de Calypso.

Valéria rentre très tard chez elle, et bosse comme une dingue.

C'est sa technique pour affronter ce qui se passe.

Mais elle, son travail, à la base, est justement d'essayer de la retrouver.

Mon travail à moi, c'est découper des corps en essayant de ne pas m'imaginer que le prochain sera celui de Calypso.

Et je n'y arrive pas très bien.

Je n'excelle pas non plus dans l'art de supporter connard.

Le voir se pavaner tous les jours, le sourire au lèvre, alors que l'un de nos meilleurs éléments a été enlevé m'est insupportable.

J'ai failli lui mettre mon point dans la gueule quand il a émis l'hypothèse que Calypso avait tout inventé depuis le départ pour disparaître aux Caraïbes.

Comme si elle n'avait que ça à faire.

Comme si elle pouvait inventer des morceaux de cadavres.

Comme si elle ne comptait pas.

Et puis Bertrand, qui a pour seule réponse "on fait tout pour la retrouver".

Alors qu'il laisse ses employés être injurieux et qu'il ne fait rien, lui, à proprement parler.

Un bruit me fait relever la tête.

Valéria vient d'entrer dans la salle d'autopsie, et s'approche de la porte de mon bureau.

-J'ai quelque chose pour toi, me dit-elle simplement.

A son air, je sens que ça va me plaire, mais je n'arrive pas à deviner à quel point.

Faites qu'elle l'ait retrouvée.

Bien qu'elle n'est pas assez excitée pour que ce soit ce niveau de bonne nouvelle.

-Rejoins moi dans cinq minutes à ma voiture, ajoute-t-elle en repartant.

Je ne me fais pas prier.

J'éteins mon ordi, seule chose que j'avais réussi à faire en arrivant ici, et enfile mon pull.

Je n'arrive pas à la rattraper, mais je grimpe tout de même rapidement en haut des escaliers, et je cours quasiment pour redescendre vers l'accueil.

Lorsque je sors, la fraîcheur du printemps me frappe.

Une voiture de police se gare devant moi, et je monte aux côtés de Valéria.

-C'est pas très protocolaire de te faire venir, me prévient-elle.