Affectionately Yours

52. Jeudi 22 Février - Calypso

~ I Was Never There - The Weeknd ~

--

J'éteins mon ordi en me passant une main sur le visage.

Cette journée a été longue, puisque j'ai dû finir mon entretien avec le refroidisseur, précédemment interrompu par une tentative d'agression.

Ce tueur en série détient son surnom de ses mises en scène, puisque après avoir étouffé ses victimes, il les congèle dans une position artistique.

J'ai réussi à lui faire faire des aveux, sans même vraiment essayer, puisque son profil psychologique a montré qu'il aime se vanter.

Ses meurtres sont des œuvres d'arts.

Mais lundi, il a essayé de me sauter au cou pour m'étouffer, et j'ai encore un peu la marque de ses mains autour de mon cou.

Lorsque ça s'est su dans le commissariat, mes amis se sont immédiatement inquiétés, à commencer par Léandre.

Presque à chaque fois que je le croise, je dois lui assurer que ça ne me fait pas mal, que tout va bien, que ça n'a pas duré longtemps.

Il s'inquiète tellement.

J'ai tout de même insisté auprès de Valéria pour le revoir, puisque je n'avais pas fini mon travail, bien qu'elle n'est acceptée qu'en surveillance rapprochée.

Encore un homme qui aurait mieux fait d'être accepté aux beaux-arts.

Mais cette journée n'est pas terminée, je dois encore bosser sur l'enquête.

Léandre et moi nous étions promis de nous redonner rendez-vous après le fiasco du dernier samedi.

Et c'est ce soir, quand tout le monde est déjà parti, que nous avons prévu de nous y mettre, le dernier jour disponible avant qu'il ne parte en vacances.

Quand je traverse l'open space, il ne reste que deux-trois personnes qui finissent de remplir des documents.

Je descends donc les escaliers jusqu'au labo, qui s'avère silencieux sans la présence de Chloë et Dahlia.

Je fais quelques pas supplémentaires, guidée par la musique qui provient de la salle d'autopsie, je m'avance pour y jeter un œil.

Léandre est en train de récurer les ongles d'une victime en écoutant I was never there de The weeknd.

Je l'observe quelques secondes, bouger légèrement la tête sur le rythme lent et flottant de la musique.

Ce tableau est apaisant.

Il chantonne même à un moment, sans s'en rendre compte, alors même qu'il me taquinait sur cela la première nuit qu'il a passée chez moi.

Les manches de sa blouse sont retroussées, en laissant dépasser les veines marquées sur ses avants-bras.

Léandre a ses cheveux devant les yeux, mais cela ne semble pas le déranger pour autant.

Il est concentré dans sa tâche, humidifiant ses lèvres doucement, à intervalle régulier.

Je déglutie face à ce spectacle, qui ne me laisse plus indifférente, en jouant avec mon piercing.

Puis, une fois mes idées remises en place, j'effectue quelques pas dans la pièce pour qu'il m'aperçoive enfin.

Léandre me sourit chaleureusement, en me détaillant de bas en haut, sa main gantée toujours dans celle de la victime.

-J'ai bientôt fini, me prévint-il. Je suis tout à toi dans quelques minutes.