Affectionately Yours

56. Mercredi 07 Mars - Calypso

~ Mercy - Shawn Mendes ~

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Je presse le pas une fois sur le parking.

J'ai rendez-vous avec Sophia dans une demi-heure, et je dois passer par chez moi avant.

Avec le temps, j'ai développé une angoisse d'arriver en retard, qui se répercute sur tous les aspects de ma vie.

J'ai l'impression que c'est un tel manque de respect, alors même que la plupart des gens sont compréhensifs avec cela.

Surtout Sophia, elle-même très souvent en retard, elle sait que j'étais au travail avant et que je ne vois plus le temps passer.

En dépassant une voiture mal garée, l'épisode avec mon grand-père me revient comme une gifle.

Son odeur, sa main, son corps, ses mots.

Tout est si violent, et paraît si réel, que tout mon corps se met à dysfonctionner.

Il est là, je le sais.

Mais je ne vois personne, un voile couvrant toute vision et empêchant toute réflexion.

Mon souffle se coupe instantanément, et l'impression d'être observée reprend le dessus.

Mon dos devient une cible aux regards curieux, et mon cerveau est en alerte, pour chaque bruit.

Un mauvais pressentiment me tord les boyaux.

Mais je sais que je ne dois pas me laisser abattre par mon traumatisme, je dois réussir à le laisser dans le passé.

Je m'oblige donc à prendre des respirations plus posées, plus calmes, pour retrouver un souffle normal.

Pour continuer dans ma lancée de guérison émotionnelle, je prends le temps d'observer les environs, lentement.

Je suis en retard, mais ma thérapie est plus importante.

Depuis un petit moment, je suis devenue ma propre patiente, et m'auto-conseil comme telle.

Il faut que j'aille mieux, et théoriquement, je suis la mieux placée pour me connaître.

Je dois juste trouver le moyen d'avoir un regard construit et objectif sur moi-même.

Pendant des flashs comme cela, le plus important est de permettre à son cerveau de comprendre qu'il n'y a pas de danger, de lui permettre de dissocier le traumatisme de la réalité.

Je ne dois plus vivre dans des illusions, et me donner les clefs pour arriver à en sortir.

Rationaliser l'irrationnel.

C'est-à-dire ici, désamorcer mon sentiment d'insécurité, qui a pris le pas sur ma vie depuis longtemps.

Pour m'aider, je tourne sur moi-même dans de petits pas.

J'analyse chaque recoin, faisant diminuer la pression à chaque fois que je me rends compte qu'il n'y a personne.

Je ne risque rien, sur le parking d'un commissariat.

Mon grand-père peut revenir si ça lui chante, je suis en capacité de me défendre, et je peux rapidement appeler du renfort.

Il n'y a personne aux environs, et mon corps se décontracte un peu, rassurée par ce constat.

Je prends une grande bouffée d'air, fière de ne pas être tombée dans une crise d'angoisse à cause d'une simple voiture.

Mes jambes reprennent leur mouvement, toujours pressées par le temps qui fil.