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POV Charles

Le vol vers Monaco est calme. Max et moi, assis l'un à côté de l'autre, sommes en pleine discussion légère, mais tout ça me semble tellement lointain. Le paysage que je vois à travers la fenêtre me semble flou, tout comme la conversation que nous avons. Mon esprit est ailleurs, tourmenté par des pensées sombres que je n'arrive pas à éloigner.

On arrive enfin à l'aéroport de Monaco. Max semble heureux de retrouver la tranquillité de la ville, et moi aussi, dans un sens. Mais dès que nous passons la porte de notre appartement, un malaise s'installe. Les deux semaines de pause devraient être un moment de détente, mais je sais que tout va se compliquer. Parce que le retour de Binotto, cet homme que je ne supporte plus, a fait ressurgir des émotions que je croyais enfouies.

Le simple fait de savoir qu'il pourrait revenir dans le paddock me donne la nausée. Il a toujours été une source de frustration, de colère et de douleur pour moi, et son retour est comme une plaie qui se rouvre. Même ici, chez moi, je ne peux pas m'en défaire. La tension, l'incompréhension et la rage refont surface. Et c'est là que tout se brouille dans ma tête.

Max et moi avons toujours partagé de bons moments ensemble, mais aujourd'hui, tout me semble différent. Le simple contact de son bras contre le mien, son regard posé sur moi, me fait paniquer. La chaleur de sa présence, si familière, semble m'étouffer maintenant. Tout se mélange dans ma tête, les souvenirs et les émotions. Je sens cette pression qui monte en moi, et je suis terrifié à l'idée qu'il puisse voir à quel point je vais mal. Il ne comprendra pas. Il ne peut pas comprendre.

Je décide d'aller me réfugier dans la cuisine, essayant de reprendre le contrôle. Je veux respirer, je veux me calmer, mais tout ça m'échappe. Max me suit de près, inquiet comme toujours, mais il ne sait pas ce qui se cache derrière tout ça. Je prends une grande inspiration avant de lui adresser la parole, sachant que ce que je vais dire va sûrement l'éloigner.

— Max, je... je crois que j'ai besoin d'être seul pendant un moment. J'ai des choses à régler ici à Monaco, avec ma famille, tu vois, dit-je d'une voix tremblante.

Max me regarde, un peu surpris. Il semble hésiter, voulant sûrement comprendre. Mais je sais que c'est trop tôt pour lui expliquer. Il ne saurait pas comment réagir. Alors, je me contente de détourner le regard, l'esprit envahi de tout ce que je ne peux pas lui dire.

— Tu veux que je parte ? Il me semble blessé, mais il essaie de dissimuler sa déception sous un sourire forcé. Je sais qu'il n'est pas dupe, mais je n'arrive pas à lui expliquer. Pas maintenant.

Je ferme les yeux, tentant de chasser cette vague de panique qui monte en moi, cette envie irrationnelle de fuir. Je me tourne vers lui, cherchant à me convaincre que je fais bien.

— Non, Max. Tu ne comprends pas. Ce n'est pas que je ne veux pas passer du temps avec toi, mais... c'est juste que... je suis pas prêt à en parler. Je veux juste être avec ma famille, retrouver un peu de calme, de normalité. C'est tout.

Je le vois se raidir légèrement, mais il ne dit rien. Il comprend, sans vraiment comprendre. C'est ce que j'aime chez lui, et en même temps, c'est ce qui me frustre. Max est là, toujours là, mais il n'a aucune idée de ce qui se passe dans ma tête, de ce que j'ai vécu, de tout ce que je cache.

Il soupire et me prend doucement par les épaules, son regard toujours inquiet, mais bienveillant.

— Je suis là, Charlie. Si tu veux que je t'accompagne dans ce que tu fais, je le ferai. Tu sais que je suis là pour toi, peu importe ce qui arrive. Mais je veux que tu saches que tu n'es pas obligé de tout affronter seul. Tu as... tu as le droit de t'ouvrir à moi.

Ses mots sont sincères, mais je suis encore trop enragé, trop perdu pour les accepter. Ce n'est pas à lui que je veux en parler. Ce n'est pas avec lui que je veux confronter mes démons. Il ne saurait pas, il ne pourrait jamais comprendre. Il me regarde comme si je venais de lui briser le cœur, et ça me tue de le voir ainsi, mais il faut que je le fasse. Je ne peux pas l'embarquer dans cette spirale. Je suis incapable de le faire. Je me détourne de lui, comme si tout cela pouvait disparaître si je détournais le regard.

— Je vais passer du temps avec ma famille, Max. Je te promets que ça ne change rien entre nous. Je... je veux juste être seul un moment.

Max ne répond pas tout de suite. Il hoche la tête lentement, visiblement déçu, mais il ne me force pas à en dire plus. C'est ce que je redoutais. Il sait que quelque chose ne va pas, mais il ne pose pas de questions. Pourtant, je sais qu'il veut comprendre. Il est prêt à tout pour moi, mais je ne suis pas prêt à lui offrir ce que j'ai. Pas encore. Pas maintenant.

Je me tourne vers lui une dernière fois avant de quitter la pièce, et je vois cette lueur d'inquiétude dans ses yeux. Un regard que je connais bien, celui qu'il porte quand il voit que je suis sur le point de sombrer, mais que je refuse de lui montrer ma chute. Et cette fois, c'est plus fort que moi.

— Désolé, Max, je lui dis d'une voix presque inaudible.

Il ne me dit rien, mais je vois la façon dont il serre les poings avant de les relâcher. Il comprend. Mais c'est la première fois que je ressens un tel poids entre nous. Il m'aime, et il essaie de me donner tout ce qu'il peut, mais je ne peux pas lui offrir ce qu'il cherche. Pas aujourd'hui.

Je laisse Max derrière moi, et je vais rejoindre ma famille, espérant que passer du temps avec eux me permettra d'évacuer tout ce que je ressens. Mais même en étant ici, je sais que cette colère, cette peur, cette haine, elles ne disparaîtront pas d'un coup. Et je n'ai aucune idée de comment les effacer sans tout détruire autour de moi.



Et n'hésitez pas à commenter ça fait toujours plaisir 🙃🙃

Romeo save me ~ LestappenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant