Romeo save me ~ Lestappen

23.

pdv charles

La chambre d'hôtel était plongée dans une demi-obscurité, seule la lumière diffuse du lampadaire extérieur se frayant un chemin à travers les rideaux entrouverts. J'étais assis sur le lit, le cœur lourd et les pensées enchevêtrées comme des fils électriques. Depuis la course et ma confrontation glaciale avec Max, je n'avais cessé de ressasser ce qui s'était passé entre nous. Mais aujourd'hui, j'avais décidé de me confier à la seule personne qui, je l'espérais, pourrait m'écouter sans me juger.

Pierre Gasly, mon ami de toujours, était assis en face de moi, une expression inquiète dessinée sur ses traits tandis qu'il scrutait mon visage fermé. Il savait que quelque chose me rongeait, et il était prêt à entendre ce qui me tourmentait tant.

« Pierre, il faut que je te parle », dis-je, la gorge serrée et la voix rauque, trahissant ma nervosité. Je n'avais jamais eu autant de mal à parler, même après mes pires échecs sur la piste.

Il hocha la tête, se redressant légèrement sur sa chaise. « Je suis là, Charles. Quoi qu'il se passe, tu sais que tu peux tout me dire. »

Je pris une profonde inspiration, cherchant le courage de me livrer. Les mots se formaient difficilement, coincés entre la peur et la honte qui pesaient sur ma poitrine. « Il s'est passé quelque chose avec Max. »

Pierre haussa un sourcil, surpris mais toujours attentif. « Avec Max ? Qu'est-ce que tu veux dire ? »

Je détournai le regard, fixant un point invisible sur le sol pour éviter ses yeux scrutateurs. « Hier soir, après la course... on s'est disputés. C'était tendu, et je... je l'ai accusé de choses sans vraiment comprendre pourquoi. Et puis, il m'a embrassé. »

Le silence qui suivit cette confession était presque assourdissant. Je pouvais sentir le regard de Pierre peser sur moi, essayant de comprendre ce que cela signifiait. Finalement, il murmura : « Et toi, qu'est-ce que tu as fait ? »

Je me redressai légèrement, le cœur battant à tout rompre. « Je n'ai pas fui tout de suite. Pendant un moment, j'ai répondu au baiser. Mais ensuite, j'ai paniqué. Tout ça, ça n'a aucun sens, Pierre. Je n'ai jamais... jamais pensé que je pourrais être attiré par un homme. J'aime Alexandra, ou du moins, je pensais que c'était tout ce dont j'avais besoin. »

Pierre resta silencieux, me scrutant avec attention, comme s'il essayait de percer le brouillard qui obscurcissait mes pensées. « Charles, ce que tu ressens, ce n'est pas quelque chose que tu peux simplement balayer sous le tapis. Et ce n'est certainement pas quelque chose dont tu devrais avoir honte. »

Je sentis la frustration monter en moi, se mêlant à l'angoisse qui ne me quittait plus. Je serrai les poings sur mes genoux. « Je ne veux pas l'accepter, Pierre. J'ai tout planifié, ma vie est construite autour de ce que je suis censé être, de ce que les autres attendent de moi. Je ne peux pas tout remettre en question pour un... pour un moment qui n'aurait jamais dû arriver. »

Pierre soupira et se pencha en avant, posant une main réconfortante sur mon épaule. « Écoute-moi, Charles. Ce que les autres pensent, ce que tu penses devoir être, tout ça n'a pas d'importance. Ce qui compte, c'est ce que tu ressens, ce qui te rend heureux. Si tu te mens à toi-même, tu vas te perdre. Et je refuse de te voir sombrer. »

Les paroles de Pierre résonnaient en moi comme un avertissement que je ne pouvais pas ignorer. Pourtant, l'idée même d'accepter ce qui s'était passé, d'admettre que je pouvais être attiré par Max, me terrifiait. Je secouai la tête, tentant de repousser cette possibilité au fond de moi.

« Je ne peux pas », murmurai-je, la voix brisée. « J'ai décidé de faire comme si de rien n'était. Si je commence à y penser, à l'analyser, ça va tout compliquer. Max mérite mieux que ça. Il mérite quelqu'un qui n'est pas aussi... perdu. »

Pierre fronça les sourcils, un mélange de tristesse et de désapprobation dans le regard. « Et tu penses qu'ignorer tout ça va régler quoi que ce soit ? Tu te mens à toi-même, Charles, et ça va finir par te rattraper. »

Je levai les yeux et, pour la première fois, je laissai transparaître toute la vulnérabilité que je m'étais efforcé de cacher. « C'est la seule solution que je vois. Alexandra compte sur moi, ma famille compte sur moi. Je ne peux pas être celui qui détruit tout ça pour quelque chose que je ne comprends même pas. »

Pierre secoua la tête, le regard empli de tristesse et de compassion. « Je suis là pour toi, Charles, peu importe la voie que tu choisis. Mais sache que fermer les yeux ne fait pas disparaître la vérité. Un jour, tu devras l'affronter. »

Ses mots résonnaient encore dans ma tête lorsque la nuit s'étira, froide et silencieuse. Malgré tout ce que je tentais de me dire, une petite voix intérieure murmurait que Pierre avait raison. Mais je n'étais pas prêt à admettre cette vérité. Pas encore.