29.

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pdv charles

Le trajet jusqu'à l'appartement de Max m'avait paru interminable. Chaque virage, chaque feu rouge avait été une épreuve. Mes mains tremblaient sur le volant, mon cœur battait si fort que j'en avais presque mal. Pourquoi étais-je là ? Pourquoi, après tout ce qui s'était passé, avais-je décidé de confronter Max maintenant ? Peut-être parce que Daniel avait réussi à me convaincre que fuir mes sentiments ne les ferait pas disparaître.

Quand je suis arrivé devant la porte, j'ai hésité. Une minute. Deux. Peut-être trois. Je respirais profondément, comme si j'essayais de calmer une tempête qui faisait rage en moi. Finalement, j'ai frappé. Une fois, puis une deuxième, avant que la porte ne s'ouvre.

Max se tenait là, torse nu, un short de sport sur les hanches, les cheveux encore humides. Il avait probablement pris une douche, et l'odeur de son gel douche envahit l'air entre nous. Il fronça les sourcils en me voyant, surpris.

« Charles ? Qu'est-ce que tu fais ici ? » demanda-t-il, sa voix trahissant à la fois l'étonnement et une pointe d'inquiétude.

Je me raclai la gorge, tentant de me donner une contenance, mais les mots restèrent bloqués. La tension montait en moi comme un torrent incontrôlable. Avant même que je ne puisse répondre, une vague de nausée me submergea.

« Je... je dois... » balbutiai-je avant de foncer droit vers sa salle de bain.

Je me retrouvai à genoux devant les toilettes, la tête lourde, le cœur battant à tout rompre. C'était ridicule. Je ne pouvais même pas affronter une conversation sans que mon corps me trahisse. Je sentis une main sur mon dos, légère mais rassurante.

« Respire, Charles, » murmura Max derrière moi. « Juste respire. Ça va aller. »

Je fermai les yeux, essayant de me concentrer sur le son de sa voix, sur la pression douce de sa main qui faisait des cercles apaisants. Lentement, la nausée se dissipa.

« Désolé, » soufflai-je en me redressant.

« Tu veux de l'eau ? » demanda-t-il.

J'acquiesçai, incapable de parler davantage pour le moment. Il quitta la pièce et revint rapidement avec un verre d'eau. Je le pris, mes mains encore tremblantes.

« Je sais pas ce qui se passe, mais tu n'as pas besoin de te mettre dans cet état pour me parler, » dit-il doucement.

Je laissai échapper un petit rire nerveux. « C'est plus facile à dire qu'à faire. »

Il haussa un sourcil, croisant les bras contre son torse. « Alors, dis-moi. Qu'est-ce qui t'amène ici à... » Il jeta un coup d'œil à l'horloge de la cuisine. « Presque six heures du matin ? »

Je pris une profonde inspiration, décidant que c'était le moment ou jamais. J'avais déjà dépassé le point de non-retour.

« Je suis venu te parler... du baiser, » dis-je, ma voix à peine audible.

Un éclat passa dans ses yeux, quelque chose entre la surprise et une intense curiosité. « Ok... Je t'écoute. »

Je posai le verre sur le comptoir, incapable de rester immobile. Je marchais nerveusement dans la pièce, cherchant mes mots.

« Quand tu m'as embrassé... ça m'a chamboulé, Max. Je ne savais pas quoi penser. Je ne sais toujours pas. » Je fis une pause, évitant son regard. « Toute ma vie, j'ai cru savoir qui j'étais, ce que je voulais. Et là, d'un coup, tu viens tout bouleverser. »

« Charles... » commença-t-il, mais je levai une main pour l'interrompre.

« Laisse-moi finir, » dis-je rapidement. « Je ne te dis pas ça pour te rejeter ou pour te blesser. Au contraire. Je veux juste que tu comprennes. Ce baiser, c'était... » Je marquai une pause, cherchant le bon mot. « C'était différent. Mais pas dans le mauvais sens. »

Il resta silencieux, me fixant avec une intensité qui me déstabilisait. Je continuai, presque à bout de souffle.

« Ça m'a fait me sentir... vivant, je suppose. Mais ça m'a aussi effrayé. Parce que si ça veut dire que... que je suis attiré par toi, alors tout ce que je croyais savoir sur moi-même est faux. Et ça... ça me terrifie. »

Max s'approcha doucement, réduisant l'espace entre nous. Il ne dit rien tout de suite, laissant mes paroles flotter dans l'air entre nous. Quand il parla enfin, sa voix était basse, mais pleine de conviction.

« Ce que tu ressens, Charles, ça n'a rien de mal. Ce n'est pas quelque chose que tu dois fuir ou avoir peur. »

Je secouai la tête, luttant contre les larmes qui menaçaient de couler. « Mais ça change tout, Max. Et je ne sais pas si je suis prêt pour ça. »

Il posa une main sur mon bras, son regard doux mais déterminé. « Tu n'as pas besoin d'avoir toutes les réponses maintenant. Mais ce que je sais, c'est que ce genre de connexion... ça n'arrive pas tous les jours. Et tu mérites de te donner une chance de comprendre ce que tu veux vraiment. »

« Je... j'ai besoin de temps, » dis-je finalement, ma voix brisée.

Max ne bougea pas tout de suite après ma demande, son regard toujours ancré dans le mien. Je voyais dans ses yeux une bataille silencieuse entre le respect de mon besoin d'espace et son propre désir de me réconforter. Finalement, il sembla prendre une décision. Lentement, il s'approcha de moi, et avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il passa ses bras autour de mes épaules.

Le geste était doux, presque hésitant au début, mais lorsque je ne reculai pas, il me serra un peu plus fort. Mon corps, tendu par le stress et l'émotion, céda sous cette étreinte.

« Tu n'as pas à tout affronter seul, » murmura-t-il contre mes cheveux.

Je fermai les yeux, laissant la chaleur de son étreinte apaiser les tempêtes en moi. Pendant un instant, je n'étais plus perdu, plus effrayé. Juste là, dans ses bras, tout semblait plus simple.

Je ne savais pas combien de temps nous restâmes ainsi, mais à cet instant, les mots n'étaient plus nécessaires.

Quand Max se détacha doucement, il posa ses mains sur mes épaules, me regardant avec une intensité qui me fit frissonner. « Prends tout le temps qu'il te faut, Charles. Je serai là. »

Je n'avais pas de réponse, mais je hochai simplement la tête. Et pour la première fois depuis des jours, je sentis qu'il y avait peut-être une lueur d'espoir, même au milieu de ce chaos.

Alors que je quittais son appartement, je me rendis compte que son étreinte continuait de brûler sur ma peau, et qu'une partie de moi n'était pas sûre de vouloir que cette sensation disparaisse.

Romeo save me ~ LestappenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant