16.

344 25 7
                                    

PDV Max

Je venais à peine de rentrer dans le hall de l'hôtel, encore porté par les sourires échangés avec Charles plus tôt dans la matinée, quand mon père apparut devant moi, le visage dur. Il me fixait d'un regard glacé, et je savais, avant même qu'il ouvre la bouche, que ça n'allait pas bien se passer.

"Max," cracha-t-il d'une voix rauque, en me prenant brusquement par le bras pour m'entraîner à l'écart. "Qu'est-ce que tu fais, à traîner encore avec lui ? Tu penses que je n'ai pas remarqué ?"

J'essayai de me dégager de sa poigne, mais il serra encore plus fort, ses doigts s'enfonçant douloureusement dans ma peau. Son regard, noir et dur, me transperça.

"Papa, laisse-moi," soufflai-je, tentant de garder mon calme. "Charles est mon ami, et—"

"Ton ami ?!" Il explosa, sa voix éraillée résonnant dans le hall. "Il est ton concurrent ! Est-ce que tu as oublié ce que je t'ai appris ? Ce garçon n'a rien à faire dans ta vie, Max. Rien ! Il te détourne de tes objectifs, il te fait perdre ton temps et ta concentration, et je ne vais pas te laisser ruiner ta carrière pour lui."

Il lâcha mon bras, mais seulement pour pointer un doigt accusateur vers moi, son visage déformé par la colère. "Tu me déçois, Max. Après tout ce que j'ai fait pour toi, tout ce que j'ai sacrifié, c'est comme ça que tu me remercies ? En traînant avec... un faible, un perdant ?"

Ces mots frappèrent plus fort que je ne l'aurais cru. J'avais l'habitude de ses remarques, de sa pression constante, mais aujourd'hui, il avait franchi une limite que je ne pouvais plus supporter.

"Charles n'est pas un perdant," répliquai-je, le ton ferme malgré la boule qui me nouait la gorge. "Il est bien plus que ça, et tu ne sais rien de lui."

Mon père recula d'un pas, son expression oscillant entre choc et fureur. Pendant un instant, j'ai cru qu'il allait lever la main, mais il se contenta de me fusiller du regard.

"Si tu continues à le fréquenter, je te le dis tout de suite, je te retire tout, Max," siffla-t-il. "Tu veux être un pilote, ou tu veux finir comme lui ? Si tu ne te ressaisis pas maintenant, tu peux oublier tout ce que j'ai construit pour toi."

Je restai immobile, figé par la brutalité de ses mots. Tout ce qu'il venait de dire me dégoûtait. Mais malgré la rage qui montait en moi, une part de moi savait qu'il pouvait le faire. Mon père n'avait jamais hésité à me pousser jusqu'à mes limites, et aujourd'hui, il me menaçait de détruire tout ce pour quoi j'avais travaillé.

Je ne répondis rien. Mon silence semblait être la seule réponse acceptable pour lui, car il hocha la tête d'un air approbateur, presque satisfait de me voir céder.

"Ne gâche pas ta vie, Max," ajouta-t-il, d'un ton plus calme, mais tout aussi tranchant. "Concentre-toi sur ta carrière. Ne laisse personne te détourner de ce que tu mérites."

Quand il s'éloigna enfin, je me sentis vidé. La colère, la honte, le sentiment d'impuissance me submergeaient. Je savais que Charles attendrait sûrement un message de ma part, qu'il espérerait peut-être qu'on se voie, comme d'habitude. Mais rien que l'idée de répondre à ses messages me remplissait de culpabilité. Mon père me regardait toujours, de l'autre côté du hall, et je savais que toute tentative de prendre contact avec Charles serait une provocation directe.

Je montai dans ma chambre, mes pas lourds, les poings encore serrés. Mon téléphone vibra dans ma poche, et je savais sans même regarder que c'était Charles. La simple vue de son nom sur l'écran me rappela notre matinée, son sourire, ses rires. Je ressentais une chaleur douce et amère à la fois, quelque chose que je ne pouvais plus ignorer. Mais les mots de mon père résonnaient dans ma tête comme un avertissement implacable.

Finalement, je glissai le téléphone dans ma poche sans répondre. J'évitais son regard, même à travers cet écran, comme si mon silence pouvait effacer cette douleur sourde qui grondait en moi. Une autre vibration interrompit le silence. Un second message de Charles. Mon cœur se serra, mais ma main resta immobile. Lutter contre cette envie de lui répondre était presque insupportable.

Pour essayer d'échapper à cette tourmente, je décidai de passer du temps avec Kelly. Elle avait toujours été là pour me changer les idées, me ramener à une réalité plus simple, loin de la pression constante de la compétition et des conflits familiaux.

Je la rejoignis à son hôtel, et elle m'accueillit avec son sourire habituel. Pendant un moment, je tentai de jouer le jeu, d'être détendu, de me concentrer sur elle. Mais la vérité, c'était que mon esprit restait fixé ailleurs. Chaque sourire échangé, chaque rire forcé ne faisait que masquer l'inquiétude et la culpabilité qui me rongeaient.

La journée se déroula ainsi, dans une étrange torpeur, une fuite vaine de mes émotions. Je savais que je m'éloignais de Charles, non pas parce que je le voulais, mais parce que je n'avais pas le choix. Pourtant, ce n'était qu'une question de temps avant que cette distance imposée ne devienne insupportable.

Le soir venu, alors que je rentrai enfin seul dans ma chambre, je retrouvai mon téléphone, avec les deux messages de Charles, non lus. L'image de lui, attendant une réponse, me poignarda de culpabilité. Mais pour l'instant, je n'étais pas prêt. Pas tant que mon père pouvait tout détruire d'un simple mot.

Je posai le téléphone face contre terre et m'enfonçai dans le silence, mon esprit envahi par l'image de Charles, seule lumière dans cette ombre qui me dévorait peu à peu.

Romeo save me ~ LestappenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant