pdv max
Le jour de course était enfin arrivé, et l'effervescence qui régnait dans le paddock était palpable. Les cris des mécaniciens, le vrombissement des moteurs et l'odeur du carburant emplissaient l'air. Tout le monde était sur le qui-vive, le cœur battant à l'unisson de l'excitation générale. Mais aujourd'hui, il y avait autre chose dans l'atmosphère, une tension sourde qui venait s'ajouter à l'habituelle nervosité. Mon père était là, et cela ne faisait qu'accentuer la pression déjà pesante sur mes épaules.
Depuis ma dernière rencontre avec Charles, où je l'avais raccompagné à sa chambre après sa crise, je ne l'avais pas revu. Le baiser que nous avions partagé, cette explosion soudaine de sentiments que je n'arrivais pas à chasser de mon esprit, était resté en suspens entre nous. L'idée qu'il ait pu choisir de l'oublier ou de le rejeter me tourmentait, mais aujourd'hui, je devais m'enfermer dans une bulle. Il était hors de question de laisser cette confusion intérieure affecter ma performance, surtout avec mon père qui me surveillait comme un rapace, prêt à bondir à la moindre faiblesse.
La course débuta dans un tonnerre mécanique, et je sentis mon corps entrer en résonance avec la piste. Chaque virage, chaque accélération, chaque freinage était une extension de moi-même. L'adrénaline s'insinuait dans mes veines, effaçant temporairement le reste du monde. Je devais gagner, pour prouver à mon père que je méritais sa fierté, pour me prouver à moi-même que je pouvais le faire malgré tout ce chaos personnel.
Charles, de son côté, se battait pour maintenir sa position. Je le voyais dans mes rétroviseurs, déterminé et concentré, mais quelque chose dans sa conduite était différent. Il avait l'air tendu, comme s'il luttait contre une force intérieure. Cela n'échappa pas à mon attention, mais je n'avais pas le loisir de m'attarder là-dessus. La ligne d'arrivée approchait, et je me concentrai sur le dernier tour, laissant l'instinct prendre le dessus.
Je franchis la ligne le premier, une clameur éclatant autour de moi. C'était la victoire, et elle avait un goût amer. J'aperçus Charles passer en troisième position, serrant les poings sur son volant. L'image resta gravée dans mon esprit tandis que je célébrais machinalement, mon père s'approchant déjà pour me féliciter avec un sourire rare et calculé.
"Bien joué, Max," dit-il, sa main ferme tapotant mon épaule. Ses yeux disaient autre chose, une exigence de performance continue. L'amour et la reconnaissance n'étaient jamais gratuits avec lui.
Je hochai la tête sans répondre, l'attention distraite par la silhouette de Charles qui sortait de sa voiture. Je voulais aller le voir, lui parler, savoir s'il allait mieux. Ce n'était pas seulement la course qui me préoccupait, mais tout ce qu'il avait pu ressentir depuis hier.
Quand la cérémonie du podium prit fin, je cherchai Charles dans la foule de journalistes et de mécaniciens. Il était là, parlant avec son équipe, un sourire poli accroché aux lèvres, mais je pouvais lire dans ses yeux qu'il était ailleurs. Lorsque nos regards se croisèrent, une étincelle de tension passa entre nous. Je m'approchai, tentant de trouver les mots justes.
"Charles," dis-je en me plantant devant lui, la voix plus basse que je ne l'aurais voulu. "Ça va ? Par rapport à hier... je veux dire, après ce qui s'est passé..."
Ses yeux se durcirent un instant, puis il hocha la tête, comme si ma question ne l'atteignait même pas. "Oui, ça va. C'était juste un moment de stress, rien de plus."
La froideur dans sa réponse me prit de court. Il parlait de sa crise, mais ignorait complètement ce qui s'était passé entre nous. Je sentis mon estomac se nouer, le poids de l'incertitude m'écrasant un peu plus. Faisait-il semblant ? Avait-il décidé d'effacer ce moment, ou avait-il vraiment réussi à l'enterrer ?
"Je voulais juste être sûr," repris-je, cherchant son regard. "Hier, tout était un peu... intense."
Un léger rire sans joie franchit ses lèvres. "La course est finie, Max. Tu as gagné. C'est ce qui compte, non ?"
Je restai silencieux, notant chaque nuance de son comportement, cette distance calculée qu'il imposait entre nous. C'était comme s'il cherchait à balayer d'un revers tout ce qui aurait pu bouleverser son univers bien rangé. Mais ce faisant, il ne réalisait pas que chaque mot détaché qu'il prononçait me repoussait un peu plus vers le bord du gouffre.
Le reste de la journée se déroula dans une confusion morose. Mon père, satisfait, partit rapidement, laissant derrière lui l'ombre de sa présence, une ombre qui pesait lourdement sur mes épaules. Je le laissai partir sans regret, me concentrant sur ce vide que Charles laissait dans son sillage.
Alors que le soleil se couchait, je me trouvai à repasser dans ma tête notre discussion, les mots tranchants de Charles résonnant comme des échos amers. Si cela ne comptait pas pour lui, pourquoi ce baiser m'avait-il marqué autant ? Je savais que je ne trouverais aucune réponse, pas tant que Charles refuserait de faire face à ce qui s'était passé. Mais malgré tout, une part de moi savait que l'ignorer ne ferait que rendre la chute plus dure.
Les projecteurs de la piste s'éteignaient, mais le tumulte en moi ne faisait que grandir.

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Romeo save me ~ Lestappen
RomanceCharles, le prestigieux pilote de la scuderia Ferrari cache en réalité homme au cœur brisé malgré les apparences depuis la mort de son père et son parrain. Mais que va-t-il se passé quand Max, son plus grand rival, va commencer a s'inquiéter pour...