Amira avait passé la nuit chez ses parents, quand elle est rentrée elle a voulu savoir pourquoi j'étais parti aussi vite la veille. J'avais pas envie d'en parler, mais elle insistait.
« Amira : Pourquoi t'es parti aussi vite hier ?
- J'ai rien à faire là-bas.
Amira : Tu dis n'importe quoi ! C'est ma famille Imran !
- Rien à foutre, je remettrais plus les pieds là-bas.
Amira : Mais dis moi au moins ce qu'il s'est passé ?
- Rien.
Amira : C'est à cause de mon père ? »
Je me suis levé, j'avais pas envie d'en parler. Qu'est-ce-qu'elle espérait ? Que j'insulte son père devant elle ? Que j'laisse sortir toute la haine que j'avais pour lui à ce moment ? Désolé chérie, mais j'ai pas envie d'te faire pleurer.
[...]
Plus les semaines passaient et plus la clientèle était grosse. Les clients venaient d'un peu partout, il y en avait de tous les âges et de toutes les classes sociales. On passait du riche ou du junkie au père de famille. Y avait même des livreurs d'pizzas qui venaient nous acheter du te-chi. Une fois il y a même une grosse voiture qui a déboulé au quartier, un baveux venait chercher sa consommation personnelle. Quand il est venu je lui ai quand même conseillé d'se faire plus discret la prochaine fois. On voyait la France entière. On avait nos habitués, nos clients du soir et ceux de la journée. Ceux qui fumaient le soir pour décompresser et ceux qui fumaient en matinée pour se motiver avant d'aller travailler.
Quelques temps sont passés, j'avais arrêté de travailler. J'allais encore en cours, mais j'pense que ça aussi je vais finir par délaisser. Je traînais trop dehors, je sortais la nuit quand Amira dormait, pour qu'elle ne se doute de rien. Au quartier je me faisais respecter, j'envoyais les petits m'acheter des canettes ou encore des baguettes. On avait réussi à faire notre propre truc, l'argent n'était plus un problème.
J'avais plus besoin de me tuer à la tâche pour ramener de l'oseille à la maison. J'dirais pas non plus que ce que je faisais c'est de l'argent facile, parce qu'on prend des risques, que ce soit par rapport à la concurrence ou par rapport aux keufs. Je dirais plutôt que c'était de l'argent peut-être sale, mais rapide. En quelques semaines j'avais accumulés plus que j'aurais fait en plusieurs mois en taffant au garage.
Le business me prenait plus de temps qu'habituellement. On avait aussi des connards à gérer. En effet, ceux d'en face avaient bien remarqué que leurs clients s'arrachaient chez nous, et d'après ce que la taupe nous avait dit, ils avaient prévus de faire une descente chez nous. Heureusement on avait quelques taupes dans plusieurs réseaux, on a donc pu être informé à temps. On les a doublé dans leur projet et on leur a préparé une petite surprise. Faut pas essayé d'nous couiller, on peut devenir très méchants.
Dans le locale, Nadjib m'a donné un gun.
« Nadjib : Tiens ça c'est au cas où sa dégénère. »
On comptait pas faire de morts, mais fallait bien être prêt si ces bouffons voulaient nous tester.
« Adnane : Ils sont pas prêts ces fils de thon !
Mohsîn : J'sais pas vous, mais moi ça m'plait bien tout ça ! -rires- »
Adnane et moi on est monté ensemble dans une twingo toute pétée, on allait tout de même pas débarquer en gros gamos. Nadjib, Mohsîn et Adama était parti ensemble dans une petite clio. On devait tous se rejoindre dans la cité voisine. Ils étaient choqués quand ils nous ont vu débarquer. On a commencé à se jeter sur eux. On les a bien niqué ces pd.
On a pas eu besoin d'utiliser nos armes, ces tocards se doutaient pas de notre arrivée. On les a bien gonflé à notre plus grande satisfaction. On les a laissé à terre, baignant dans leur sang. Ces haineux nous maudissaient. J'crachais à terre près d'eux avant d'me retourner pour partir. Adnane et moi on allait rejoindre la voiture, jusqu'à ce que j'entende un coup de feu.
Je me retourne puis je vois Adnane, tomber à terre, une marre de sang commence à se créer autour de lui. Ces guignols lui avaient tirés dans l'épaule.
Nadjib et Adama l'ont vite porté jusque dans la voiture. J'avais la haine, Adnane c'était devenu mon sauce, j'étais tout le temps avec lui. Sans réfléchir j'ai sorti mon gun et je lui ai tiré dans les deux jambes à ce fils de pute. Il s'est écroulé à terre et Mohsîn m'a attrapé par le bras avant de me tirer dans la voiture.
On voyait qu'Adnane était tout transpirant. Fallait qu'on l'emmène à l'hosto le plus rapidement possible, le problème c'est qu'ils l'auraient gardés en surveillance et on sait que ces enculés seraient venus finir ce qu'ils avaient commencés.
On réfléchissait à où on pourrait l'emmener, parce qu'on venait de voir qu'on avait une faille dans le système. On avait pas notre médecin personnel.
« Mohsîn : Imran ta femme elle est pas infirmière ?
- Comment tu sais ça toi ?
Mohsîn : T'inquiètes ! Tu penses qu'elle pourrait s'occuper de lui ?
- Elle est encore en études, j'sais pas si elle va pouvoir faire ça. »
C'est vrai que j'étais pas trop emballé, j'voulais pas qu'elle soit mêlée à tout ça. Et si je lui amenais Adnane à la maison je sais qu'elle me poserai trop de questions. Mais tant pis, j'vais pas le laisser canner non plus. C'était devenu mon bras droit, qui aurait cru qu'Imran se serait fait un frère en dehors de celui dont il a le même sang, les même parents ?
« - Nadjib monte avec moi, on va chez moi. »
Pendant qu'il conduisait j'étais derrière avec Adnane. Il commençait à délirer tout seul, il avait perdu beaucoup de sang. Une fois arrivée en bas de mon immeuble, on a épaulé Adnane jusqu'à chez moi. Amira quand elle l'a vu elle est devenue toute pâle.
À ma grande surprise, elle l'a pris en charge sans broncher et nous a envoyé lui acheter des trucs à la pharmacie. On lui a apporté tout le matériel qui lui était nécessaire, j'sais qu'elle n'avait jamais fait ça avant mais elle s'en est bien tirée. Malgré qu'elle soit stressée. Une fois la plaie désinfectée et la balle extraite de son épaule, elle lui avait fait un bandage et lui avait donner de quoi faire atténuer la douleur.
Adnane s'était endormi, j'ai dis à Nadjib qu'il passerait la nuit chez moi histoire d'reprendre un peu. Il me le laisse et repart surement auprès des autres. Je lui ai apporté de quoi le couvrir et je l'ai laissé dormir. Amira était parti prendre une douche. Je suis allé me changer.
J'savais qu'elle allait m'demander des explications. J'avais aucune idée de ce que j'allais lui dire. Lui mentir ou lui dire la vérité ? J'peux pas lui dire la vérité, elle m'prendrait pour un fou et m'en voudrait. Elle pourrait pas comprendre, je le sais. Je préfère lui mentir... J'peux pas faire autrement.
Quand elle fut sorti de la douche, elle entra directement dans la chambre sans même m'accorder un regard. J'pense qu'elle devait être choquée. Je suis parti à la douche à mon tour, la descente m'avait bien fait transpiré. En sortant, j'suis allé dans la chambre pour prendre des vêtements propres, elle dormait. Je les ai pris sans faire trop de bruit et en ressortant aussi vite.
J'ai fini par m'habiller dans la salle de bain. J'entendais des petits gémissements de douleur qui provenait du salon. Ça devait être Adnane, il était sûrement réveillé. J'suis allé le rejoindre mais il dormait toujours, il devait faire de mauvais rêves. Je décide de le laisser un petit moment seul pour aller voir comment ça se passe dans l'appart à Nadjib. J'prends mes clés et j'sors.
J'marche dans la cité qui est seulement éclairée par la lune, les lampadaires n'fonctionnent plus. J'monte, j'ouvre la porte, ouais entre temps Djibna, m'a donné un double. En rentrant j'entends des voix, celles des mecs d'mon équipe. J'entre et je referme la porte doucement. Je m'apprêtais à enlever mes chaussures mais j'ai entendu mon prénom. Donc j'me suis stoppé net, et j'me suis mis à écouter ce qu'ils disaient de moi...
VOUS LISEZ
« J'ai sombré mais tu m'as illuminé »
General FictionImran et son épouse Amira débutent leur vie à deux. La vie de couple n'est pas facile, ils vont traverser de nombreuses épreuves. Ces épreuves vont-elles les rapprocher ou au contraire les séparer ? Entre problèmes financiers et problèmes de couples...