« J'ai sombré mais tu m'as illuminé »

03. Avis de passage à la maison, les huissiers nous ont ruiné...

Loin des lumières de la capitale nous voilà arrivés dans une cité sombre. C'est mal éclairé par ici. J'réveille Amira, j'prends nos valises. Je reviendrais chercher les cartons demain matin, en même temps les déménageurs monteront les meubles. On s'dirige vers notre appartement. Des mecs sont posés en bas de la tour, ils nous voient arrivés. Certains m'font signe de la tête en guise de salut, d'autres m'calculent pas. Et c'est mieux comme ça. J'suis pas venu ici pour me faire des amis. J'ouvre la porte et dépose nos affaires à l'entrée. J'étais déjà venu ici il y a deux jours pour monter le lit de la chambre tout neuf, que je venais d'acheter. Nous étions fatigués de la route et même de notre journée étant donné que nous étions en fin de soirée, alors nous nous sommes directement couché en arrivant.

La lumière du jour me réveille, il n'y a pas encore de rideaux donc ça passe très bien. Il est environ neuf heures, Amira dort toujours. J'me lève, j'vais me doucher et j'enfile des vêtements propres avant de descendre chercher les cartons, et les courses que j'avais laissé dans le coffre.

Point de vue d'Amira

J'me réveille doucement, en remarquant qu'Imran n'est plus à mes côtés. J'me lève, je prends des vêtements dans ma valise et je file à la douche. La salle de bain est plus spacieuse que celle que j'avais avant, et il y a une baignoire et non pas une douche. Un peu plus petite que celle qu'il y a chez mes parents, mais ça va elle est pas mal. J'me lave rapidement et sort de la salle de bain. J'visite un peu notre petit appartement, j'remarque qu'à côté de notre chambre il y en a une deuxième. J'ouvre la porte, la pièce est totalement vide. Il y a aussi des toilettes qui sont séparées de la salle de bain. La cuisine et le salon sont assez spacieux. Bien que ce soit un HLM, dans l'ensemble j'aime plutôt bien. Je commence déjà à réfléchir à la déco.

Ça sonne, j'vais ouvrir. Ça doit être Imran. J'ouvre grand la porte, mais c'est un homme qui se tient face à moi, il porte des cartons dans ses bras, je m'écarte et je le laisse passer quand je vois Imran qui arrive à son tour. Ce devait sûrement être l'un de nos voisins qui lui avait proposé de l'aide. Ils redescendent aussi vite qu'ils sont montés. J'ai commencé à nettoyer les placards avant de placer la vaisselle que j'avais sorti de l'un des cartons. J'avais laissé la porte entre ouverte, du coup, j'avais pas à aller ouvrir à chacun de leurs allers-retours. J'faisais un maximum de rangement en attendant que les meubles nous soient livrer.

Une demi-heure plus tard, les déménageurs commençaient à monter nos meubles jusqu'à l'appart. Je leur indiquait l'endroit où ils devaient les placer. Ils ont fini par s'en aller. Imran avait branché le réfrigérateur et moi j'y plaçais les quelques courses qu'il avait fait.

« Imran : Amira, j'vais chercher des pizzas, j'reviens. »

J'acquiesçais tandis que lui et le voisin s'en allaient. Je continuais un peu mon ménage et le rangement des cartons. J'étais allée dans la chambre afin de ranger nos vêtements, ça m'avait un peu fatigué. J'ai alors décidé de laisser le reste des cartons dans la chambre inoccupée, on les videra plus tard.

J'me rendais compte que je ne savais même pas à quoi ressemblait le quartier, j'voulais sortir mais à ma plus grande surprise je voyais que la nuit était presque tombée. Tant pis, je visiterai plus tard. Je m'ennuyais la télé n'était pas encore branchée, du coup j'suis allée prendre une autre douche. Quand j'suis sortie Imran était rentré avec le voisin, ils étaient en train de manger. J'me suis joint à eux le temps d'attraper quelques morceaux de pizzas et j'suis retournée dans ma chambre.

Retour au point de vue d'Imran

Ça fait déjà quelques jours maintenant qu'on est installé dans ce quartier. J'commence à m'y habituer. J'suis solo à la maison, j'me fais un café. Pendant que je le bois mon téléphone sonne. J'me demande qui ça peut être. J'vais le chercher dans la poche de ma veste. Le temps que j'arrive, la sonnerie avait déjà cessé. C'est un appel manqué de mon frère.

C'est vrai que ça fait quelques temps déjà que j'essaye d'éviter ma famille. Ma mère doit me maudire à l'heure qu'il est. Qu'est-ce-qu'elle doit penser de moi, sérieux ? Un fils qui oublie celle qui l'a porté neuf mois à cause d'une femme ? Mais non pas du tout... Aucun rapport. Si je les évite c'est parce que j'ai honte. Ouais, j'ai honte. J'ai honte d'me retrouver dans cette situation, j'vous jure que je l'ai pas vu venir. J'sais pas par quel moyen j'en suis arrivé là. J'veux pas leur faire pitié. Alors pour ne pas avoir à mentir, je les évite... J'sais que c'est pas la meilleure solution. J'leur fait du mal à cause de ma putain de fierté ! Et ça Amira ne cesse pas de me le dire.

Et puis merde, j'me suis mis dans ce bourbier tout seul donc ils ont pas à subir ça. Dès demain j'irais les voir, s'ils me posent trop de questions je mentirais, pour le moment c'est la seule solution.

[...]

Me voilà arrivé devant la porte de chez moi, enfin de mon ancien chez moi. J'respire un bon coup et je sonne. C'est mon frère qui m'ouvre. J'entre, et il referme derrière moi. Je vois qu'il me lance un sale regard. Il m'en veut, j'le savais. Sans même m'adresser un mot, il se rend dans sa chambre. J'enlève mes chaussures et je vais dans la cuisine, ma mère n'y est pas. Elle doit sûrement être endormie encore. C'est vrai qu'il est tôt, il est huit heure du matin. J'suis venu tôt parce que je pouvais plus attendre.

Je me rend dans ce qui était ma chambre lorsque je vivais encore ici, avant mon mariage. J'pousse la porte, ma chambre est restée telle qu'elle était, ce qui m'a fait sourire. J'me suis assis sur mon lit, j'me sentais bien, chez moi. Quelques souvenirs refaisaient surface, et dire que ça fait quelques mois que j'suis marié. Le temps passent à une vitesse éclaire, et moi je m'en veux de ne pas avoir été assez présent pour ma mère ces derniers temps.

J'étais en pleine réflexion lorsque la porte s'ouvrit. C'était Souhayl. Il vint s'asseoir près de moi. Le regard un peu plus adouci.

« Souhayl : Imran t'as merdé mon frère. Qu'est-ce-qu'il t'arrive ? Pourquoi tu t'éloignes de nous comme ça ?

- J'sais... Rien frère, c'est juste qu'entre les cours, le taf et ma femme je m'en sors plus. J'ai trop de truc à gérer ces temps-ci.

Souhayl : Hmm... Si t'as une galère tu peux compter sur moi, tu le sais ça hein ? »

J'ai baissé la tête, honteux.

« - T'inquiètes pas pour moi ça va. »

Il n'a pas répondu et s'est levé avant de quitter la pièce. J'ai fais de même.

Alors que ma mère était encore au lit, j'ai décidé de lui préparer son petit déjeuner, comme autrefois, quand j'étais petit. J'espère que ça lui fera plaisir. J'suis sorti en vitesse en prenant soin de prendre les clés de l'appartement accrochées au porte clé. Je me suis rendu à la boulangerie du coin, j'ai pris des viennoiseries et je suis retourné chez ma mère.

J'ai de nouveau enlevé mes chaussures avant de me rendre dans la cuisine. J'ai préparé du café, fait chauffer du lait, et j'ai posé un verre de jus d'orange sur un plateau. J'ai mis quelques viennoiseries dans une assiette et je l'ai posé sur le plateau avec son café au lait. C'est ce qu'elle a toujours aimé boire le matin, j'espère que ça n'a pas changé depuis.

Je prends le plateau dans mes mains, en prenant soin de ne rien faire tomber. Je m'avance vers la porte de sa chambre et je toque comme je le faisais avant. Parce que oui, j'avais une façon spéciale de toquer lorsque je lui apportais son petit-déjeuner au lit. C'était un code entre nous.