On est allé s'asseoir dans le salon pendant que Yemma nous préparait du thé. C'est un amour ma mère, quand je pense que j'vais pas la voir assez souvent j'ai envie de m'foutre des baffes dans la gueule. Heureusement que Souhayl il passe tout le temps la voir.
« Souhayl : Et Amira elle va bien ? On la voit pas trop.
- Ouais ça va. Safia on la voit pas trop non plus.
Souhayl : Si elle vient ici des fois avec moi, c'est juste que toi tu viens pas souvent. »
J'avais raison, il m'en veut. Va falloir que je me rattrape j'ai merdé de tout les côtés faut croire. J'ai pas eu le temps de répondre, bien que j'avais rien à dire parce qu'il avait raison, puis il a reprit la parole.
« Souhayl : Tu sais quoi ? Passes demain avec ta femme, prends Yemma avec toi et venez manger à la maison.
- Heu... Ouais pourquoi pas ?
Souhayl : Saha. »
Notre mère nous avait rejoint, on a tous passé un bon petit moment ensemble, comme à l'ancienne. Ça nous a fait plaisir, mais j'crois bien que celle à qui ça a fait le plus plaisir c'est Yemma. Rien que de la voir heureuse ça m'rends heureux et si j'peux la rendre heureuse je le ferais sans hésiter. Son sourire vaut des millions.
On était en train d'se remémorer quelques souvenirs quand mon téléphone s'est mis à sonner. J'y ai pas prêté attention, mais la personne insistait et ça commençait à m'saouler. J'ignorais les appels, j'voulais pas gâcher ce moment.
« Yemma : Hmar*, ton téléphone n'arrête pas de sonner, décroche !
- Non, c'est pas important.
Yemma : C'est peut-être Amira, aller nodh* ! »
Je me lève et je vais prendre mon téléphone. Je réponds sans même regarder qui m'appelle.
« - Allô ?
Nadjib : Frère, c'est la merde là faut que tu viennes.
- Putain... Bon j'arrive. »
Je raccroche sans chercher à comprendre, j'verrais bien sur place de quoi il s'agit. J'ai eu l'intuition que quelque chose allait venir gâcher mon petit moment en famille, et faut croire que je ne me suis pas tromper. J'ai du inventer une petite disquette, j'ai vu que mon frère avait froncé les sourcils. Il a l'air de s'douter de quelque chose... Mais non j'me fais des films. J'embrasse le front de ma mère et je m'en vais.
J'arrive chez Nadjib, il me dit d'le suivre. On bouge à la villa, à priori y a rien de grave. Mais une fois qu'on est rentré j'ai vu que c'était le bordel. Ils avaient tout retourné ces enfoirés ! J'regarde autour de moi j'suis blasé. C'est qui qu'a fait sa merde là ?
« - Il était pas la Mourad ?
Nadjib : Faut croire que non ! J'arrête pas de l'appeler il répond pas !
- Ils sont où les autres ?
Nadjib : Adnane il est parti chercher Mourad il a envie d'le dbeh* et Adama et Mohsîn ils sont partis ce matin régler un truc à Marseille.
- D'accord, et ils ont rien prit ?
Nadjib : Rien du tout, tout est fermé à clé. »
Je regarde autour de moi, et j'aperçois une feuille pliée au sol près de la table basse qui est renversée. J'vais la ramasser, Nadjib se joint à moi et on la déplie.
Rendez-vous aux Peupliers.
Quoi c'est tout ? Ils s'foutent de nos gueules là ? Ils auraient pas pu mettre plus d'informations ces enfoirés ! Nadjib appelle Adnane et moi j'vais chercher des guns en bas. On prends une seule voiture et on bouge à l'adresse donnée. J'ai envie de les gata3* ces chiens d'la casse. Mourad c'est un tipeu du quartier, de base il devait juste surveiller la villa et voilà qu'il est mêlé à une histoire qui le regarde pas. J'ai l'mort. On roule tous dans le silence, ce petit il a rien demandé wAllah. J'espère qu'ils l'ont pas touché sinon sur ma vie j'm'occupe d'eux personnellement.
Une fois sur place j'sens la douille arrivée, y a personne. C'est désert. Les bâtards ils nous ont pigeonné ! Ils ont sûrement fait ça pour gagner du temps... J'sais pas ce qu'ils ont derrière la tête, mais ça sent pas bon. J'suis zehef* là. Le pire dans tout ça c'est qu'on a aucune idée de qui aurait pu faire ça.
Peut-être que c'est Anas ? Putain si c'est lui c'est qu'il a vraiment rien compris à la vie. On remonte dans la voiture, tout le monde est tendu. On pense à ce petit gamin et franchement ça rend paro. J'veux pas avoir sa mort sur le dos.
Je rentre en furie dans la cave où j'avais trouvé Anas la première fois. Il est accompagné de deux, trois mecs. Ils se retournent tous.
« Anas : Alors comme ça j'ai de la visite. Sympa.
- Ferme ta putain d'gueule j'ai pas le temps pour rigoler là.
Adnane : Il est où le tipeu ?
Anas : Vous m'dites quoi là ?
Nadjib : Tu vas nous faire croire que t'y es pour rien ? »
Il avait vraiment l'air de rien comprendre ce con.
« - C'est pas lui, venez on bouge on perd du temps. »
À peine arrivés, on était déjà repartis. On voulait pas lâcher l'affaire même si sur le coup on avait pas assez d'infos. On est repartis à la villa, j'cherchais le petit indice qui allait nous éclairer mais y avait rien ! On a appelé une femme de ménage pour qu'elle vienne ranger un peu. Adnane était allé faire un tour depuis une bonne quinzaine de minutes déjà. J'sais pas ce qu'il foutait et ça m'énervait parce que c'était pas le moment d'aller se balader.
Mourad ce minot c'est un bon. Il a beau n'avoir que 18 ans, il cherchait à faire de l'argent pour enlever un poids à ses rentpa. Il était venu à moi pour me dire qu'il voulait enlever un poids à son père, qui était en arrêt maladie. Il avait eu une fracture du dos suite à un accident de travail. Il était déterminé pour vendre, mais j'voulais pas qu'il se salisse alors je lui ai demandé de surveiller la villa en quelques sortes. J'suis un homme, j'ai un cœur et j'ai moi même vécu dans la misère alors comment je pourrais laisser quelqu'un d'autre en hess* ? Putain... C'est de ma faute, j'aurais pas du le laisser seul ici. Mais j'aurais jamais cru que quelqu'un puisse venir jusqu'ici et foutre le zbeul*.
Avec Nadjib on faisait parler quelques contacts mais personne n'avait rien entendu, du coup c'était la merde. On avait Mourad à retrouver et absolument aucune information à son sujet. Mais j'allais pas lâcher l'affaire, j'allais le retrouver ! Nadjib était à côté d'moi, il pétait des câbles. Il tapait dans tout ce qu'il trouvait. Je l'ai quand même calmé parce que la pauvre dame faisait le ménage et lui il remettait du désordre. Il a prit sur lui parce qu'il s'est rendu compte que ça s'faisait pas.
J'étais en train de réfléchir au but de la visite à l'improviste des petits cons qui s'croyaient tout permis, mais en sah j'trouvais pas. C'était peut-être quelqu'un qui souhaitait se venger ? J'avais un vrai del-bor dans ma tête, j'éliminais tout ce qui m'semblait pas commode. Ce que je comprenais pas c'est pourquoi ils n'avaient rien pris ? Ils vont pas nous faire croire qu'ce sont les portes fermées à clés qui les ont effrayé ? On est pas cons, même s'ils ont rien pris cette fois, on met pas tout ce qu'on a au même endroit... Le matos est caché un peu partout en France... Bientôt ce sera même hors des frontières. J'étais en train de hbel tellement que je réfléchissais jusqu'à ce que la dame de ménage vienne à moi pour me dire qu'elle avait finit, je l'ai payé et je lui ai refilé un pourboire plutôt généreux. Elle m'a remercié et elle est sortie. Pendant ce temps Nadjib avait téléphoné à Mohsîn et Adama.
Au même moment on a eu le droit à l'apparition d'Adnane. Il est sorti seul, mais il est revenu accompagné. J'distinguais pas trop la personne vu qu'elle se cachait un peu derrière lui. Je commençais à perdre patience donc je me suis levé et j'ai avancé vers eux.
« Adnane : On a une mauvaise nouvelle les mecs... »
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Hmar* : âne
nodh* : lèves-toi
dbeh* : égorgé
gata3* : trancher/couper
zehef* : énervé
hess* : misère/galère
zbeul* : bordel_____________________
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« J'ai sombré mais tu m'as illuminé »
General FictionImran et son épouse Amira débutent leur vie à deux. La vie de couple n'est pas facile, ils vont traverser de nombreuses épreuves. Ces épreuves vont-elles les rapprocher ou au contraire les séparer ? Entre problèmes financiers et problèmes de couples...