Épisode 4 - 19 Nosferatu

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Taylor revient à elle, la tête légère. Les derniers événements lui reviennent très vite à l'esprit : le rendez-vous derrière le parking, l'attaque d'un vampire dans le noir, la morsure... Elle porte la main à sa gorge douloureuse, ce qui lui prouve qu'elle n'a ni rêvé, ni halluciné. Elle peut s'estimer heureuse de toujours respirer...

Elle se redresse, n'y voyant pas grand-chose dans la pénombre environnante. Son dos lui fait mal, ce qui ne l'étonne pas quand elle touche le sol dur. Du béton. Où peut-elle bien se trouver ?

La jeune femme se lève et, ce faisant, réalise que son poignet est entravé par une chaîne qui a l'air fixée à un mur. Elle retient la panique qui monte aussitôt en elle et respire profondément. Il fait humide et une odeur âcre emplit les lieux. Se trouverait-elle dans une cave ?

Ses yeux s'habituent lentement à l'obscurité et elle repère un filet de lumière, qui semble provenir d'une porte, un peu plus haut qu'elle. Cela confirme l'impression d'un sous-sol. Celui du vampire ? Cela lui rappelle étrangement une scène dans le premier Jurassic Park, quand une chèvre se trouvait attachée au milieu d'une cage, avant que le prédateur ne jaillisse et ne la dévore. Elle n'a pas le rôle du prédateur...

Mais non. Si elle devait mourir, à quoi bon la garder ici ? Elle cherche son téléphone portable dans ses poches, avant de se souvenir qu'elle l'avait sorti juste avant son agression et qu'il est sûrement tombé à ce moment. Il doit encore se trouver là-bas. Voilà bien sa veine... Bien sûr, elle n'a rien d'autre qui pourrait lui donner de la lumière.

Problème suivant : elle ne peut pas faire grand-chose tant qu'elle est attachée. Elle teste alors la menotte qui la retient : celle-ci est épaisse, en métal et ressemble davantage à ce qu'on pourrait trouver dans un donjon médiéval que de libertins. Son poignet a beau être fin, elle ne voit pas comment se libérer de l'entrave sans se faire vraiment mal et elle n'est pas sûre d'avoir le courage d'aller jusque-là se casser le pouce.

Taylor préfère suivre la chaîne, mesurant dans les deux mètres de longueur. Elle est enroulée en hauteur aux barreau d'une petite fenêtre de cave, calfeutrée par des planches en bois. Ce n'est pas par-là qu'elle pourra s'en sortir, mais avec un peu de chance, elle pourra faire entrer un peu de lumière. Sur la pointe des pieds, elle essaye donc de tirer sur les volets improvisés, ce qui lui rappelle aussitôt sa blessure gagnée en escaladant la grille. Elle retient un cri de douleur, mais sent des larmes lui venir. Visiblement, son kidnappeur n'a pas pensé à désinfecter la plaie.

Mieux se concentrer sur la tâche à accomplir pour le moment. Elle est de toute façon presque sûre que ses vaccins sont à jour. Et puis, personne n'est jamais mort d'une infection, n'est-ce pas ? Elle met ses mains dans les manches longues de son sweatshirt et recommence l'exercice, le plus discrètement possible. Elle se rend compte que les planches ont été fixées à la va vite et pas par un professionnel : Andrea aurait fait du meilleur boulot, c'est pour dire. Elle doit tout de même insister un moment, mais parvient à en tirer une à moitié, ce qui laisse une faible lumière pénétrer dans la pièce.

Ce n'est pas beaucoup, mais suffisant pour elle discerne mieux les lieux : la sorcière se trouve bien dans une cave, comme elle l'imaginait. Un escalier mène vers la porte en bois d'où provenait le filet de lumière et qui donne certainement sur l'intérieur d'une maison. Une porte-tempête ouvre le plafond, en face d'elle. La cave est encombrée d'outils, qui ne sont hélas pas à portée de la main, et de quelques étagères pleines de boîtes de conserve, de cannettes de soda et de pots de confiture. Au moins elle ne mourra pas de faim... Mise à part cela, elle remarque surtout un bureau improvisé, sur lequel traînent documents et livres, et, enfin, un cercueil.

La jeune femme reste bloquée un moment quand elle se rend compte de ce qu'elle vient de voir. Oui, il y a bien un épais cercueil, clôt, certainement en bois verni, posé contre le mur le plus éloigné de l'entrée. Elle déglutit, plus inquiète maintenant que quand elle n'y voyait rien. Le vampire se trouve à quelques mètres à peine... Elle en est sûre. Elle s'assoit, les jambes soudainement en coton, la perte de sang de la veille ne l'aidant pas à contrôler ses émotions. Elle prend une profonde inspiration, puis une seconde, pour calmer des nerfs sur le point de flancher.

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