Épisode 5 - 31 Impuissantes

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Quand elles entendent les coups de feu à travers les écouteurs, les deux sœurs se figent, n'osant imaginer le pire. Taylor déglutit. Elle échange un regard avec sa cadette, qui aussitôt lui murmure :

— Ce n'est peut-être pas sur elle qu'ils ont tiré.

La barmaid n'a qu'une envie, sortir de son corps et aller aider sa cousine, mais elle sait pertinemment que cela ne serait d'aucune utilité dans son état actuel. C'est à peine si elle parvient à garder les yeux ouverts.

— J'entends quelque chose, dit Faith. Ils parlent.

Taylor augmente le volume du téléphone :

— Cible neutralisée, dit un homme. Agent 3 au sol.

Une petite pause, suivi d'un bruissement douloureux à l'oreille.

— Elle correspond bien à la description. Elle a un pouls. Portait du kevlar.

La communication s'arrête à ce moment-là. Ils ont sans doute trouvé le téléphone portable et mis fin à la communication. Au moins elle va bien, au grand soulagement de la sorcière. Répit de courte durée, car bien vite elle réalise que si Andrea ne revient pas avec son corps, c'en sera finit d'elle avant que le matin.

— Qu'est-ce que l'on peut faire ? demande sa cadette, toujours à voix basse.

Elles sont toujours allongées sur les sièges arrière, pour éviter que celui ou ceux qui sont restés près du véhicule ne les repèrent.

— Je ne sais pas, sis'. On pourrait prévenir son père, mais je ne connais pas son numéro. Sinon la police : on peut leur dire qu'il y a un van louche devant l'immeuble.

— Okay. Je les appelle.

Faith compose le 911 et explique la situation en quelques mots. Taylor ose jeter un regard à l'extérieur : le véhicule est toujours là. Personne à l'extérieur, il ne reste probablement que le chauffeur.

Alors que sa cadette donne l'adresse, la barmaid aperçoit une moto, au bout de la rue, qui se dirige vers elles. Elle croit reconnaître le deux-roues.

La motarde, car il s'agit bien d'une motarde, se gare juste à côté du van. Est-ce qu'il s'agit de Sienna ? Qu'est-ce qu'elle ficherait ici ?

Mais c'est bien elle : la garçonne enlève et range son casque, avant de se diriger vers l'entrée du bâtiment qui a tour à tour avalé Andrea et un groupe de malades armés. Faith, qui vient de raccrocher, la voit également. Tout comme l'homme du van, qui sort. Il n'est pas habillé en combinaison de commando lui. Chauffeur, donc, même si ça ne veut pas dire qu'il est moins dangereux.

Cette fois, tant pis : Taylor ouvre la portière, sous le regard horrifié de sa cadette, puis elle traverse la rue, l'équilibre précaire. L'homme, qui arrivait dans le dos de sa petite amie, s'arrête net quand il la voit approcher, les mains dans les poches d'un blouson en cuir. La barmaid ignore ce qu'il s'apprêtait à faire, mais cela n'augurait rien de bon.

Sienna se retourne aussi, mais, évidemment, elle ne reconnaît par Taylor, sous les traits de cette inconnue.

Une boule monte dans la gorge de la barmaid : celle qu'elle aime se trouve là, debout, en pleine santé, devant elle. Elle ne git plus dans une chambre d'hôpital aseptisée. Elle va bien. S'agit-il de l'œuvre d'Annabelle, ou juste d'une rémission miraculeuse ?

Elle a envie de lui sauter dans les bras.

Sa petite amie doit sentir quelque chose, car elle demande :

— Je peux vous aider ?

Le chauffeur regarde autour de lui. Il hésite. Agresser une femme dans le dos, c'est faisable avec discrétion. Deux, de front, c'est tout de suite plus compliqué.

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