Épisode 4 - 7 Rigor Mortis

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Lionel se trouve encore au manoir. Il serait plus logique pour lui de retourner à l'hôtel, où au moins il pourrait écouter la TV, à défaut de la voir. Mais quelque part, il se trouve mieux chez lui, même si l'endroit est toujours en plein travaux.

Son infante n'est pas là. Elle l'a abandonné pour aller à la fac, à la suggestion du vampire qui regrette déjà sa présence. Bien sûr jamais il ne lui avouera, mais sans elle il ne sait pas où il en serait. Il ne croit plus à la providence Divine, mais malgré tout, il ne peut s'empêcher de penser qu'il a transformée Kathy au bon moment, surtout quand on sait qu'il s'agit de sa première infante. Il l'a sauvée de la mort et elle le lui rend bien.

Leur relation n'a pourtant rien de romantique. Il ne ressent pas ce genre d'attirance pour Kathy, bien que leur lien demeure puissant.

Il somnole simplement dans sa chambre, allongé sur un lit aux draps propres. Dans cet état de torpeur, entre le sommeil et la mort, il ne perçoit pas clairement ce qui se passe autour de lui. C'est la raison pour laquelle les vampires de l'ancien temps séjournaient dans des cryptes et des caves, là où ils se trouvaient en sécurité et pouvaient passer pour morts.

Mais au 21e siècle, cela n'a plus beaucoup d'intérêt. Dormir la journée passe même pour normal, quand on est riche comme lui et qu'on vit la nuit. Seul le rigor mortis reste un problème, mais uniquement quand des gens viennent vérifier que le vampire dort bien, ce qui n'arrive heureusement pas souvent.

Tout à coup, un cri retentit et son instinct le fait surgir de sa torpeur diurne. Le parfum du sang qui pulse dans des veines humaines lui parvient.

Son corps s'anime, tandis qu'il tente d'ouvrir les yeux. La réalité qu'il est aveugle revient cependant bien vite et sa perception de son environnement se limite à ses autres sens. À chaque réveil il espère qu'il en sera autrement.

— Qui est là ? demande-t-il d'une voix rauque.

La créature qui s'est approchée se trouve encore à proximité, le cœur palpitant.

— Tu m'as foutu la frousse, entendit-il Liz dire.

Quand il réalise qu'il s'agit de la jeune fille, il fait un effort pour calmer sa Soif et ne pas lui bondir dessus. Il s'assoit sur le bord du lit tout en cherchant à tâtons ses lunettes de soleil. Hélas il les fait glisser et celles-ci tombent sur le parquet.

— Attends, dit-elle en allant les lui chercher.

Il l'entend les essuyer, avant qu'elle ne les lui mette en mains. Il les enfile et se sent aussitôt mieux, comme si ne pas les avoir sur le nez le rendait vulnérable, nu. La sensation est odieuse.

— Tu ne respirais plus, j'ai cru que tu étais mort.

— Je fais de l'apnée du sommeil, ment-il.

— Pas du tout. Mon père en fait et ça ne ressemble pas du tout à ça. Je t'ai touché, tu étais froid et raide. Je pensais que tu avais pris des médicaments ou je ne sais quoi.

— Non, je n'ai pas tenté de me suicider.

— Alors que s'est-il passé ?

Il enfile ses chaussures sans trop de difficulté, mais il ne lui répond pas. Il se lève ensuite et se dirige lentement vers la porte, les mains devant lui. Elle attrape son bras gauche, puis l'aide à sortir.

— Qu'est-ce que tu fais ici Liz ?

— Je voulais voir comment tu allais. Et accessoirement sortir de chez moi.

— Tu vas jamais en cours ? Tu as quel âge ?

— Il est 14h, j'ai fini pour aujourd'hui. Et je te dirai mon âge si tu me donnes le tien.

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