Épisode 2 - 19 La Sorcière et la Vampire

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Les deux femmes ont finalement trouvé refuge dans ce qui semble être une ancienne cave, qui a survécu à l'activité sismique de la ville. Il faudra certainement du temps à la créature pour les retrouver là, si tant est qu'elle en soit capable. Par contre, blessées et perdues sous terre, dans le noir, le monstre n'a plus grand-chose à faire pour les menacer. À ce rythme, leurs vies sont déjà bien en danger.

Taylor est assise sur le sol, le dos contre un mur de briques, transie de froid. Annabelle ne doit pas être loin, mais elle ne parvient pas à la discerner, dans l'obscurité totale. C'est déjà un miracle qu'elles aient trouvé un abri, sans rien voir.

— Comment va votre blessure ? demande la barmaid.

— Mal, si je suis honnête. Taylor je voulais vous dire...

Elle s'interrompt en pleine phrase. La sorcière dresse l'oreille, soudainement inquiète, mais elle n'entend rien. Le silence est écrasant.

Son interlocutrice reprend :

— Nous sommes dans une impasse. Je ne pense pas que nous puissions toutes deux survivre.

— Comment ça ? Pourquoi pas ?

— Croyez-vous aux vampires, Taylor ?

La sorcière devrait être surprise par la question, mais ce soir il devient de plus en plus difficile de l'étonner. Elle hausse les épaules, ce qui ne sert pas beaucoup quand on communique dans le noir :

— J'imagine que oui.

Après tout, elle peut sortir de son corps et prendre possession des gens. Comment douter que d'autres créatures existent ?

— Ah oui ? répond Annabelle. Vous me surprenez, vraiment. Eh bien, je suis moi-même une vampire. Au sens littéral du terme, j'entends. C'est la seule raison qui fait que j'ai survécu à cette attaque, même si votre intervention a été essentielle.

Elle laisse un peu de temps à Taylor, sans doute pour qu'elle comprenne vraiment les implications de ce qu'elle vient de dire.

— Ok, répond la sorcière. Donc vous êtes du genre à boire du sang pour vivre éternellement ?

— C'est un bon résumé.

— Donc, quand vous disiez que l'une seule d'entre nous allait survivre, vous parliez plutôt de vous, immortalité aidant ?

— C'est plus compliqué. Ma blessure me fait de plus en plus de mal et pour guérir, il va me falloir du sang. Pour l'instant je me contrôle, mais je ne sais pas combien de temps cela durera. D'un autre côté, vous êtes blessée aussi et mon sang pourrait vous sauver. De fait, c'est plutôt une question de choix que de fatalité.

— Je vois...

La situation semble tirée par les cheveux. Dans tous les cas, pour un monstre cannibale suceur de sang, Annabelle a l'air plutôt sympathique. C'est quand même bien sa chance d'être tombée sur une vampire, car personne d'autre n'aurait pu repousser le monstre et lui sauver la vie.

La barmaid réalise alors la stupidité de ses pensées : non, ce n'est pas par chance qu'elle s'est retrouvée avec un vampire.

— Ô mon Dieu ! s'exclame-t-elle. Lorsque vous êtes venue me parler, dans un parking souterrain... C'était pour... Vous alliez me... Ô mon Dieu, vous alliez me tuer, n'est-ce pas ?

Annabelle ne répond pas.

— Vous alliez me tuer ! Ô mon Dieu... Et personne n'aurait su. J'aurais jamais revu ma petite Faith. Elle n'aurait même pas su... Personne ne lui aurait dit... Je l'ai abandonnée à son sort, comment elle aurait fait ? Et Sienna ? Je lui aurais jamais dit ce que je pensais. J'aurais jamais fait mon coming-out. Qu'est-ce que j'aurais fait de ma vie ? Une chanteuse inconnue, agressée dans un parking minable, oubliée de...

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