Épisode 5 - 5 Taxidermie

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/!\ avertissement : teneur horrifique /!\

Taylor émerge de l'inconscience, ce qui devient une dangereuse habitude depuis quelques temps, dans un lieu sombre et humide, éclairée par la lumière de quelques bougies. Elle git sur le dos, vraisemblablement sur une table, les poignets et les chevilles solidement maintenus par des anneaux de fer rouillé. Son cou, quant à lui, est entravé par une lanière de cuir serrée qui l'empêche partiellement de tourner la tête. L'odeur de la sueur lui parvient et elle réalise qu'il s'agit des effluves de son propre corps. En effet, elle ne porte plus que ses sous-vêtements et son débardeur, qu'elle n'a pas pu changer depuis son enlèvement.

Au moins elle est encore en vie, même si la situation ne la rassure pas le moins du monde. Son attention se porte sur son environnement :

Le plafond est vouté, en pierre, recouvert de multiples symboles ésotériques, tracés en rouge, qui la font se sentir mal à l'aise, à l'image des murs – ou plutôt des étagères – qui abritent des bocaux de taille diverses, dans lesquelles se trouvent des amas de chairs plus ou moins identifiables : dans certains sont conservés des embryons, difformes et monstrueux, alors que dans d'autres ce sont des organes qui baignent dans le formol. La sorcière identifie des cœurs, des doigts, des yeux ou encore un pénis, mais elle ne peut que deviner des foies ou des poumons dans d'autres.

Elle remarque aussi, à l'extrémité de son champ de vision, une sorte de chevalet, sur laquelle une peau fine, presque translucide, est tendue. Cela lui rappelle des outils de tanneur. La peau arbore un tatouage, une rose avec des sinogrammes. Il ne peut s'agir que de cuir humain. Le dégoût lui nimbe âcrement la bouche.

La prisonnière se projette astralement, autant par réflexe que par volonté de quitter sa position effrayante. Et puis, elle compte sur ses talents de possession pour trouver une solution, soit en utilisant le corps du marchand, soit en empruntant celui d'un illustre inconnu à l'extérieur des lieux, de préférence costaud. L'endroit où elle se trouve lui apparaît plus clairement, une fois libérée des contraintes, tout comme les multiples instruments chirurgicaux – ou de boucherie – tels que scie médicale, scalpels, pinces, ciseaux ou écarteurs, qui semblent déjà avoir servi, à en croire l'aspect rougi et vieilli du métal. Cela ne semble pas hygiénique. Le reste des vêtements qu'elle portait plus tôt ne se trouve hélas pas ici.

Se forçant à oublier l'horreur de la situation, elle se déplace par la pensée jusqu'à la porte unique, avant de passer à travers celle-ci. Elle se retrouve dans une pièce semblable, au centre de laquelle se trouve une autre table et des outils similaires. Une jeune femme, aux cheveux blonds, y repose. Elle reconnaît son propre corps et comprend qu'elle n'a en réalité pas quitté la pièce où elle gît.

Elle tente à nouveau de franchir la porte, mais revient dans sa prison, comme s'il lui était impossible de la quitter. L'incompréhension cède peu à peu la place à la panique, quand elle comprend ce que cela signifie : elle est bloquée ici et aller chercher de l'aide est impossible. Elle tente malgré tout de passer par le plafond, les murs et le sol, mais sans plus d'effet : elle est incapable de sortir de cet endroit. S'agit-il des glyphes, tracées çà et là, qui l'empêchent de sortir ? Après tout, la boutique était interdite au vampire, alors pourquoi pas aux esprits ?

Un hurlement de douleur retentit, non loin. Un homme, elle en est sûre. Cela pourrait-il être le marchand des horreurs, que le vampire aurait tué, une fois le rituel dont ils parlaient plus tôt accompli ? A-t-il fait semblant d'offrir Taylor comme monnaie d'échange, pour obtenir ce qu'il voulait ? Dans ce cas, compte-t-il la libérer ?

Non, ça doit plutôt être lui qui hurle alors qu'on lui arrache le cœur dans le but de le rendre encore plus immortel. Ou un autre prisonnier, qui sait ? Elle ne peut hélas pas aller voir de ses propres yeux ce qui se passe. Mais, si elle ne peut sortir grâce à ses pouvoirs, cela ne doit pas vouloir dire qu'elle ne peut rien tenter. Son esprit se rapproche de son corps, mais alors qu'elle s'apprête à y rentrer à nouveau, un murmure lui parvient, fantomatique et distinct à la fois :

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