Épisode 5 - 28 La Reine des Blattes

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Andrea traverse la rue. Elle se sent encombrée par la couche de protections, mais si la dame dans la voiture est bien sa cousine et n'est pas juste atteinte d'un délire schizophrène, alors mieux vaut pouvoir résister quelques instants aux flammes.

Une fois au niveau de l'entrée de l'immeuble indiqué par Taylor, elle regarde rapidement l'interphone, qui indique plusieurs noms. Vraisemblablement une copropriété : cela ne l'étonne pas vu la taille du bâtiment, qui abrite déjà deux boutiques au rez-de-chaussée.

Elle relève la visière de son casque et appuie sur un bouton. Vu l'heure, il faut plusieurs pressions pour qu'enfin une voix réponde :

— Quoi ?

— Monsieur Miller ? dit-elle.

— Vous avez vu l'heure ? Si c'est une blague...

— Je suis de la police, monsieur. On nous a signalé un cambriolage dans le quartier. Vous avez entendu quelque chose ?

— Un cambriolage ? Non, j'ai rien entendu...

— Vérifiez que vos fenêtres sont bien fermées et que votre porte est verrouillée.

— Très bien... Oui.

— Est-ce que vous pouvez ouvrir la porte d'en-bas, que je fasse une ronde après avoir prévenu vos voisins.

Un moment d'hésitation, tout à fait justifié : les gens font attention à qui ils laissent entrer. Elle renchérit :

— Vous n'êtes pas obligé d'ouvrir, si ça vous ennuie. Si vous me dîtes que tout est en ordre, je vous fais confiance.

Donner de la responsabilité aux gens : la meilleure manière pour qu'ils s'en déchargent aussi vite que faire se peut.

— Non, non bien sûr. Je vous ouvre.

La porte se déverrouille et elle entre à l'intérieur, refermant soigneusement derrière elle. Par chance Monsieur Miller n'a pas jugé bon de descendre vérifier que c'était bien la police. Elle a son badge, bien-sûr, mais ce soir elle ressemble plus à un assassin qu'à un agent des forces de l'ordre.

Elle s'avance, et se retrouve dans une petite allée couverte, bordée de poubelles. Au bout, une cour intérieure, qui abrite un petit jardin et derrière laquelle elle entrevoit d'autres bâtiments. Elle s'avance en silence, cherchant où peut se trouver le fameux magasin ésotérique dont a parlé Faith. Il n'est pas sûr que le corps de Taylor soit là, mais il faut bien commencer quelque part.

Le corps de Taylor...

Dans quoi s'est-elle embarquée ? L'idée que tout ceci est absurde ne la quitte pas un instant, mais ces questions pourront attendre plus tard. Pour le moment, elle doit rester concentrée sur sa tâche.

Il fait sombre, mais elle préfère ne pas encore allumer sa lampe torche. Malgré tout, elle discerne un petit panneau, qui indique la boutique, au fond de la cour justement. Pour l'instant, elle n'a rien vu d'étrange sur les lieux.

Elle traverse le jardin, en faisant attention de ne rien écraser avec ses bottes de sécurité, puis elle arrive devant la petite boutique. Les volets sont fermés à l'étage, aussi elle ne peut deviner s'il y a de la lumière ou non. Elle remarque alors que la porte de la boutique est entrouverte.

La main sur la crosse de son arme de service, elle s'approche. Visiblement, la poignée a été fracturée, probablement avec un pied de biche ou une batte de baseball.

— Faith, dit-elle à voix basse, il se passe bien quelque chose. La porte de la boutique est fracturée. J'entre.

— Bien compris. À vous.

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