Épisode 5 - 29 Bouclier Humain

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Andrea ouvre l'une des fenêtres, barrée par d'épais volets en bois. Elle pousse l'un des battants, pour jeter un coup d'œil en contrebas. Pas de chance : l'ouverture donne directement sur le jardin, deux étages plus bas. Si elle pourrait vraisemblablement sauter sans se tuer, il est hors de question de faire passer le corps de Taylor par là.

Elle n'a vu personne dans la cour : les types sont peut-être déjà dans son bâtiment, auquel cas ils savent où elle se trouve. La flic ne pense pas qu'on les aient suivies, sinon Faith se serait fait surprendre avant de l'informer. Ce qui ne laisse qu'un choix : son GPS.

Qui, disposant d'aussi importants moyens de la traquer, pourrait lui en vouloir ? À moins que ce ne soit pour la sorcière. Après tout, elle était en train de faire quelque chose de bizarre. S'il y a des chasseurs de vampires, peut-être y a-t-il aussi des chasseurs de sorcières ? Mais pourquoi maintenant ? Ce serait gros pour une coïncidence...

Tout en réfléchissant, elle a pris Taylor sur son épaule gauche. De la main droite, elle tient son pistolet, consciente qu'il faudra peut-être en user si elle veut s'en sortir avec sa cousine vivante. Elle passe dans le couloir et s'approche des escaliers, quand elle entend le bruit léger des bottes faisant craquer les marches. Ils sont organisés, pour faire aussi vite.

Elle ferme la porte qui donne sur la cage d'escalier, et met le petit loquet. Cela lui fera au mieux gagner dix secondes. Ne lui restent que deux choix : la pièce aux bougies, ou la porte qu'elle n'a pas encore ouverte. L'idée de retourner dans la salle de bain ne lui effleure pas l'esprit.

La dernière pièce, donc.

Un salon, et sa cuisine américaine. Elle referme derrière elle, puis pose l'inconsciente derrière un canapé. Elle va ensuite vérifier sur quoi donnent les fenêtres : la rue. Pas de balcon, ni d'escaliers de secours. Impossible d'escalader pour passer par les toits. Elle est piégée.

La sorcière ne devrait pas rester dans les vapes bien longtemps. Elle ne peut pas juste la cacher et laisser Faith et Taylor faire le nécessaire, elle se réveillerait bien avant que les filles ne montent.

Un son d'air comprimé et de bout de métal, dans le couloir. Ils ont sûrement ouvert la porte des escaliers d'un coup de pistolet à air. En quelques pas discrets elle se colle au mur, juste derrière le battant. Arme au poing. Lampe éteinte.

La poignée tourne.

Elle se crispe.

La porte s'ouvre.

Elle retient son souffle.

Puis elle voit l'arme, un fusil d'assaut, ainsi que les mains qui le tiennent. Une fraction de seconde avant que l'homme ne se tourne vers elle, elle sort de l'ombre et le met en joue.

Le temps se fige. Elle ne voit pas son visage, cagoulé comme un commando, mais elle sait qu'il a compris la situation. Il lève lentement les mains, sans geste brusque, et sans un son. Il ne porte aucun signe reconnaissable, comme pourraient le faire certains militaires ou policiers d'élite. Pourtant, tout dans sa posture crie l'expérience.

Elle lui fait signe d'entrer dans la pièce, et il obéit. Elle vient de lui prendre son arme et s'apprête à refermer derrière lui, quand :

— Pas un geste !

Un autre membre a dû remarquer le comportement de celui qu'elle a eu. Elle referme la porte d'un coup sec, maintenant toujours en joue celui qui est entré.

— Dîtes-leur de baisser leurs armes, lui ordonne-t-elle calmement.

Il se contente d'un « non » de la tête. Elle n'a d'autre choix que de le prendre en otage et de s'en servir comme bouclier humain, juste avant que la porte ne cède à un coup de bélier et qu'une grenade lacrymogène n'éclate à ses pieds. Sa vision est gênée par la fumée, mais son casque la protège du gaz désorientant.

Elle se recule pour aller se mettre à couvert, le bras toujours autour de la gorge de l'homme. Pour l'instant personne n'a tiré.

— Rendez-vous, lui dit celui qu'elle tient, la voix un peu éraillée par la pression sur son larynx. Vous ne pouvez pas vous en sortir.

— J'allais dire la même chose.

L'un des hommes près de la porte entre, profitant de la fumée et de l'obscurité qui empêchent Andrea de viser correctement. À la surprise de la jeune femme, il ouvre alors le feu, sans se soucier de son coéquipier, et elle est touchée de plein fouet par une rafale qui la projette en arrière avec violence.

Elle n'a pas le temps de réaliser ce qu'il vient de se passer que ses yeux se ferment.

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