Épisode 5 - 30 Danse avec les Flammes

147 20 1
                                    

Andrea rouvre les yeux.

Elle vit encore, mais un train lui est passé dessus. C'est la seule explication à la douleur qui habite chacun de ses muscles.

Elle repose sur le ventre, les mains attachées dans le dos, dans la chambre à coucher, encore illuminée par des bougies. Taylor, toujours nue, est à ses côtés, les mains liées par des brides en plastique. Elle ne s'est pas réveillée. Un militaire braque son arme sur elles.

Ses yeux piquent.

Son casque lui a été enlevé.

Que s'est-il passé ? Elle souffre, certes, mais elle aurait dû mourir d'un tir presqu'à bout portant. Un des militaires git sur le sol, inconscient. Il s'agit probablement de celui qui était entre elle et les balles. Son gilet est déchiqueté par des impacts, mais il n'y a pas autant de sang que s'il s'était agi de balles réelles, qu'il porte ou non du kevlar.

Projectiles en caoutchouc ?

Ça expliquerait pourquoi elle vit encore.

Elle sent que quelqu'un dans son dos la relève. Avec un gémissement de douleur, elle se retrouve à genoux, puis debout. Sa combinaison porte les marques de tirs, moins nombreux que ceux qui ont touché son bouclier humain. C'est la chute qui a dû lui faire perdre connaissance, ce qui explique qu'elle soit réveillée aussi vite.

Devant elle, le couloir. Un des hommes franchit le seuil de la salle de bain, la main posée sur la caméra infrarouge qu'il porte sur le front. Les images du massacre ont dû les surprendre, ce qui explique qu'ils n'aient pas embarqué les deux femmes immédiatement et prennent des vidéos.

— Tiens, c'est bizarre, dit l'homme à la caméra.

— Quoi ? répond celui qui se trouve près de la porte.

— On dirait que ça a boug...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase qu'une forme jaillit hors de la pièce d'eau et l'entraîne avec violence, avant de le plaquer sur le mur. Une silhouette, maigre et nue, dégoulinante et répugnante. Un monstre qui, avec une sauvagerie indescriptible, déchire le visage du militaire, avec tellement de force qu'il lui arrache la moitié la tête.

Celui qui garde la porte réagit au quart de tour et ouvre le feu, un flot de projectiles se déversant dans un vacarme assourdissant.

La créature est touchée de plein fouet et tombe en arrière en poussant des cris inhumains, alors que les balles, réelles cette fois-ci, le tailladent avec violence. La chose ne semble pas mourir pour autant et elle se jette par une fenêtre, les volets explosant sous la force de l'impact. Elle disparaît.

— Merde ! dis celui qui maintient toujours Andrea. C'était quoi, ça ?

— Aucune idée, répond-il en rechargeant son arme.

Un mouvement capte l'attention d'Andrea et elle baisse les yeux, vers le corps de Taylor. Elle croise le regard avec la femme, qui a repris conscience. Elle y lit un mélange de rage et de malice. Des mains de la sorcière, jaillissent des flammes rouges, qui en un instant détruisent les liens de plastique.

Elle n'a pas le temps de crier aux hommes de prendre garde qu'un souffle de flammes se répand dans la pièce. Andrea se sent voler, puis choit lourdement sur le sol. La chaleur dégagée est à peine soutenable. Ses vêtements prennent feu, mais ne la brûle pas. À l'inverse des militaires.

À travers le rideau de flamme, l'ex-flic voit un homme se transformer en torche humaine, ses cris résonnant sûrement dans tout le quartier. Il tente de rejoindre le couloir, mais échoue et tombe sur le sol, rampant un instant tandis qu'une fumée noire s'élève de son corps. Une odeur de cochon grillé se répand, écœurante.

Love BitesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant