Andrea accroche une photo au tableau de fortune qu'ils ont construit ensemble. Celui-ci reprend par ordre chronologique les meurtres, représentés à chaque fois par les photos des corps.
Mais y figurent aussi les lieux des crimes et les points communs entre chaque victime, que ce soit leur mode de vie, leurs fréquentations ou simplement ce qu'ils avaient mangé le jour de leur mort.
Autant dire que le tableau s'avère plutôt chargé, surtout quand on considère les traits tracés à la règle qui les relient entre eux. Car oui, ils n'ont que peu de points communs voyants, le FBI ne fait pas fausse route à ce sujet, ce qui fait que le tout parait particulièrement chaotique.
Jake contemple le tableau, puis s'en approche, un gros marqueur noir à la main. Il trace une séparation après la sixième victime, sous le regard intrigué de sa fille.
Il pointe ensuite du doigt la partie gauche du tableau :
— Pour moi, il faut séparer les premiers crimes des derniers et pas seulement pour le mode opératoire. Jusqu'à la sixième, on a des profils vraiment très différents : trois gars en croisière porno, une punk, un agent de sécurité et une mère de famille. Les corps ont été retrouvés sur place.
— Okay, je suis d'accord que les suivants ont été tués avec plus de soin.
— Pas seulement. Ils ont aussi été sélectionnés différemment. Je pense que le tueur a commencé par des meurtres opportunistes. Il a choisi des proies faciles, sans se soucier de qui il tuait. Par contre, par la suite on ne sent plus cette précipitation et les choix sont travaillées. D'ailleurs regarde : on a un biker membre de gang, un ancien taulard, un pro-NRA et un type condamné pour violences domestiques. C'est comme si le tueur s'en était pris uniquement aux ordures qu'il a pu trouver et plus au premier venu.
— Tu veux dire qu'il aurait développé un complexe de justicier ?
— Je ne sais pas, mais c'est troublant. Les crimes se sont aussi espacés et, comme le mentionne ton rapport, il n'y a plus de précipitation. Par contre, ce qui m'étonne si c'est vraiment réfléchi, c'est le degré d'information. Regarde le Charles Tent par exemple : il a eu une plainte il y a dix ans pour pédophilie, mais celle-ci a été classée sans suite et n'apparait pas dans son casier. Comment le tueur aurait-il pu le savoir, sans un gros effort d'investigation ?
— Je vois ce que tu veux dire. Et s'il avait pu se renseigner à ce point, comment expliquer qu'il ait frappé au hasard au début ?
— Exactement. Il faut pour moi appréhender ces deux vagues séparément. D'un côté les meurtres précipités, de l'autre ceux calculés. Qu'en penses-tu ?
— Oui et non. Il faut enquêter de manière différente sur les deux vagues, mais ne pas les considérer séparément, sinon on pourrait manquer des éléments. Il aura sûrement fait des erreurs sur les premiers et on trouvera peut-être plus facilement un ou des témoins. Le seul problème, c'est qu'on a aucun profil.
À ce moment, Jake entend les clefs tourner dans la serrure de l'entrée de la maison. La porte s'ouvre. Des bruits de pas, celui d'un sac que l'on jette ou encore des clefs que l'on suspend.
Puis finalement Taylor entre dans le salon. Sa robe-pull noire fait particulièrement ressortir sa chevelure blonde.
— Hey, dit-elle, visiblement fatiguée.
Elle s'arrête un instant en apercevant Jake dans la pièce, ce qui est une première depuis qu'elle vit ici, mais elle n'exprime pas sa surprise à voix haute.
— Ça a été ? lui demande Andrea.
— Oui, oui.
— T'y as passé la soirée ?
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Love Bites
FantastiqueBelle, insolente, sorcière et lesbienne, Taylor survit à San Francisco en tant que simple barmaid. Jake est un ancien-flic, à présent détective privé et passablement alcoolique. Enfin, Lionel est un vampire trop sûr de lui et peu habitué au rejet. H...