Chapitre 61

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Une marre de sang avait coulé de la table imbibant entièrement le linge. Isadora avait l'impression que la pièce tournait autour d'elle, elle était incapable de se lever. La jeune fille entendait une discussion tout près d'elle mais elle ne comprenait rien.

« Débarrasser... sang... écus... visage pâle... »

La sœur du Roi émit un faible gémissement. Elle avait si mal, comme si l'intérieur de son ventre venait d'être broyé.

« Ma p'tite dame ? Ma p'tite Dame ?! Tu m'entends ? Faut partir maintenant, d'autre filles attendent ! »

Isadora se redressa, ses jambes étaient frêles et tremblantes, elle tenta de faire un pas mais s'écroula dans les bras de la femme de l'auberge.

« Oh non, j'sens que j'vais devoir encore en héberger une trop faible ... maugréa-t-elle »

Elle tira Isadora par la taille pour monter les escaliers. La jeune fille avait l'impression d'être sous l'emprise d'alcool tellement la tête lui tournait. La femme l'allongea sur un des lits du dortoir. Les autres filles du bordel regardèrent la robe tachée de sang avec dégout.

« Oh ça va les filles, faites pas comme qi vous étiez jamais passé sur cette table au moins une fois » Les filles de joies pouffèrent. Pour elles, commettre le pêché de chaire avec des hommes, puis tomber enceinte et faire retirer l'enfant au sous-sol pour continuer de travailler le lendemain était parfaitement normal. Leur corps était leur gagne pain.

Isadora faisait parti des rares femmes à venir pour se débarrasser d'un enfant indésirable alors qu'elle était mariée au père. Rien que d'imaginer cet homme père lui donnait la nausée.

Gustave avait tourné en rond toute la nuit à la recherche d'une solution pour sa sœur. Il savait qu'elle irait de toute manière au couvent pour sa protection. Il ne pouvait définitivement pas faire clandestinement avorter sa sœur.

Il jugea bon d'attendre le petit matin pour la prévenir. Elle resterait au palais jusqu'à la naissance de l'enfant qu'ils enverront en Italie avec une missive prévenant qu'elle était morte en couché affaiblit par la peste.

Ainsi, le Souverain guetta le levé du jour pour se rendre dans la chambre de sa sœur. Il sirotait son verre de vin quand Adélie se réveilla, intrigué par l'absence de chaleur auprès d'elle.

Elle entoura ses épaules de ses bras avant de lui chuchoter :

« -Que fais-tu en dehors de la couche mon cher mari ?

-Je réfléchissais au sujet d'Isadora...

-Vient donc te recoucher, tu auras tout le temps d'élaborer une stratégie dès demain matin.

-J'ai trouvé la solution mais j'attends simplement l'aube pour aller la prévenir, elle est fragile, je ne dois pas l'empêcher de se reposer. »

La jeune femme déclara forfait et retournât se coucher dans les draps chaud et douillet de leur lit.

L'aube était à peine apparut que le Roi déambulait déjà vers la chambre de sa sœur. Il étai fière de son plan mais redoutait la réaction de cette dernière. Elle avait été formelle, il ne voulait pas sentir cet enfant en elle.

Il frappa deux coups comme à son habitude et pénétra la pièce plongée dans le noir.

« Pardonnez moi ma chère sœur de vous faire lever de sitôt mais j'ai bien trouvé une solution à notre problème.»

S'annonça-t-il en ouvrant les rideaux théâtralement. « Certes vous devrez mener cette grossesse à bien mais je... »

Le Souverain s'arrêta en constatant le lit de sa sœur vide. Il observa que les draps n'avaient pas été défaits de la vieille. Il contempla la pièce un moment, aucune affaire de toilette n'avait été sorti signe que sa sœur ne s'était pas déjà préparée.

« -Ou est ma sœur ? demanda-t-il au domestique qui l'accompagnait ?

-Je l'ignore votre Majesté, répondit-elle en baissant les yeux

-Pardon ?! Vous ignorez où se trouve ma chère petite sœur en ce moment même alors que vous étiez charger de vous occuper d'elle ?! Tonna-t-il

-Je... pardonnez moi Sir...

-Sa présence au palais devait rester secrète et voila que je dois donner l'alarme aux gardes de fouiller le palais ! » Hurla-t-il en quittant la pièce.

Il retourna dans sa chambre afin de se vêtir plus convenablement. Adélie venait de se réveiller et arborait encore la trace de l'oreiller sur sa joue.

« -Que ce passe-t-il, marmonna-t-elle

-Il se passe qu'Isadora à disparu, s'énerva-t-il en enfilant un veston »

Cette annonce eux le don de faire émerger la Reine. Elle voulut poser des dizaines de question à Gustave mais ce dernier avait déjà quitté la chambre prêt à donner l'alarme. Rapidement, Adélie fit venir une domestique pur l'aider à se préparer.

Tous les gardes avaient été prévenus et une fouille du palais venait de commencer. Rien ne serait épargné, chaque chambre, chaque salon, chacun buisson et même les écuries seraient passé au peigne fin.

Gustave attendait patiemment dans la salle du trône, marchant près des fenêtres pour tuer le temps. Mais où pouvait-elle bien être.

Adélie le rejoignit rapidement, elle avait enfilé une robe légère et n'avait pas prit la peine de mettre des bijoux. Il était encore très tôt et le palais n'avait pas encore été chauffé par les cheminées. La jeune femme portait un châle sur ses épaules.

« -Gustave, enfin vas-tu enfin me dire ce qu'il se passe ? S'inquiéta-t-elle en s'approchant de lui

-Je l'ignore, Isadora n'était pas dans sa chambre ce matin et visiblement elle n'y a pas passé la nuit non plus... »

La Reine frotta le bras du Roi en signe de soutient. Ils ne pouvaient pas faire grand-chose sans se mettre en danger, alors ils devaient juste attendre.

Un rayon de soleil filtrait à travers deux planches de bois mal clouée. Isadora sentit une main la secouer. Elle n'avait pratiquement pas dormis, bien trop tiraillé par la douleur.

« Aller ma p'tite dame, faut rentrer chez vous maintenant, déjà que je vous ai offert la couche, faudrait pas abuser non plus hein ! »

C'était la femme de l'auberge qui venait mettre la jeune fille dehors. Elle savait au fond d'elle qu'elle ne pourrait jamais marcher durant trois heures pour regagner le palais. La taverne était perdue sur un chemin de forêt.

Malgré tout, elle quitta la couche et se déplaça lentement vers la sortie. Dans son malaise, elle avait oublié de remettre son capuchon.

« He ! Mademoiselle ? Que faites-vous ici ?! »

Isadora sursauta et reconnu le garde royal de la vieille, visiblement lui aussi avait passé la nuit ici.

« Votre Altesse Demoiselle Isadora c'est vous ?!, s'étonna-t-il »

La jeune fille eut à peine la force d'hocher la tête avant de s'écrouler dans les bras du jeune homme.

« Venez votre Altesse je vais vous ramener au palais, vous avez l'air mal en point. »

Il attrapa Isadora par les genoux et la porta en quittant l'auberge. L'homme était fort et pouvait facilement porter la sœur du Roi sur de nombreux kilomètre. La fatigue et l'angoisse l'avait énormément amaigrit ces derniers temps.

La jeune fille sentit qu'elle allait s'endormir, elle demanda avant de sombrer.

« Votre nom ? »

Sa voix était si faible que le soldat n'était pas sur d'avoir entendu. Malgré tout, il répondit avant de voir les yeux de la Demoiselle se fermer.

« Je suis le soldat Philippe ...

Mon Roi [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant