Chapitre 78

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Ce matin là, Sidonie se dirigea vers le boudoir la tête haute. Elle avait prit sa décision durant la nuit, alors que son mari s'était endormie lourdement sur elle : elle aurait sa vengeance.

A son entrée dans la pièce, tous les regards se tournèrent vers elle, les duchesses et les comtesses cessèrent leurs discutions. La Marquise d'Angeau-Varney posa son regard sur la Reine. Adélie ne pu empêcher ses yeux de s'humidifier, elle n'avait en aucun cas voulut que Sidonie souffre ainsi. Elle voyait dans ses pupilles : la douleur.

La jeune Reine aurait voulut prendre la jeune mariée dans ses bras mais les conventions l'obligeaient à rester assise dans ce divan avec pour seul compagnie, sa broderie. Sidonie fit une brève révérence et rejoignit son amie la duchesse. Elles reprirent leurs discussion de la vieille comme si tous les évènements survenus après n'avait pas existé.

Gustave signait les actes notariaux des paysans quand la porte s'ouvrit sur sa femme. Il comprit en un regard que quelque chose n'allait pas. Il congédia d'un signe de main ses conseillers et remarqua par la même occasion, l'absence de Césaire.

Les deux amants se retrouvèrent dans une tendre étreinte, puis Adélie prit la parole.

« Gustave... je doute que la punition de la Marquise de Varney, enfin maintenant d'Angeau-Varney, soit si juste que cela... »

Le Roi fronça les sourcils, la soudaine préoccupation de son épouse pour la jeune femme qu'elle haïssait jusqu'alors le surprit.

« -Ce mariage est bien plus qu'une simple punition. Sidonie à tenter de me corrompre sous l'influence de ma mère, je me devais de lui infliger un sort assez dur afin qu'elle montre l'exemple à la cour. Imagine si Victoria arrivait à rallier d'autres duchesses à sa cause, elle arriverait rapidement à te renverser... je ne veux pas que cela se produise..., dit-il en la serrant dans ses bras

-Mais je ne veux pas que l'histoire se répète, Si Sidonie subit le même sort que ... Isadora, dit-elle prudemment alors qu'elle sentait le Souverain se raidir autour d'elle, je ne me le pardonnerais jamais...

-Ton amour pour le bien-être des autres te perdra mon amour, sourit-il »

Sur ces douces paroles, Gustave entraîna son épouse vers la salle du trône. Il devait présider le conseil hebdomadaire des problèmes du palais. A vrai dire, le jeune homme détestait écouter se plaindre les nobles un à un parce que le poulet servit au soupé n'était plus aussi tendre. Fort heureusement, parmi ces plaintes assommantes, il y avait les rapports des soldats et des prisons ainsi que d'autres détails sur le palais qui réussissaient à garder le Souverain éveillé.

Comme à leur habitude, le couple s'installa sur les deux trônes sous une vague de révérence. Adélie pouvait observer au premier rang, quelques comtes qui trépignaient d'impatience.

« Mesdames, Messieurs, ma chère cour, que le conseil commence ! Annonça solennellement Gustave »

Le début de la réunion était on ne peu plus ennuyante pour la jeune Reine. C'est ainsi qu'elle apprit que les latrines des salons de l'aile ouest étaient bouchées et qu'un divan du boudoir avait perdu un pied lors d'une soirée un peu trop arrosé. Que de sujet passionnant pour des Souverains. Alors qu'Adélie luttait pour garder les yeux ouverts, un soldat vint faire un rapport des cachots attisant sa curiosité.

« Votre Majesté, Colonel Lejeune, je viens vous faire un rapport complet sur la population des geôles du palais. Nous avons toujours les 18 prisonniers de la révolte à l'Est du pays, ils attendent leur jugement. En ce qui concerne les voleurs, un pilleur de tombe est mort d'insalubrité en début de semaine, il était dans les cachots depuis deux semaines. Nous avons aussi deux femmes pour meurtre sur leur époux et une autre jeune, enceinte, elle est arrivée ce matin. Elle a frappé un garde qui refusait qu'elle entre dans les jardins. Elle dit connaître la Reine ... »

L'homme ne pu continuer son monologue qu'Adélie s'était levé d'un bond de son trône.

« Pouvez-vous me faire une description physique de cette jeune femme Colonel ? »

Demanda-t-elle pressé. Une nouvelle lueur éclaira ses yeux et ses petits poings fermés tremblaient.
Gustave se leva à son tour dans l'incompréhension la plus totale, prêt à faire rassoir son épouse. En effet, beaucoup de paysans des alentours du palais venait plaider ce genre de folie devant les grilles dans l'espoir de rencontré leurs Souverains. Au moment où il allait poser sa main sur l'avant-bras de la jeune femme, celle-ci se dégagea et reposa sa question à l'homme en bas de l'estrade.

« Je... et bien, elle doit avoir votre âge, ses cheveux son blonds il me semble mais elle est vêtue de haillons, il est très difficile de l'identifier. Elle doit être enceinte de cinq mois peut être... »

Le Colonel n'eut pas besoin d'en dire plus que sa Reine avant descendu les marches de l'estrade et lui avait ordonné de l'amener la voir. Gustave voulait protester mais sa femme était déjà sortie en trombe de la pièce laissant toute la cour médusée.

Adélie était nerveuse, elle marchait vite au côté de l'homme, l'obligeant à allonger sa fouler pour la rattraper. Au détour d'un couloir, ils empruntèrent un mince escalier sombre et humide, la robe de la Reine la gênait dans sa progression vers les sous-sols.

Après des dizaines de marches descendues, la jeune femme reconnue la porte menant à l'étage des domestiques. Elle pouvait presque entendre les pas pressés des jeunes filles et des jeunes hommes se relayant entre deux gardes. Ce souvenir rendit la reine nostalgique mais elle n'eut plus de temps à s'attarder dessus car le colonel continua de descendre les escaliers s'enfonçant encore plus profondément dans les entrailles du palais.

L'humidité était de plus en plus forte, au bout d'un moment, une odeur de renfermé très nauséabonde envahit l'espace. Les deux jeunes gens s'arrêtèrent devant une grosse grille en métal rouillé. Tout était très sombre.

« Votre Majesté, êtes vous bien certaine de vouloir entrer ? »

Questionna le Colonel inquiet. Mais Adélie répondit sur un ton ferme qui ne laisser aucune discussion.

« Je n'ai pas descendu autant de marche avec une robe aussi lourde pour rien ! »

L'homme ouvrit, dans un grincement terrifiant, la grille. Doucement, la jeune femme entra dans la prison du palais. Des geôles étaient disposées de part et d'autre de l'allée centrale. Certains prisonniers étaient plusieurs par cachot. Quand ils virent leur Reine, ils se rapprochèrent des grilles et se mirent à gémir et crier.

Adélie réussit à capter quelques insultes en patois Vésanais. Elle releva la jupe de sa robe d'une main pour qu'elle ne traine pas dans les flaques de boue ou autre liquide non identifié. Des gardes tapaient sur les grilles avec de gros bâtons pour faire taire les prisonniers. De sa main libre, la jeune femme portait un mouchoir à son visage afin de minimiser l'odeur nauséabonde des lieux, entre urine, selles, et putréfaction.

Ils continuèrent leur chemin jusqu'à une petite geôle au fond de l'allée. Une personne était recroquevillée en boule contre le mur. Adélie s'agenouilla devant les barreaux en métal. Elle attendait que la jeune femme se retourne pour voir son visage le visage mais elle ne bougeait pas.

Le Colonel s'impatienta et donner un gros coup sur les grilles avec son arme en hurlant à la pauvre prisonnière de se relever devant sa Reine. Immédiatement, elle bougea faiblement et se releva doucement. L'homme s'énerva et tapa un second coup ce qui la fit sursauter. Elle se retourna mais ses yeux rivés au sol n'arrangeaient en rien à son identification. En effet la luminosité était trop faible pour qu'Adélie puisse reconnaître qui que ce soit.

« Venez, s'il vous plait... » Quémanda tendrement la Reine.

La prisonnière s'approcha et releva les yeux dans le regard bleuté d'Adélie. Sans aucun doute, la jeune femme la reconnut et n'en cru pas ses yeux. 

Mon Roi [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant