Chapitre 66

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Adélie n'avait pas fermé l'œil de la nuit. En effet la jeune reine était très anxieuse, son projet de tomber enceinte avant que son époux ne découvre qu'elle ne l'était déjà tombait à l'eau car celui-ci refusait de la toucher. Elle avait passé la nuit à regarder le Roi dormir profondément, sa poitrine se soulever lentement à chaque respiration et son corps étendu sur les draps. Plusieurs fois elle eut l'idée de le réveiller afin de tenter sa chance mais elle abandonnait à chaque fois.

Elle pensa à Sidonie, que lui avait-elle prit d'aller faire ses félicitation au roi ? Avait-elle partagé ce « secret » avec d'autre personne ? Si cela était le cas, le moment de la révélation serait extrêmement humiliant pour Adélie. Pour le moment, le fait qu'elle n'ait toujours pas réussit à concevoir était resté entre elle et son époux ainsi qu'avec les deux personnes en qui elle avait le plus confiance : Flore et Auguste.

Elle décida d'ailleurs d'aller le consulter, peut être qu'une cure de tisane pourrait améliorer ses chances de tomber enceinte, même si son problème restait le même : sans ébat, pas d'héritier.

Gustave paraissait complètement ailleurs hier, il avait comme perdu l'esprit tant l'annonce de la marquise l'avait rendu joyeux. Il n'avait même pas laissé le temps à Adélie de parler qu'il s'était rué dans son bureau afin de préparer l'arrivé de cet enfant.

Discrètement la jeune femme se glissa hors du lit. Elle vérifia que son amant dormait encore avant d'ouvrir la porte menant à sa chambre. Flore était déjà levée, elle astiquait les carreaux.

« Flore ! Je t'ai déjà dis de ne pas te fatiguer dans ton état ! »

La future mère haussa les épaules et descendit du tabouret sur lequel elle était perchée.

« -Alors ?! demanda-t-elle pressée

-Il ne veut plus que nous fassions ... enfin tu vois ? répondit Adélie soudain gênée.

-Oh... je vois... que comptes-tu faire ?

-Je ne sais pas, je comptais voire le médecin pour qu'il me donne un remède de fertilité... et ensuite, je devrais révéler la vérité à Gustave, je n'ai plus le choix, plus cette mascarade durera, plus sa colère sera grande en découvrant la vérité ! »

Sa demoiselle de compagnie acquiesça et l'aida à s'habiller malgré le refus de son amie. La situation était si paradoxale, elle se retrouvait enceinte sans père pour l'enfant et son amie empêtrée avec un mari aimant qui la croyait enceinte. Flore avait l'enfant et Adélie le père.

Une fois sa robe passé et ses cheveux soigneusement coiffé la jeune reine se dirigea vers le cabinet d'Auguste qui, elle le savait bien, lui servait aussi de chambre.

«- Bonjour Auguste ! s'annonça-t-elle

-Votre Majesté, s'inclina-t-il en retirant ses lunettes, que me vaut cet honneur ?

-J'ai... je vais aller droit au but et je vous demanderais de resté discret sur cet entretien, prévint la jeune femme

-Je suis tout ouïe.

-La Marquise de Varney croit que je suis enceinte, mais je ne le suis pas, le problème est qu'elle s'en est allé donner ses félicitations à Gustave, mais maintenant je n'arrive pas à rétablir la vérité c'est si ... horrible »

Une main caressant son menton, Auguste semblait essayer de comprendre. Il resta quelques instants muets avant de prendre la parole.

« -Mais vous n'êtes toujours pas enceinte c'est bien cela ? Questionna-t-il

-J'ai eu mes saignées quelques jours auparavant, répondit-elle en baissant les yeux mal à l'aise.

-Je vois... si vous vous inquiétée encore pour votre fertilité, il n'y a rien d'alarmant pour le moment, je peux vous proposer de prendre une infusion de trèfle et d'ortie tous les matins, leur propriétés sont reconnu pour aider les femmes à procréer. De plus je vous conseille de rester bien allongé une fois que le coït nuptial est terminé, cela permet de...

-Auguste ! Le coupa Adélie indignée ! Je me contenterais de l'infusion... »

La médecin cacha un sourire et farfouilla dans ses étagères à la recherche du précieux flacon.

« ... Le second problème est que ... Gustave ne veut plus que nous fassions ... de « coït nuptiale », il a peur pour le bébé... mais comme il n'y a pas de bébé... »

Auguste se retourna avec un petit flacon remplit d'herbe.

« Vous devriez lui annoncer la nouvelle, même s'il risque d'être déçu, sa Majesté préférerait sans doute cela que sa propre femme lui mente, de plus je vois que vous n'avez pas beaucoup dormis, l'anxiété ne fait pas bon ménage avec la fertilité »

Adélie s'avança vers un miroir afin d'inspecter son visage, de grosse cernes violacé soulignait ses yeux et son teint était aussi pâle qu'un linge. Elle remercia le médecin et retourna dans la chambre royale, son petit flacon en main.

Gustave s'était réveillé en sentant la place à côté de lui vide. Il avait de nombreuses choses à faire aujourd'hui. Il regarda dehors, le soleil était déjà levé depuis plusieurs heures, le Roi s'empressa d'enfiler une chemise propre et un pantalon. Il s'attelait à fermer les boutons de son veston quand Adélie entra.

Elle fut d'abord surprise de voir le Souverain s'habiller seule puis elle cacha le flacon dans son dos.

« Bonjour, tu es bien matinale aujourd'hui ? demanda-t-il »

Adélie acquiesça en cachant le flacon de verre dans un tiroir. Elle s'empressa par la suite d'aider son mari à boucler son veston.

« -Gustave je ... je dois... commença-t-elle les mains tremblantes sur les coutures de vêtement.

-J'ai tellement de chose à faire aujourd'hui, j'aimerais faire passé des entretiens à des nourrices, celles du palais se font vieille, j'aimerais les sélectionner moi-même, la coupa-t-il excité

-Mais Gustave nous devons parler de...

-As-tu pensé à la santé de notre enfant, si la nourrice est trop vieille, elle pourrait le faire tomber au sol ou même l'étouffé involontairement avec l'emmaillotage ! Et puis, elles ne peuvent plus l'allaité c'est embêtant. »

Le Souverain était tellement prit dans ses projets qu'il ignorait Adélie et finit de s'habiller seule. Adélie fronça les sourcils en l'entendant parler d'allaitement par des nourrices, son mari perdait l'esprit. Gustave allait ouvrir la porte quand Adélie cria.

« -Ne sors pas de cette pièce Gustave !

-Enfin, je viens de te dire que j'ai des centaines de choses à faire aujourd'hui, je n'ai pas le temps demande à Flore de t'écouter et si tu as quelque chose à dire, nous en parlerons ce soir veux-tu ? il s'appétait à quitter la chambre.

-Non Gustave écoute moi maintenant ! hurla-t-elle faisant sursauter le jeune homme. »

Le Roi fronça les sourcils et referma la porte en silence. Il se tourna vers son épouse bras croisé sur le torse. Le ton qu'Adélie avait employé ne lui avait visiblement pas plus. Maintenant qu'elle se retrouvait face à son amant, elle ne savait plus qui lui dire.

« -Et bien, je voulais te le dire hier mais tu paraissais si heureux et si...

-Dis le moi maintenant alors, s'impatienta-t-il

-Je... je ne suis pas ... La marquise de Varney s'est trompé, balbutia-t-elle »

Le visage du Souverain s'emblait se liquéfier d'un coup, il n'était pas sur de ce que son épouse sous-entendait et il voulait qu'elle le dise d'elle-même. Le silence qui régnait dans la pièce augmenta la vitesse du cœur de la jeune femme, elle avait l'impression qu'il allait sortir de sa poitrine. De plus des larmes menaçaient de couler.

« Je ne suis pas enceinte » dit-elle dans un souffle comme pour se libérer de ce fardeau. Sa vision fut immédiatement brouillée par ses larmes et elle ne put que distinguer la silhouette de son époux qui s'asseyait sur le bord du lit.

Gustave avait envie d'hurler sur Sidonie mais aussi sur Adélie et même sur le ciel. Il avait enfin aperçu un coin de ciel bleu dans tout cet orage mais voila que ce n'était en réalité qu'un mirage. Il repensa à la joie et la sérénité dans laquelle il s'était endormi hier avec nostalgie. Il en voulait à son épouse mais dans un sens, il parvenait à comprendre son désespoir. Les points serré, il sorti de la chambre.

Adélie fixait la poignée de la porte que son époux venait de franchir. Elle ignorait s'il la pardonnerait un jour mais ce dont elle était sur, c'est qu'elle devait s'expliquer avec cette marquise sur le champ.

Mon Roi [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant