Chapitre 82

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Le silence qui suivit n'annonçait rien de bon pour la jeune Duchesse. Les pupilles de Victoria se dilatèrent rendant son regard aussi noir que les ténèbres. Elle fit un lent pas vers Sidonie, la jeune femme sentait une boule se former dans le fond de sa gorge.

« Ecoutez-moi bien, votre survie entre ces murs dépend seulement de ma propre volonté, vous oubliez que mon influence à la cour n'a d'égale que la puissance de mon fils. J'aspire pour lui, un règne mémorable qui s'inscrira dans l'histoire durant des milliers d'années encore. Empêchez-moi de réaliser la destinée de mon fils et vous tomberez sous l'humiliation et la honte que je vous ferais subir auprès de la cour. Vous verserez le contenu de cette fiole dans son verre ou, vous mourrez »

Le murmure glaçant de la mère du Roi donna des frissons à la Duchesse. Elle se sentit pâlir et déglutit bruyamment. L'ancienne Reine du pays pouvait se montrer très convaincante et surtout très menaçante.

« -Je... très bien... bredouilla la jeune femme.

-Je n'hésiterais pas à faire de votre vie un enfer si bien que vous me supplierez de vous achever ! »

Sur ces mots, la vieille femme quitta la chambre afin d'appuyer ses paroles. Sidonie resta seule dans la sombre pièce le regard dans le vague, complètement déboussolée d'être un simple pion pour la puissante femme.

Elle se mit à penser à son père, le défunt Duc de Varney, que devait-il penser de sa fille à présent ? Sidonie avait déshonoré sa famille à l'instant où sa cupidité avait dépassé son entendement. Elle avait beau se morfondre sur les actes qui l'avaient menés ici, rien ne pourrai changer le passé. La jeune duchesse avait entre ses mains le futur du royaume. Mourir, ou aspirer à plus grand auprès d'une femme manipulatrice et joueuse.

La jeune femme sortie la fiole de sa manche et en examina la liquide. N'importe qui pourrait le prendre pour de l'eau, cela serait si simple de le faire boire à la Reine, pensa Sidonie d'Angeau. Elle rangea le récipient dans ses précieux habits et quitta elle aussi la pièce, elle avait fait son choix.

Gustave marchait le long des grandes fenêtres du salon sud. Le soleil chauffait la pièce lui conférant une atmosphère chaude et agréable. Le jeune Roi avait l'esprit préoccupé, toutes les questions de son épouse concernant leur enfant qui ne venait toujours pas commençait à faire son chemin. Pourquoi Adélie n'était-elle pas encore enceinte, ils fêteraient bientôt leur six mois de mariage. Il se mit alors à penser à sa petite sœur, elle avait réussit à tomber enceinte malgré le manque d'amour véritable et la violence qu'elle subissait. Pourtant Adélie n'était toujours pas enceinte alors qu'il lui donnait tout l'amour qu'il pouvait. Tout cela n'était à n'y rien comprendre.

Il avait entendu la Reine prier pour avoir un enfant et en retour, elle avait eu ses saignées. Qu'avait-il fait pour mettre les cieux dans une telle colère ? Gustave n'avait plus qu'un espoir, que son banquet d'anniversaire change les idées maussades de son amante. En effet, il avait eu vent d'une prêtresse, que la fertilité d'une femme pouvait être modifiée par son humeur. Si ces sornettes s'avéraient vraies, il lui fallait absolument rendre son épouse heureuse. Il la savait en plein préparatif du banquet, la pression sur les épaules de la jeune femme était bien trop lourde pour sa faible carrure. Gustave se refusait de voir Adélie échouer et la voir sombrer dans la tristesse. Il devait l'aider par un quelconque moyen.

Une idée traversa l'esprit du jeune homme qui quitta alors le salon pour rejoindre son bureau.

Adélie, quant à elle, était encore en train d'organiser ce qu'elle imaginait comme la meilleure fête que le palais n'ait jamais connu. Elle savait qu'elle n'avait plus que quelques semaines avant l'échéance et elle travaillait déjà sans relâche. Malheureusement, une question demeurait sans réponse : qui devait-elle inviter sans commettre de faute politique ?

Mon Roi [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant