Le Cadran

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4h37. Je ne peux m'endormir.
Les aiguilles de ma montre glissent le long de mon poignet.
Elles ne s'arrêtent jamais...
Son rythme devient un supplice, cette montre m'obsède.
Le temps semble se faufiler entre le cadran et moi.
Il m'interpelle, m'invite à partager sa cadence infernal qui nous entraîne peu à peu au-devant de la mort.

Chaque centimètre parcouru dans l'horloge est un centimètre de plus vers la fatalité.
Cette fatalité est un sarcasme à elle-même.
Nous ne sommes que de vulgaires pantins manipulés par un démon...
On l'appelle le Temps.
Il nous reprend tout ce qu'il nous avait donné:
Nos amis, notre fringuance, naïveté et jeunesse.
Puis, il dessine ses traces de passage sur nos visages...

Nous ne sommes effectivement que de simples marionnettes... Et si l'envie lui prend, il nous défait de nos liens et nous laisse tomber dans l'infini oubli.

Je ne veux pas y penser. Je refuse d'être un pantin. Mais il agit fatalement sur nous. Il le sait. Nous le savons. Tous.
Il possède toute emprise sur nous...
Ce cadran qui nous rappelle chaque instant que le temps, c'est lui qui le dirige.
Ces aiguilles, de cruelles complices.

Nous sommes perdus dans les couloirs du temps.
Nous, et nos peurs.
Seuls.
Mais seuls ensemble.

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