Cameron

Chapitre 2

Le trajet m'a paru durer une éternité. Les cinq heures de vol m'ont achevé surtout avec Tante June qui piaillait toutes les cinq minutes. Elle habite avec ses fils, qui ont mon âge, dans le quartier de Santa Monica. Le seul point positif d'aller habiter avec elle est d'avoir la plage juste à côté.

Nous arrivons enfin, devant sa maison, qui est plutôt pas mal. Elle est plus grande que ma maison à Hawaï.

« - Voilà ton nouveau chez toi Cammy ! crie-t-elle.

- Oui, c'est super !

- Les garçons doivent nous attendre à l'intérieur. »

Je me force à sourire, mais en vérité, j'ai juste peur. Peur de cette nouvelle vie. Peur de l'avenir. Je n'ai jamais vu mes cousins. Je sais juste qu'ils ont seize ans et qu'ils sont « adoraaaaables, tu vas voir ! » d'après June.

Je sors ma valise et elle sort les affaires qui sont « si chèeeeres à son cœur, tu sais» car elles appartenaient à sa sœur, qu'elle a empilées avec négligence dans un carton. Je parie qu'elle va juste jeter ce carton au grenier aussitôt que je ne serai plus dans son champ de vision. Elle a toujours été comme ça, Tante June, d'après maman. Négligente et égoïste. L'opposée de ma mère. Elle était juste... Bref, c'est sûrement pas le moment pour repenser à ça.

On rentre dans la maison. Tout est... blanc. Extrêmement blanc. Tellement blanc que la moindre tâche se verrait à des millions de kilomètres.

« - Bienvenue à la maison, Cameron ! crient deux voix similaires. »

J'aperçois deux garçons qui sont, je devine, mes cousins. Ils sont jumeaux alors ils se ressemblent beaucoup : grands, bruns, yeux clairs. Je ne les avais pas vus depuis toute petite, même eux devaient avoir seulement un très vague souvenir de moi, enfant, alors les présentations sont nécessaires.

« - Bonjour ! dis-je avec un sourire forcé.

- On t'attendait avec impatience ! Moi, c'est James.

- Et moi, c'est Tyler. Mais tout le monde m'appelle Ty.

- Enchantée de faire votre connaissance. »

Bien sûr, je ne l'étais pas du tout. Vraiment pas.

« - Cammy ! »

Je fronce les sourcils. J'en ai plus que marre de ce surnom. C'est Grayson qui m'appelait comme ça parce qu'il savait que je n'aimais pas ce diminutif. Mais Grayson... Mes yeux commencent à devenir très humides. Non, non, non. Je fais alors volte de face et compose un sourire. Je doute que James et Tyler aient remarqué ce changement d'attitude. Encore heureux.

« - Oncle Trevor ! je lance.

- Cameron, tu as tellement changé ! Tu es une belle jeune femme, maintenant. »

Bizarrement, j'ai toujours été plus proche de Trevor que de June. Peut-être, est-ce parce que, lui, au moins, venait nous rendre visite. Rarement, peut-être. Mais, au moins, il le faisait. Mon père et lui étaient amis avant qu'ils rencontrent June et Maman.

« - Tu dois être fatiguée, tu devrais monter dans ta chambre. Ton piano a été livré il y a deux jours, il est déjà là-haut. Redescends pour le dîner, dit-il, puis en s'adressant à ses fils avec une tape sur le dos : Montrez-lui sa chambre, les gars. »

Les garçons montent les marches quatre à quatre et vont au bout du couloir, où, en face de l'escalier, se trouve une porte. James – celui qui a la boucle d'oreille – ouvre la porte.

« - Voici votre palace, princesse Cameron. Nos chambres sont de part et d'autre de la tienne. Si tu as besoin de quelque chose, tu n'as qu'à toquer chez Ty ou moi."

J'entre dans la chambre toujours aussi aseptisée et blanche que le reste de la maison. Il y a un lit, mon piano – merci, mon Dieu, il n'a pas d'égratignures – une grande armoire, un bureau et une salle de bain attenante. Pas mal. Même mieux que mon vrai chez moi. Je pose ma valise par terre. Je la déferai tout à l'heure, je n'ai pas l'énergie. Mes yeux scannent la pièce plus précisément, et ils se posent sur le piano. Je n'avais pas joué depuis quelques semaines seulement, le piano a été déplacé chez mon oncle et ma tante  deux semaines après leurs morts. Comme s'ils avaient déjà tout prévu, le lendemain de l'accident, on avait décidé pour moi que j'irai vivre à Los Angeles,parce que je suis "si jeune pour rester dans un environnement aussi traumatique, tu vois". Alors, je m'assois sur le tabouret du piano. Ca m'avait tellement manqué. Je commence à jouer une chanson que j'ai composée, quelques mois auparavant. Après ma rupture avec Sam. Mais la peine que j'ai ressentie quand j'ai vu Sam avec une autre, n'est rien comparée à la peine que je ressens maintenant.