Chapitre 8

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En effet, la fête va commencer. Et, en effet, Dylan a presque invité tout le bahut. J'ai cru qu'il plaisantait. Mais non. Déjà une cinquantaine de personnes sont à l'entrée de sa maison. Tout le monde salue l'hôte de la maison par une tape sur l'épaule et chacun me toise de haut en bas en demandant si je suis la nouvelle dont il a parlé. Puis s'ensuivent des présentations. Tout ça pour toutes les personnes qui entrent dans la maison. Dans la foule d'arrivants, je vois des visages familiers. Les jumeaux. Tyler et James font partis du lycée, évidemment qu'ils sont invités. Vite, je trouve un prétexte pour m'échapper avant qu'ils ne me voient. Depuis que je suis sortie en trombe de la maison, je ne leur ai donnés aucune nouvelle.

« - Bonjour, moi c'est Noah, lance un garçon souriant et franchement canon.

- Moi c'est Cameron, mais là, je dois vraiment aller aux toilettes. C'est urgent. »

Je ne lui laisse pas le temps de me répondre et je grimpe les marches quatre à quatre et ouvre la première porte du couloir. Je m'adosse et m'assois contre la porte et ferme les yeux. Mes souvenirs déferlent devant mes yeux clos, comme chaque fois que tout devient noir autour de moi. Je ne veux plus me remémorer chaque seconde. Je. Veux. Juste. Oublier. N'est-ce pas possible ? Même pour l'espace d'une seconde ? Je rouvre brusquement les yeux. J'observe le décor autour de moi. Un lit défait. Un poster d'un jeu que je ne connais pas. Des fringues partout par terre. Une chambre de garçon. Je ne suis plus entrée dans une chambre de garçon depuis Grayson. Il laissait tout le temps ses fringues partout. Je sors en vitesse la chambre, me retrouve sur le couloir-mezzanine et souffle enfin. Une larme salée coule sur ma joue mais je l'essuie rapidement. Je construis un sourire de façade et me retourne. Je vérifie que les jumeaux sont bien loin pour redescendre. Quand Dylan me voit, il me demande ou j'étais et je lui réponds que j'avais une urgence aux toilettes.

« - Dépêche-toi, beauté, tout le monde est impatient de te rencontrer. Les premiers arrivés et qui t'ont rencontré parle de toi à tout le monde. J'ai repensé à te baptiser « Cameron la star », mime-t-il avec des guillemets. Mais je préfère quand même "Bébé Cameron". »

J'acquiesce et il m'embrasse. Je lui réponds et j'entends au loin des sifflements. On doit vraiment me prendre pour une traînée. Je suis arrivée hier et voilà que j'embrasse un mec que je connais à peine. Aha, Cameron la Traînée. C'est mieux que d'être la fille qui a perdu ses parents.  Je m'écarte doucement et souris. Dylan écarte la foule de gens qui s'est formée et m'entraîne vers le jardin. Une gigantesque piscine trône près du patio, mais le jardin s'étend beaucoup plus loin. Des fêtards qui sont déjà ivres sont tombés dans la piscine, mais ils en rigolent tellement que cela en devient contagieux. Des bouteilles sont renversées, la musique bourdonne tout autour de moi.

Les enceintes étant à l'extérieur et me faisant mal à la tête, je décide de rentrer au bout d'un certain temps à rigoler avec Dylan et quelques de ses copains – dont Matthew, de la soirée de la veille, c'était assez gênant vu que je l'avais embrassé- à propos de blagues assez... typiques des garçons. Je passe la baie vitrée après avoir embrassé mon nouveau copain, si je peux l'appeler comme ça ? Ne me traite pas de traînée, j'ai juste besoin d'un peu d'affection, j'imagine ? Je me dirige dans la cuisine pour étancher ma soif. Mais sur mon chemin je croise des gens que j'ai essayé d'éviter. C'est apparemment raté.

« - Alors, Cameron la Star, comment ça va ? lance Tyler sarcastique.

- Euuuhh... J-je vais bien et toi ? »

Ma réponse sonnait plus comme une question. Mes cousins ont l'air assez remonté, alors j'essaye d'esquiver :

« - Ouais, euh, je crois qu'on m'appelle dans la jardin. Quelqu'un doit avoir besoin de moi pour la musique, j'invente.

- Non, tu vas rester là et nous expliquer ce que tu fous là et pourquoi tu es partie précipitamment de la maison, s'emporte Tyler en m'attrapant le poignet.

- Ty, du calme, intervient James.

- Oui, euh, je suis désolée. C'est pas vraiment facile de perdre des proches, dis-je sarcastique à mon tour. Imagine-toi perdre tes parents, ton frère. Tu pèterais pas les plombs ? je m'emporte. Je ne te dois aucune explication !

- Et tu crois que, si je disais à ma mère que tu as fait le mur hier soir et que je lui disais que mon excuse de "elle est chez des nouvelles amies pour une soirée pyjama" était un mensonge, tu pourrais nous donner des explications ? crie Tyler.

- Et, toi, tu crois que, si je lui disais que t'avais fait le mur hier soir avec moi, tu la fermerais ? »

Je ne lui laisse pas le temps de répondre et marche avec nonchalance dans la cuisine. Je savais que j'étais observée, j'en ai alors fait des caisses, car, en plus, d'avoir défoulé ma colère, j'ai terni l'image du grand Tyler Miller le Tombeur. Je sais que ce n'est pas forcément un bon départ dans ma nouvelle « famille » mais je serai sage comme une image demain pour compenser.

Je m'assois au bar de la cuisine et me sers un shot. Cul sec.

« - Ce n'est pas tous les jours qu'on voit Tyler Miller se faire remballer par quelqu'un, lance quelqu'un adossé au mur à côté de la porte. »

Je sursaute. Je croyais que j'étais seule. Je me retourne et vois un garçon. Son visage m'est familier, mais tous les visages de cette fête me sont familiers après toutes ces présentations.

« - Eh bien, je ne suis pas n'importe qui, je m'exclame.

- Bien sûr. Miss-j'ai-vraiment-envie-d'aller-aux-toilettes, je me trompe ?

- Effectivement, je rigole. »

Je n'arrive pas à remettre un nom sur ce visage qui sort de l'ombre. Comme s'il lisait dans mes pensées, il dit :

« - Moi, c'est Noah. »

CameronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant