Chapitre 18

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Je me relève avec peine et titube jusqu'à la porte. Mes pensée, ma tête, ma vue, sont embrouillés. Je m'agrippe à la rambarde de l'escalier et observe les gens. Une fille à moitié dénudée se frotte à ce qui est son copain, j'imagine. Un mec totalement perdu passe la porte. Un frère qui se dispute avec sa sœur. Une fois l'escalier descendu et une nausée refoulée, je me fraye un chemin jusqu'à la cuisine. Comme lors de la dernière fête, des pots sont éparpillés sur l'ilot et des invités sont agglutinés autour. . Je m'approche et quelqu'un me rentre dedans. Un grand brun avec un truc  dans la main, qui est plutôt pas mal,  je l'avoue, balbutie des excuses :

"- Ah, euh... désolé, je ne t'avais pas vu. Tu es Cameron, c'est ça ?

- Mmm...oui ?"

Ma réponse sonne plus comme une question et il commence à rigoler. Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle.

"- Je peux savoir ce qu'il te fait rire, je lance d'une voix froide et cassée.

- Rien, rien. C'est que tout le monde te connaît et parle de toi dans le coin. Tout le monde rêve de te rencontrer et je m'attendais pas à ce que tu sois si...

- Si... quoi ?

- Laisse tomber, répond-il avec un demi-sourire. Tu en veux ?"

Je réponds par l'affirmative et il m'en roule un. Je le remercie brièvement et remonte dans la chambre toujours aussi vacillante. Je m'étale par terre en trébuchant sur un objet complètement imaginaire. Je ne prends pas la peine de me relever et tends le bras puis attrape le briquet pour l'allumer. J'en prends une bouffée. Je m'attendais pas à ça. Je m'étouffe presque. Quelques minutes plus tard, l'herbe m'embrouille déjà le cerveau, encore plus qu'il ne l'était.

Je me sens tellement bien. Je me trouve dans les nuages, mon frère à côté. On parle de tout et de rien regardant les passants, en bas. Il m'appelle plusieurs fois mais je ne peux me détourner de son visage pour lui répondre. Il continue pourtant mais je ne peux ouvrir la bouche, je lui tiens juste la main, allongée sur un nuage moelleux.

"- Cameron. Cameron, Cameron ! crie une voix."

J'ouvre à peine les yeux que j'ai l'impression que mon estomac va se déverser par terre. Quelqu'un me secoue et appelle mon nom plusieurs fois, mais je n'arrive pas à discerner le visage en face du mien à travers la brume. Je gémis. Ma tête me fait terriblement mal et d'un coup je ressens une douleur perçante qui me traverse la joue. Qui est l'imbécile qui a osé ? Je me réveille d'un coup et lance mon poing dans le nez de l'inconnu qui m'a giflé. Mes yeux s'ouvrent en grand quand je me rends compte que je fais face à Noah... qui se tient le nez.

"- Cameron ? Tu m'entends ?

- Oui je t'entends, idiot ! Pourquoi tu m'as giflé ?

- J'ai... j'ai cru que t'étais morte putain. A quoi tu pensais quand t'as pris tout ça ?

- Ben, justement, à rien. "

Il me regarde comme si j'étais un extra-terrestre, une lueur d'interrogation dans le regard. Il fronce ensuite les sourcils et toute une gamme d'émotions passe dans ses yeux : colère, incompréhension, tristesse, une nouvelle fois colère, puis étrangement, compréhension. Il a compris. Il sait que j'essaye de cacher quelque chose. Pour changer de sujet, je lui demande combien de temps je suis restée là et il me dit que ça fait un petit bout de temps. Mais la fête bat toujours à son plein ce qui est étonnant.

"- Pourquoi t'es là et pas en train de faire la fête ?

- Dylan te cherchait et m'a demandé de l'aider vu que je traînais dans les parages."

En parlant du loup, Dylan apparaît dans l'encadrement de la porte. Il me rappelle Sam et je veux juste ma vengeance. Il n'est pas lui, mais à quoi bon ? Alors je le regarde droit dans les yeux et embrasse Noah. La vengeance est étonnamment satisfaisante. 



CameronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant