Chapitre 23

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La porte s'ouvre avec fracas et me tire de mon sommeil si doux. Qui ose ?

« - Debout. Aujourd'hui tu retournes au lycée. Dépêche-toi, les jumeaux vont t'attendre. »

Je ne réponds pas et ma tante s'approche de la fenêtre dont elle tire les rideaux pour laisser entrer le soleil matinal. Horrible. Je la déteste. Je ne prends pas le risque de râler de peur qu'elle me prive du petit déjeuner dont j'ai tant besoin. Mon ventre crie famine, ma tête meurt de douleur et mes yeux prient l'obscurité de revenir. Je n'en peux plus, je suis exténuée et je n'arrive pas à bouger mes doigts sans grimacer.

June sort de ma chambre en me lançant un dernier réveil. Quel super réveil ! Je m'habille rapidement : t-shirt blanc, jean noir ; et me maquille légèrement. Je me fais un chignon rapidement et enfile des baskets. Je descends aussi vite que possible en m'acharnant sur ma mégère de tante –dans ma tête, bien sûr. Je doute qu'elle soit triste du décès de sa sœur, dont, apparemment, elle avait tellement honte. Mais n'aurait-elle pas une once d'humanité, pour me traiter comme ça ? 

Je mange un bol de céréales remplis, une pomme et prends une barre chocolaté et une bouteille énergisante pour dix heures. Les garçons m'attendent dans le salon.

« - Cameron... souffle Tyler. Ça va ?

- Oui, je suis juste fatiguée.

- Oui, ça se voit, rigole James.

- Euh, reprends l'autre frère, je peux t'aider pour quoi que ce soit ?

- Non. Pourquoi aurais-je besoin d'aide, Tyler ? »

Savait-il que sa mère m'avait menacé ? Je n'espère pas... Je n'ai pas besoin de plus de pitié. Non... ça doit juste être ma mine fatiguée. Oui, c'est ça.

« - Peut-être parce qu'on t'a entendu jouer du piano jusqu'à une heure du matin et que tu as l'air fatiguée ? demande-t-il.

- Ah, euh... Je n'avais pas vu l'heure... »

J'avais vu l'heure. Je m'en fichais simplement. Les jumeaux haussent les épaules en même temps. J'attrape mon blouson de cuir sur le porte-manteau et on avance vers la voiture et s'installe dans la voiture de Tyler.

« - Sinon, tu es contente de retourner au lycée ? ricane Tyler.

- Aha, très. C'est vraiment le paradis là-bas. Qu'est-ce-que j'ai raté ? »

Tyler et James se regardent pour décider s'ils doivent m'avouer la vérité.

« - Accouchez les gars.

- Ah, euh... Oui, qu'est-ce qu'il s'est passé, James ?

- En fait, dit James en lançant un regard noir à son frère, c'est officiel : Dylan et Noah se détestent. Surtout, après que Dylan ait balancé une droite à Noah. Et que Dylan se retrouve avec un bel hématome sur sa mâchoire à cause de Noah. Aussi depuis que Dylan ait entendu que Noah me demandait des nouvelles de toi depuis la soirée. Où il t'a apparemment trouvé inconsciente... Mais ça, tu m'expliqueras plus tard... hein Cameron ? lance-t-il en se retournant. »

J'aperçois aussi Tyler qui me regarde dans le rétroviseur et je sens la voiture dévier de la route.

« - Tyler ! Regarde la route ! je hurle.

- Bref, reprends James. C'est la guerre entre eux. Tu en es la cause. Et ça tout le monde le sait. Ne t'étonne pas que tout le monde te regarde au lycée. Les filles te traitent déjà de traînée à cause du baiser avec Noah. Les gars, eux...

- Oui, ça va, ça va, j'ai compris, James.

- On est arrivés, coupe Tyler. »

Le lycée grouille de monde et tout le monde observe la voiture de Tyler pour, sûrement, voir si j'en sors. Non, non, non. Je ne peux pas le faire. Je n'ai pas le cran. S'il vous plaît, si quelqu'un existe là-haut, faîtes quelque chose. Tyler sort déjà de la voiture.

« - Inspire, expire, me conseille James en se retournant."

Non. Pas encore une crise de panique. Mes poumons ne peuvent plus se remplir mes narines ne peuvent plus inspirer. Mes lèvres ne peuvent plus parler. Mes mains ne font que trembler. J'entends des conversations agitées entre James et quelqu'un d'autre que je n'arrive pas à définir car les voix me parviennent feutrées. Mes doigts crispés me font mal. Stop. Stop. Stop !

A ce moment, Noah ouvre la porte de la voiture côté conducteur et demande avec empressement les clés de voiture à Tyler. Comme paralysé, ce dernier met du temps à réagir. Une fois qu'il a les clés, il démarre la voiture et allume l'air conditionné. L'air froid me parvient et tout se débloque. Ma respiration est saccadée, ma tête tourne. Mais tout va mieux.

« - Cameron ! Inspire, expire. Tout va mieux ? demande Noah

- Oui, je souffle honteuse d'avoir eu besoin d'aide. »

D'habitude tout se règle tout seul. Je n'ai besoin de personne. Je sors rapidement et me retourne :

« - Je n'ai pas besoin d'aide.

- Mais, Cameron ? crie Noah dans mon dos. »

J'aperçois Tyler et James poser leurs mains sur les épaules de Noah. Une façon de dire inutile de me rejoindre. Je n'ai besoin de personne, de toute façon.

CameronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant