Cameron

Chapitre 40

Je me réveille dans mon lit, réveillée par mon insupportable tante. Un jour je vais l'étrangler.

« - Cameron, réveille-toi. Tu vas à l'école.

- Quoi ?

- Tu vas au lycée aujourd'hui. Tu ne vas pas te permettre un jour d'absence de plus. Et je ne vais pas te mettre un écart de plus. Tu as décidé de partir de l'hôpital avec Tyler. Tu as décidé de revenir dans ma maison. Maintenant, c'est moi qui prends les décisions, alors tu te lèves de ce putain de lit et tu vas au lycée. »

Je ne dis rien et me relève difficilement. June sort de la chambre après avoir ajouté qu'elle m'attendra en bas dans dix minutes. Je soulève mon t-shirt pour observer l'étendue des dégâts, mais étonnamment, Tyler a fait du bon boulot. Je ne savais pas qu'il savait recoudre une blessure. Je m'habille rapidement avec une robe-pull car les jeans me serrent le ventre et me font mal. Je maquille légèrement mes cernes qui montrent que je n'ai pas vraiment dormi ces derniers jours puis descends. En plus du mal, la faim me tiraille aussi l'estomac. Descendre les escaliers est une étape assez difficile et je manque plusieurs fois de finir ma descente en galipettes.

« - Cameron, attends, je vais t'aider, lance James.

- Je n'ai pas besoin d'aide, je dis sèchement. Mais merci, je me radoucie. »

J'essaye de m'assoir mais je reste finalement debout. Trop d'efforts à fournir pour juste s'assoir. Je sens que les semaines à venir vont être difficiles. Je mange rapidement avant de partir avec mes cousins.

« - Ça va ? me chuchote Tyler.

- Oui. Hé, euh, comment tu sais recoudre les blessures ? je chuchote en retour.

- Ah euh... hésite-t-il en se grattant le cou. Expérience personnelle qui requiert cette compétence, il finit par dire en haussant les épaules.

- Genre, comme quoi ?

- C'est le passé, Cameron. Tu n'as pas besoin de savoir.

- Oui, mais j'aimerai savoir.

- Non. Tu ne sauras pas, pas besoin de me faire ce regard. Je ne suis pas un des ces garçons que tu fais tous craquer, ricane-t-il. Je suis ton cousin. »

Il m'ouvre la porte et avant que j'entre dans la voiture, June sort en courant de la maison.

« - Rentrez à la maison ce soir. Tous. »

On hoche la tête silencieusement, on sait tous que ce message m'est réservé. J'ai trop peur de ce qu'elle puisse faire la prochaine fois alors que je pense que je vais me contenter de respecter les règles.

Je m'affale dans la voiture –car c'est la position la plus confortable – et je regarde le paysage. Nous arrivons assez vite au lycée par mon plus grand malheur. Je sors de la voiture et je suis envahie de monde comme une star par ses paparazzis. C'est assez oppressant. Tout le monde veut savoir, ou sait déjà ce qui est arrivé à Cameron grâce à ce très cher Dylan. On me pose mille questions, me couvre de « Tu vas bien ? » ou d'accolades. Besoin d'air, vite. Je m'écarte de la masse de gens autour de moi et allume une cigarette. Je me sens mieux, tout d'un coup. Je finis ma cigarette en même temps que la cloche sonne. Je commence à me diriger je-ne-sais-où, mais je viens de me rappeler que je ne sais plus en quelle matière nous sommes, alors j'attends de trouver quelqu'un de ma classe pour le suivre. Ah. J'aperçois Cole, Kilian et Evan qui se dirigent vers une salle et je les suis. Quand j'arrive devant la porte, je me rends compte que nous avons Français. Super. Surtout que Madame Dupuis m'adore maintenant. Quand elle voit entrer dans la classe, elle tique.

« - Cameron, quel plaisir de vous revoir. Nous ferez-vous plaisir de nous montrer vos capacités développées en Français aujourd'hui ? dit-elle en français.

- Évidemment, Madame, je réponds avec mon plus beau sourire d'hypocrite.

- Super, alors viens t'assoir devant mon bureau s'il te plaît. »

Mon Dieu. La journée commence très bien. Comme tous les autres jours de cette magnifique vie. Note l'ironie. Après m'être assise, ce qui était une épreuve, j'aperçois Noah qui entre en classe, les yeux injectés de sang. Quand il passe près de moi, je l'appelle mais il ne détourne même pas la tête. Peut-être qu'il ne m'a juste pas entendue. Mais oui, Cameron, reste dans le déni...

L'heure de français passe lentement et la professeure, maintenant au courant que je sais parler français, s'amuse à m'interroger plus qu'il ne le faut. Ce qui la fait rire apparemment, mais pas moi.

Les heures passent lentement et une fois à la pause de midi, je souffle enfin. Les cours, c'est chiant. Je m'affale, encore, sur un muret et mange un sandwich tandis que j'observe la foule. Je veux trouver Noah. En parlant du loup, je le vois enfin. Je descends du mur et émets un petit grognement.

« - Noah, je l'interpelle. »

Il ne se retourne même pas. Une fois arrivée à sa hauteur, je lui touche le bras pour qu'il se retourne enfin. Et il le fait. Mais avec une mine des plus blasées.

« - Qu'est-ce que tu veux ?

- Euh... Te dire bonjour ?

- J'en ai rien à foutre.

- Pardon ?

- Je n'en ai rien à battre, articule Noah.

- Mais, t-tu, j-j-e... Hein ?

- J'en ai marre de tes chauds et froids, de tes oui et non. Tu ne veux pas de moi ? Très bien. Mais dis le moi en face, plutôt que je l'apprenne par ce trou du cul.

- Mais, Noah, attends.

- Non, je ne vais rien attendre du tout. Laisse-moi tranquille. C'est fini. Ce n'est pas parce que ta famille est morte et qu'il t'arrive de la merde que je dois avoir pitié de toi et te pardonner alors que tu fais conneries sur conneries. Alors prends tes emmerdes avec toi et fous moi la paix. »

Je ne dis rien et m'en vais en boitant, les larmes qui restent bloquées dans mes yeux.