Chapitre final

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Je rentre chez mes cousins et je me pose dans ma chambre, alors qu'il est à peu près vingt-et-une heure. Je traîne sur les réseaux et espionne Noah. Enfin, j'essaie parce qu'il n'est pas très actif. Je descends pour mettre la table mais June et Trevor sont sur le point de partir. Dîner entre collègues riches apparemment. Ça m'arrange, pas besoin d'essayer de ne pas faire grincer le parquet après qu'ils se soient couchés. On doit se débrouiller pour le repas. Je remonte les escaliers et m'enferme dans la salle de bains. Cela m'avait manqué les préparations pour les soirées comme ça. J'active mon enceinte, lance ma playlist et rentre dans la douche.                    Je sors de ma chambre à vingt-trois heures en vérifiant que les garçons sont bien dans leur chambre. Avant de descendre, j'entasse des oreillers sous ma couverture en essayant de reproduire ma silhouette . Astuce veille comme le monde, mais ça marche. Je sors par la porte du jardin pour ne pas faire trop de bruit. J'appelle Dylan pour lui dire que je pars de chez moi et vu qu'il insiste pour venir me chercher, car je pourrais potentiellement me faire enlever - comme si je n'avais jamais marcher toute seule dans la rue - , j'accepte.

La fête est vraiment énorme. Je ne m'attendais pas à quelque chose d'aussi grandiose. C'est fou. Gigantesque. Quand j'entre dans la cuisine, la plupart des gens sont déjà ivres morts. Je ne me gêne pas pour les imiter, faire tout ce qui m'a été interdit. Je remarque même qu'il me reste de la poudre blanche sur le nez quand je cours aux toilettes pour vomir. Je n'ai plus les idées en place et je profite de toute cette folie. Je danse outrageusement avec plusieurs garçons dont je ne connais même pas le prénom et que je n'avais jamais vus avant cette soirée. Tout le monde semble passer la meilleure soirée de leur vie et on devient tous heureux comme par magie. Cela nous fait oublier que l'on est tous brisés intérieurement, même si chacun ne le voit pas forcément, car on est déjà trop malheureux avec nos propres problèmes, quels qu'ils soient, qu'on ne fait pas attention aux autres. Je m'assois sur le canapé, à côté d'un couple presque en train de se manger le visage et d'un garçon totalement défoncé qui matte les filles qui dansent. Je pense à mes parents. Mon frère. Seraient-ils fières de tout ça ? Non. Mais ils ne sont plus là et ils n'ont plus leur mot à dire. Plus personne ne l'a. Je balaye ces pensées de mon esprit. Soudain, je remarque un garçon qui danse vraiment trop proche d'une autre fille. Il tourne la tête et je vois que c'est Noah. Je me lève, titube et fais tomber mon briquet. Un inconnu s'approche de moi pour le ramasser et je vois encore Noah danser avec cette étrangère.

« - Noah ?

- Non, moi c'est Jay. Tu devrais te rassoir, tu ne vois pas clair ma pauvre. »

J'hallucine tellement que je crois que je vais m'évanouir. Je me relève et je me retourne et vois Noah partout. Il me suit, me regarde, me juge. Je me réfugie dans la salle de bain et tire le verrou. J'allume une cigarette et me regarde dans le miroir. Je fais vraiment peur. Je ressemble carrément à une quémandeuse d'attention. Je me regarde encore plus. Je discerne chaque défaut en moi. Je les énonce à voix haute. Mes sourcils de formes différentes. Ma peau imparfaite. Mon nez trop droit. Ma bouche pas assez dessinée. Ma poitrine pas assez proéminente. Mon corps formé comme un rectangle.  Je les énonce jusqu'à en pleurer. Pleurer tellement je me dégoûte. Je pleure pour mes parents. Pour Grayson. Pour Sam. Pour June. Pour Trevor. Pour Tyler. Pour James. Pour Dylan. Pour Noah. Pour Aspen. Pour moi. Mais ce n'est pas pour autant que j'éteins ma clope. Je pose mes mains autour de la vasque et libère mes larmes. Soudain, je lève la tête. Je fouille dans les tiroirs et y mets un bordel pas possible en cherchant. Je le trouve enfin et commence mon travail. Mes longs cheveux châtains dorés tombent dans le lavabo. De grosses mèches emplissent le trou. Je pose le ciseau avec ma main tremblante quand je suis satisfaite de ma nouvelle coupe de cheveux. Plus rien n'est à sauver. Je n'ai plus rien de beau chez moi. Mon cœur est pourri. Je suis pourrie. Je n'ai même plus mes beaux cheveux pour rattraper le tout. Mais je m'en fous. Parce que je viens de réaliser que je suis née pour mourir, née pour finir comme ma famille - tu crois que c'est héréditaire la mort, idiote ? Pourquoi pas, on verra bien. Alors pourquoi pas vivre en s'amuser puisque cette putain de vie a une fin. Pour moi, elle expire bientôt. Même plus la force de changer quoi que ce soit. Alors autant faire ce que je peux encore faire. La seule chose à laquelle j'excelle. Car apparemment, je n'arrive même pas à avoir de relations saines avec des êtres humains. Je sais donc ce qu'il me reste à faire. Détruire.

CameronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant