Cela fait trois semaines que les cours ont repris et je peux dire que le premier jour était juste un avant-goût de ce qu'il m'attendait par la suite. Et Noah ne peut rien y faire, à part me dire que demain sera un meilleur jour. Mais il n'y a pas de meilleurs jours qui arrivent. Je le sais avec le temps. Au début, je croyais à ses belles paroles qu'il me chuchote au creux de l'oreille. Maintenant, je ne crois plus à rien. C'est assez difficile car toutes les promesses qu'il me fait partent en fumée. Je sais qu'il fait de son mieux chaque jour mais il n'y a plus rien à faire. Plus rien à sauver. Car il ne reste plus rien de moi.
« - Pousse-toi, sale garce, lance une fille en me bousculant. »
C'est une fille blonde, aux yeux bleus, grande et mince. Je ne l'ai jamais vu au lycée. Une nouvelle ? Tiens donc ? Je la toise de haut en bas et remarque qu'elle a des dents plus blanches que la maison de ma tante et un rouge à lèvres plus rouge que mon propre sang. Je ne dis rien mais serre les dents. Je l'entends me parler, même si j'ai juste l'impression que mes oreilles sont bouchées par du coton, et dire des choses comme « Je sais qui tu es et ce que tu as fait ». En fait, j'ai l'impression que tout le monde me dis ça. Juste leur regard dédaigneux me permet de savoir qu'ils sont au courant de tout. Je hausse les épaules quand elle finit enfin son monologue de peste comme dans les téléfilms d'adolescents. Pitoyable.
« - Je m'en bas les reins de ce que tu penses. »
FAUX. C'est absolument faux, mais j'essaye de garder la face devant Miss Parfaite.
« - Tu t'en fous ? Vraiment ? ricane-t-elle. On sait tous qu'après la première journée après les vacances, tu t'es enfuie dans les toilettes pour pleurer, sale idiote. Tu crois vraiment que tu t'en fiches ? On sait tous que tes parents sont morts et que t'as mal tourné. Regarde-toi un peu. Franchement tu fais de la peine. Tu es pathétique, chérie, elle se moque. »
Je fronce les sourcils et contracte la mâchoire pour éviter de me mettre à pleurer. Comment sait-elle pour mes parents ? Les rumeurs tournent tellement vite dans le lycée... Mais qui en-est à l'origine ?
« - C'est Dylan, crache cette fille, comme si elle avait lu dans mes pensées. Il me l'a dit et par mégarde, je l'aurai peut-être dit à quelques-unes de mes amies les plus commères.
- Tu n'as pas le droit.
- On dirait bien que si, puisque je l'ai fait.
- Comment tu t'appelles déjà ?
- Angel, la petite amie de Dylan.
- Oh, eh bien, va te faire foutre, Angel, la petite amie de Dylan.
- Je te renvoie cette insulte, Cameron la droguée et alcoolique qui sort avec plusieurs gars en même temps.
- Oh, bon sang, vous n'en avez pas marre de relancer cette insulte à chaque fois que vous me parler ? Parce que la faudrait peut-être changer, vous êtes vraiment débile à utiliser les mêmes mots pour me qualifier. Mais si tu veux jouer à ce jeu des apparences, je pourrai dire que tu es une fille à papa, qui chiale dès qu'elle n'a pas ce qu'elle veut. On pourrait aussi dire que t'es une vraie salope avec ta robe qui couvre même pas tes fesses et ton rouge à lèvre de déluré. Franchement, celle qui ressemble à une pute ici, c'est toi. »
Je pars avec un visage de marbre mais sous cette façade, tout se brisait. Je veux une revanche. Je veux qu'ils souffrent tous. Mes pieds se dirigent de même à travers le lycée et ils trouvent Dylan d'eux-mêmes, dans un couloir vide. Quand je l'interpelle, il me regarde mes fait aussitôt mine de ne pas m'entendre.
« - Dylan ! Tu as trop peur pour me regarder en face ? »
Il détourne la tête pour me regarder intensément. Mon ex copain fonce sur moi pour me pousser contre les casiers. Sa main frappe la porte derrière moi.
« - Tu as cru que j'avais peur de toi ? ricane-t-il. Toi ? Cameron ?
- Pourquoi tu me fuis comme la peste, alors ?
- Tu me dégoûtes, pétasse.
- Vraiment ? Ce n'est pas moi qui ai trouvé comme copine, une idiote délurée. »
Son poing refrappe le casier juste à côté de ma tête et ses yeux expriment la rage pure et simple.
« - Pardon, mais je crois que je suis en train de parler à la fille qui se tape deux mecs en même temps, crache Dylan. »
Comme je n'ai absolument rien à répondre à ça, je décide de changer de sujet.
« - Pourquoi tu l'as dit à Angel ? je murmure.
- Pour que tu souffres comme j'ai souffert.
- Oh c'est vrai que c'est mature ça... je hurle. Pardon, ce n'était pas ce que je voulais, je chuchote.
- Tu l'as fait, il crie.
- Tu veux que je fasse la même chose avec tes secrets ? Tu veux que je le crie sur tous les toits ? Parce que tout le monde est au courant grâce à ta nouvelle copine ! je crie mon tour.
- Je n'ai pas de secrets.
- Tu en es sûr, Dylan ? Tu veux que je dise aux autres que tu pleures presque tous les soirs parce que tes parents ne sont pas là ? Tu veux qu'ils te regardent avec cette pitié ou cet air moqueur ? Tu veux qu'ils te harcèlent jusqu'à ce que tu ne puisses même plus te relever ? Tu veux qu'ils te mènent la vie tellement dure, que tous les matins en te réveillant, tu te dis que la vie ne peut qu'être meilleure au point où tu en es, mais que chaque jour qui passe est pire que celui d'avant ? Tout le monde parle de moi et de ma vie, ça veut dire que vous la voulez, c'est ça ? Je vous la donne ma vie pourrie, bordel !
- Cameron...
- Je voulais pas faire ça... Je voulais pas te faire ça... C'est juste que... Je ne pensais qu'à moi et ce qu'il s'est passé et... »
Je n'arrive pas à terminer ma phrase car une boule de chagrin me serre la gorge.
« - Je suis tellement désolée.
- Moi aussi... »
On se regarde dans les yeux et je me rappelle tous les moments passés ensemble. Je me rappelle ces fêtes assez floues dans ma tête, car j'avais ingurgité une telle quantité d'alcool que c'est impossible de vraiment se les remémorer correctement. Je me rappelle la première fois que l'on s'est rencontré, devant la porte de la maison où j'ai passé ma première soirée à Los Angeles. Je me rappelle ce moment où il m'a ramassé alors que je pleurais sur le trottoir. Je me rappelle la première fois que l'on s'est embrassé et aussi la dernière. Je me souviens que cette relation était toxique et que l'on s'enfonçait l'un l'autre.
Soudain, je relève les yeux et il s'approche lentement de moi et m'embrasse.
« - Dylan... Il faut qu'on parle, je souffle. Rien n'est encore arrangé.
- Je sais, Cameron. »
VOUS LISEZ
Cameron
Teen FictionCameron quitte Hawaï à cause de la mort de sa famille et rejoint sa tante à Los Angeles. Elle plonge dans la drogue et l'alcool jusqu'à ce qu'elle rencontre Noah...