Chapitre 58

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Mes jours sont vides de sens et mes nuits sont remplis par trop de pensées négatives. J'ai donc des cernes de trois mètres, une énergie égale à zéro et le moral enfoui au plus profond de la Terre. Je n'arrive même plus à vivre normalement. Je croise Noah dans les couloirs mais il ne me remarque pas. Il fait comme si j'étais un fantôme. Comme si je n'existais même pas. Je ne comprends pas ce que j'ai pu faire. J'ai tenté à plusieurs reprises de l'approcher mais ça n'a pas marché. Il trace sa route loin de moi. Je n'en peux plus de cette situation. Moi qui l'admirais pour sa maturité, je trouve vraiment qu'il agit comme un enfant. Ou peut-être c'est moi ? Je ne sais pas. Je ne sais plus.

Je vois toujours Dylan après les cours mais en tant qu'amis et rien de plus. Nous sommes très bons amis et je suis devenue sa confidente. J'ai même réussi à lui faire accepter l'idée de laisser une chance à Angel, même si cette fille est une vraie salope, je vois comment elle se comporte quand elle est juste avec Dylan et elle ne lui veut que son bien. Dylan pense que c'est une garce avec moi parce qu'elle est jalouse, je ne sais pas trop quoi en penser car elle n'a pas vraiment à envier les autres vu son physique.

« - Cameron ? Je te parlais ? Est-ce que t'as au moins écouté ?

- Absolument pas. Désolée Dylan. Tu peux répéter ?

- Tu as vraiment une tête de déterrée, il faut que tu dormes. Qu'est-ce qu'il va pas ? Tu ne te sens pas bien avec tes cousins ou ton oncle et ta tante ? C'est ta famille qui te manque ? Tu sais, tu peux m'en parler. Je parle tout le temps et tu me donnes beaucoup de conseils mais vraiment, tu pourrais te confier à moi. Je suis là pour toi, malgré tout, et pour toujours.

- Mais nan, je vais très bien ! J'ai un peu de mal à dormir en ce moment parce que j'ai le mal du pays, je mens.

- T'es sûre ?

- Absolument. »

Je le regarde, en train de fumer, assis à côté de moi sur les marches de son perron. C'est devenu notre endroit, les marches de sa maison. Il m'a demandé plusieurs fois si ça me dérangeait qu'il fume devant moi et j'avais répondu que non. Ce qui est la vérité. Avant, je me disais que cela me ferait un bon exercice pour ne pas craquer. Voir à quel point j'étais forte mentalement. J'avoue que depuis, j'avais fumé quelques fois, mais pas repris activement.

« - Dylan ?

- Oui ?

- Passe une clope.

- Cameron... Tu ne devrais pas. Si tu veux j'éteins la mienne.

- Non. Ton paquet.

- Cameron...

- Dylan. Ton. Paquet. S'il. Te. Plaît, je dis brusquement. »

Il souffle en me donnant une cigarette et fait glisser son briquet sur les marches. Je l'allume et je me sens soulagée. Un poids s'enlève de moi alors que je ne me rendais même pas compte que c'était là. Je ressens cette sensation de bien-être. Je ferme les yeux et profite.

Noah m'a aidé. Mais Noah n'est même plus là. Il est même la cause de mes insomnies, de mes larmes, de la boule dans mon ventre qui ne semble jamais disparaître. Je ne vaux plus la peine d'être sauvée à ses yeux. Alors pourquoi s'embêter à entretenir quelque chose qui ne vaut plus la peine ? Pourquoi se buter à aimer quelqu'un de tout votre cœur alors que cette personne ne veut pas poser son regard sur vous, tellement vous le dégoûtez ? De toute façon, plus rien ne vaut la peine dans ce monde. Même plus Noah. Même plus moi-même.

« - Dylan. Je veux une fête, ça me paraît remonter à si loin. Chez toi. Ce soir. Appelle tes  potes. Ramène ta meilleure came. Dis-moi que tu veux pas, refuse. Dis-moi non, vas-y, dis-moi que tu n'en as pas envie, je ne te croirais pas.»

Il hoche la tête lentement avec les yeux grands ouverts.

« - Ça sera bon pour notre moral. Aller souris, de toute façon, c'est le week-end. Ça fait longtemps que je ne me suis pas éclatée. Je rentre me préparer. J'arriverai vers vingt-trois heures, je ne veux même pas oser demander à mes "hôtes de maisons", je lance avec un ton guindé. »

Sur ce, je me lève mais avant de partir, je ramasse son paquet et son briquet.

« - J'avais dû faire le tri. Je te rendrai la pareille. »

Une fois ma cigarette finie, j'en prends une autre. Je lis sur la boîte « Fumer Tue ». Je hausse les épaules en allumant le briquet. J'ai déjà l'impression d'être morte.

CameronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant