Chapitre 19

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Après quelques secondes, je m'écarte de Noah et tourne mon regard vers un Dylan figé et émets un sourire satisfait. Je me relève difficilement : les effets secondaires commencent. Je prends juste la peine de ramasser la bouteille ainsi que le paquet de cigarettes et le briquet. Je m'arrête sur le seuil de la porte, juste devant Dylan.

« - T'as aimé ? je murmure. »

Il me lance un regard de totale incompréhension et je m'autorise un dernier regard vers un Noah toujours assis, qui fronce les sourcils, pensif. Il est futé ce garçon,  je crois qu'il a tout compris. Je pars sans un autre regard pour eux et me dirige vers le rez-de-chaussée. Je les entends m'appeler mais je fonds dans la foule aussi vite que je le peux. Les personnes autour de moi me donnent la nausée et très vite, je me mets à suffoquer. L'air paraît moite et gluant, il m'étouffe. Tout m'étouffe. Sûrement d'autres effets secondaires. Sûrement un "bad trip". J'essaye de me frayer un chemin parmi tout ce monde mais chaque fois que j'essaye d'avancer, je me prends deux ou trois coups de coude qui me font reculer. Je me fais balloter dans tous les sens et sans me rendre compte, je trébuche sur un obstacle probablement imaginaire pour me retrouver sur le carrelage froid. Je veux juste rentrer chez moi. A Hawaï. Et retrouver ma vie d'avant. Ce n'est pas si compliqué, si ? Je commence à gémir comme un enfant. Depuis quand es-tu aussi pathétique ? Putain, je me fais pitié. J'aimerais pouvoir me gifler, encore et encore, mais la seule chose que je peux faire sans passer pour débile infinie, c'est d'enfoncer mon doigt dans ma plaie, à travers le bandage. Je peux sentir le sang qui a recommencé à couler et se répandre sur le bandage. Je reste un temps indéfini à pleurer au sol, à me prendre des coups de pieds par des gens qui dansent, s'amusant beaucoup trop pour remarquer ma présence, jusqu'à ce que Tyler vienne me ramasser.

« - Qu'as-tu fait, Cameron ? répète Tyler en boucle.

- Je ne sais pas, je ne sais pas... je murmure en secouant la tête. »

Mon cousin m'emmène jusqu'à sa voiture et m'allonge sur la banquette arrière. Il envoie rapidement un texto à James, enfin, j'imagine, et démarre la voiture en trombe. Le temps s'étire et les secondes paraissent durer des minutes et des minutes des heures. Le voyage me paraît alors étonnement long. Une fois la voiture garée un pâté de maison à côté de la nôtre, Tyler me sort avec précaution de la voiture et m'aide à marcher jusqu'à la maison. Chaque pas est un vrai calvaire et le chemin me paraît interminable. Arrivés près de la porte, il sort les clés et le cliquetis que font ces dernières en débloquant la porte, me paraît être le bruit le plus assourdissant que j'ai entendu de toute ma vie. En fait non, le bruit du cadre qui tombe et qui se fracasse par terre à cause de moi qui me suis presque effondrée sur un meuble est pire. Tyler murmure un juron en boucle quand on peut discerner en haut un rai de lumière qui vient de s'allumer sous la porte de la chambre des parents. Je suis soudainement prise d'un fou rire incontrôlable.

« - Tyler... je crois... qu'on est foutus, j'articule entre deux hoquets de rire. »

Pour rajouter la touche finale, je vomis mes tripes sur le parquet immaculé.

« - Cam, là, on est vraiment foutus. »

CameronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant