Cameron

Chapitre 35

« - Où est-ce que tu m'emmènes ? je demande.

- Je te fais visiter la ville.

- Mais donne au moins un petit indice ! je le supplie.

- Apparemment, mademoiselle Cameron Miller ne peut s'empêcher d'être curieuse.

- Noah... je souffle.

- C'est une surprise, je ne vais te révéler maintenant, alors qu'on est tout proche du but.

- Je n'aime pas les surprises, je boude. Mais, d'accord, tu m'as battue. »

Il me lance son sourire triomphant et j'ai l'impression d'être la fille la plus heureuse du monde. Noah se gare devant un restaurant italien et je hurle de joie.

« - Comment tu as su ?

- Su quoi ?

- Que j'adore la nourriture italienne !

- Oh, voyons, je me suis renseigné sur le sujet Cameron, plaisante-t-il.

- Merci, je souffle dans son oreille alors que je lui fais un câlin.

- Mais ce n'est pas fini. »

...

Le repas est tellement bon, c'est même meilleur que dans mon restaurant artisanal préféré à Hawaï. On sort du restaurant et Noah me tient la porte de la voiture pour que j'entre dedans. Je me sens comme une vraie princesse. C'est si... inhabituel. Personne n'a jamais fait ça pour moi.

On se dirige vers Hollywood Boulevard et c'est comme dans mes rêves. C'est un endroit carrément touristique mais c'est tellement cool. Pendant quelques minutes, je redeviens l'enfant que j'étais avant l'accident. Je redeviens celle qui rêvait de visiter Los Angeles. Celle qui voulait conquérir le monde. Y laisser ma trace un peu partout.

« - Il nous reste deux endroits, déclare-t-il. Allons-y, on n'a pas beaucoup de temps. »

On revient dans la voiture et il m'emmène à la plage. Il n'y a presque personne car nous sommes au milieu d'une journée où tout le monde travaille.

« - T'es prête pour le grand plongeon ?

- Carrément. »

Je commence à enlever mon short et mon t-shirt.

« - Le dernier dans l'eau a un gage, je crie en m'enfuyant dans l'eau.

- Mais c'est de la triche, hurle Noah dans mon dos. »

Je mets un pied dans l'eau et grimace. L'eau est beaucoup plus froide que chez moi. Mon vrai chez-moi. Il arrive en courant et se jette à l'eau tout en m'éclaboussant.

« - Noah ! je hurle.

- Alors qui va avoir un gage ?

- C'est moi apparemment, je marmonne.

- Ton gage... c'est de venir me rejoindre.

- L'eau est froide, je réplique.

- Non, elle est très chaude pour la saison.

- Faux.

- Fais pas ta capricieuse et viens.

- Je veux quelque chose en échange.

- Ah oui ? Quoi ?

- Un bisou.

- Marché conclu. »

J'avance entre les vagues et l'eau est terriblement gelée. C'est un vrai supplice. Noah est à quelques mètres du rivage, l'eau jusqu'aux hanches. Je resserre mes bras contre moi et je commence à me réchauffer. Je le regarde et vois que Noah tremble un peu et que ses lèvres tournent au violet. J'ai une idée. Je m'approche de lui et l'embrasse pour ensuite le faire tomber. Quand, on remonte à la surface, je ris, triomphante.

« - L'eau est vraiment chaude pour la saison, je réplique ironiquement.

- J'avoue que c'était pour que tu viennes mais ce baiser m'a réchauffé. Tu veux m'en donner un autre pour que je n'ai plus froid du tout ? me demande Noah en faisant une petite moue. »

Je rigole de plus belle et l'éclabousse et il finit par se mettre à rire avec moi. Nous sommes tremblants de froid et on va surement être malades demain, mais ma seule préoccupation du moment, c'est de sentir ses lèvres sur les miennes.

Il regarde le ciel, et me regarde.

« - Il reste un dernier endroit que je dois te montrer.

- Eh bien, je te suis. »

On sort de l'eau, main dans la main. Il me jette une des serviettes qu'il avait ramenées et on se sèche comme on peut.

Noah me cache les yeux tout en me disant où mettre mes pieds. Je sens qu'on entre dans un bâtiment. Nous explosons de rire quand il s'agit de monter des escaliers. Il trébuche et je trébuche donc et c'est un cercle infini. On s'arrête, et je sens qu'il tourne son poignet, sûrement pour regarder sa montre.

« - Pile au bon moment, chuchote-t-il. »

Il pousse une porte et je sens l'air frais souffler sur mon visage. Il retire ses mains et nous nous retrouvons sur un toit devant un coucher de soleil. Nous nous asseyons sur un des petits murets sur l'immeuble et on voit la ville entière d'ici. Le soleil continue sa route de l'autre côté de la Terre et c'est magnifique.

« - Merci, je chuchote. »

Pour toute réponse, il me sourit. Nous restons là pendant un long moment. A regarder le soleil puis les étoiles. A regarder la beauté de la nature. A apprécier la vie pendant un instant. Pendant un instant, je ne voulais plus rejoindre mes parents. Je voulais rester ici, contempler tout ce que la vie pouvait m'offrir.

« - Quand je me sens totalement impuissant, quand plus rien ne va et que je sais que je ne peux rien y faire et quand le monde s'écroule autour de moi et que, même si j'essaye de reconstruire l'édifice, les briques retombent une par une, je viens ici. Quand je vois une bonne partie de la ville et que j'observe la lumière des immeubles, les voitures rouler et les passants vivre leur vie, je me sens comme un roi. Comme si je contrôle tout et que rien ne peut m'échapper. C'est comme si je vois tout. Parfois je hurle de désespoir et j'en vois quelques-uns qui ont l'oreille fine mais qui ne savent jamais d'où vient ce cri, m'avoue Noah.

- Je comprends, je souffle. »

Ah, et petit message. Profitez et appréciez les petites moments de la vie même les plus simples peuvent être les meilleurs.