Chapitre 12

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Le reste des cours de la matinée se ressemblent tous. Ils sont, sans exception, ennuyeux. Les professeurs me regardent avec pitié, compassion et, en retour, je leur jette des regards noirs. Qu'est-ce qu'ils peuvent m'énerver et, je l'avoue avec honte, me donner envie de pleurer. Alors je ferme les yeux et compte jusqu'à dix pour m'aider à retrouver contenance. C'était la technique de Grayson. Un jour, il m'avait poussé et j'avais éclaté en sanglots. Il m'avait dit de fermer les yeux et de penser à quelque chose qui me fait rire et ensuite de compter jusqu'à dix.

« - Miller ? lance une voix. »

Je me retourne un sourcil levé et tombe face à face avec le proviseur.

« - Quoi ?

- Jeune demoiselle, vous allez me suivre jusqu'à mon bureau.

- Je suis désolée mais ça ne peut pas attendre ? C'est bientôt mon tour et si je vous suis, je vais perdre ma place dans la queue du self.

- Non, mademoiselle Miller, vous allez me suivre maintenant, dit-il d'un ton sévère, et d'un ton plus doux, il ajoute : Je vous ferai un laisser-passer. »

Peut-être s'est-il rappeler que j'avais perdu ma famille pour ne pas me renvoyer sur le champ en entendant le ton dédaigneux que j'avais employé.

De la cantine à son bureau, il y a pas mal de chemin. Tout est silencieux parce que tout le monde mange ou est dehors. C'est alors plutôt gênant car aucun de nous deux parle. Cinq minutes plus tard, on arrive dans le couloir où se trouve son bureau. Il m'ouvre la porte et m'ordonne de m'assoir. Après s'être assis, il commence :

« - Cameron, j'ai appris par Madame Dupuis, votre professeur de français que vous êtes sortie de classe après avoir eu une attitude, quelque peu... insolente. Je peux comprendre que vous n'avez toujours pas digérez la... le décès de votre famille, et je vous présente mes sincères condoléances mais, ici, c'est un lycée. Vous comprenez ? Il n'est pas autorisé de parler à une professeure de cette manière et de sortir de classe quand on le veut, on respecte des règles dans cet établissement. On peut vous donner deux jours de repos à la maison pour vous laisser le temps de vous remettre mais, ensuite, aucun comportement déplacé ne sera accepté. Mais par la suite, si vous avez l'envie ou le besoin de vous confier à quelqu'un, je suis là, ainsi que l'équipe éducative. »

Je reste perplexe. Le ton condescendant qu'il emploie me donne mal au crâne ou peut-être que c'est la chaleur écrasante. Il pense vraiment que deux jours vont me laisser digérer ce qu'il s'est passé ? Alors, je me mets à rire. Pas un rire narquois ou quoi que ce soit, non, un rire franc.

« - Vous êtes un vrai rigolo, monsieur. Deux jours ? Vous croyez que m'accorder deux jours pourra me faire oublier ? Que mon comportement sera irréprochable après ces deux jours ? »

Il me regarde perplexe, à son tour. Il commence à bégayer des excuses mais je le coupe :

« - Ne prenez pas la peine, je les prends vos deux jours de vacances. »

Sur ce, je me lève et sors. Je retourne à la queue du self et dépasse tout le monde. Mon ascension jusqu'au point où l'on prend un plateau, est ponctuée de murmures et d'exclamations. Mais je m'en fous. Une fois mon plateau pris et rempli, je rejoins Dylan et lui lance:

« - Dylan, faudra faire quelque chose pour fêter ça, j'ai le droit à deux jours de vacances. »

CameronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant