Chapitre 45

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Je deviens soudainement plus rouge que le rouge à lèvres que je porte et j'aimerai pouvoir m'enfoncer six pieds sous terre.

« - Tu les connais ? demande mon oncle.

- Euuuuh, oui ? »

Ma réponse sonne plus comme une question, ma voix déraille dans les aigus et je reçois des regards incompréhensibles de la part des deux garçons qui sont mes copains. Je sens que cette soirée va devenir de pire en pire. Toute les conneries que j'ai faîtes ces dernières semaines me reviennent en pleine face. Comme on dit Karma is a bitch.

« - Je vais aux toilettes, je murmure.

- Dépêche-toi Cameron, le dîner va bientôt être servi, me lance June. »

Je me précipite devant les toilettes et réalise que j'ai foutu un bordel pas possible. Je me regarde dans le miroir et me vois apeurée. Pourquoi ? Pourquoi suis-je comme ça ? Maman ? Papa ? Grayson ? Aucun d'eux ne me répond et je perds la face dans ces toilettes de luxe. Je prends un essuie-main en soie et essuie les coulures de mascara dues à mes larmes et respire un grand coup. Tu peux le faire.

Je sors des toilettes avec un air de confiance en moi inébranlable qui est totalement faux. Je m'assois et adresse un sourire parfait à toute l'attablée. Je fixe mon prénom et attends sans rien dire que mon entrée arrive quand soudain je prends conscience que l'on me parle. Je lève les yeux et la mère de Dylan me parle.

« - Alors, Cameron, comment tu vas depuis le temps ? Cela fait longtemps que je ne t'ai pas vu à la maison. Tu devrais repasser de temps en temps.

- Oui, vous avez raison, je lance avec un faible sourire.

- Eh bien, oui, en ce moment Lenny est là. Tu devrais venir dîner un soir, après tout, tu es la copine de mon fils, hein Dylan, Lenny ?

- Oui, maman. »

Tous les regards se tournent vers moi et je sens le regard de feu d'Aspen. Il a compris, en même temps, ce n'était pas si compliqué. Je lève la tête et observe tout le monde. Mon oncle et ma tante me regarde assez contents que mon « petit copain » soit un fils de bonne famille, mes cousins me regardent d'un air qui dit « quoi que tu répondes, je vais me marrer » et les autres sont aux aguets suspendus à mes lèvres. Etonnement Noah aussi.

« - Evidemment, ce serait super, je murmure. »

Un silence s'abat sur la table alors qu'un garçon de service nous sert nos plats. Alors que tout le monde savoure, Aspen se racle la gorge.

« - Je ne savais pas que tu avais un copain, Cameron.

- Oh, mais j'avais dû te le dire, y a quelques semaines... tu te rappelles pas ? »

S'il te plaît, mens. Je le supplie du regard mais il ne faiblit pas.

« - Non, je ne m'en souviens pas car chaque fois que l'on se voyait on ne se parlait pas vraiment. On buvait ou on fumait. Pas que des clopes.... Oui, tu es devenue accro à tout ça. Ou alors tu m'embrassais comme si tu n'avais pas de copain. On a même couch...

- Mais si, je suis sûre que je te l'ai dit Aspen. Et puis, raconte pas n'importe quoi, hein, je le coupe, pas très sereine.

- Non, je ne me rappelle pas que tu me l'as dit. Pourquoi tu ne leur racontews pas ? Je me demande si tu caches d'autre chose ? On voudrait tous en savoir un peu plus sur toi. »

Je vire rouge et je crois que tout le monde à la table est outrée. Des hoquets de surprise se font entendre ou alors soufflements.

« - C'est vrai, ça, Cameron ? demande June. »

Je sors de table précipitamment et sors de cet endroit étouffant. Tout le monde nous regardait quand je suis sortie. Oh mon Dieu. Aspen a foutu un bordel pas possible. Un bordel tellement grand que je me mets à pleurer, car je sais qu'aucun mensonge ne pourra rattraper le coup. Qu'est-ce que j'ai fait ? Mes mains commencent à trembler et je deviens en manque. Aussi vite que possible, je prends une cigarette qui est dans ma pochette et l'allume. J'entends la porte de derrière moi claquer alors je me retourne. Tante June en fureur se retrouve devant la porte. Dans ma tête une scène de Carrie repasse du coup je me mets à rigoler. Toute seule. J'ai l'air tellement stupide...

« - Et tu crois que c'est drôle ? Tu rigoles vraiment, Cameron ? Je vais mieux t'éduquer que tes parents le font, prochainement. Tu crois que l'on va passer pour quoi, sale idiote ? Ton ami Aspen est un vrai rigolo à déballer tous tes secrets. Tu te tapes deux mecs en même temps, vraiment ? rie-t-elle. Et les autres conneries, c'est vrai ça ?  Qu'as-tu cru ? Tu veux vraiment devenir comme ta mère, juste une salope ? Ce n'est pas ton visage d'ange qui va te sauver. Sale garce. »

Je la regarde et je vois ses mots sortir de sa bouche et se ficher dans mon cœur. S'enfoncer tous un petit plus profond et s'ancrer un petit peu plus dans ma mémoire.

Elle s'avance et me gifle. Une fois. Deux fois. Trois fois. Et puis, j'en perds le compte et, entre temps, j'entends de nouveau la porte mais je ne dis rien. Je veux des témoins de tout ce bazar. Des griffures s'impriment sur mon visage et au bout d'un moment, j'en ai marre. J'en ai marre de tout cela. On se croirait dans un mauvais téléfilm. Alors je hurle. Je hurle à m'en décrocher les cordes vocales et à en percer des tympans.

« - Lâche-moi. Lâche-moi, vieille folle. Je n'en peux plus de tes crises à deux balles. Cela en est fini que tu me frappes. Cela en est fini de toi et de ta réputation de merde. Tu n'as pas le droit de faire ça. Tu me traites de garce et de salope ? Vraiment ? Parce que ce n'est pas moi qui frappe des enfants, ni moi qui frappe ma nièce jusqu'à l'envoyer à l'hôpital et je ne crache pas sur le dos de ma sœur morte. Alors ne t'avise pas de me retoucher encore une fois. »

June avance mais est retenue par quelque chose. Ou plutôt quelqu'un car Noah sort de son ombre et la menace. Elle finit par retourner dans la salle de réception mais lui reste. Je fais mine de partir, après tout, il m'a interdit de l'approcher.

« - Non, Cameron, attends. J'aimerais que l'on parle.

- Oui, évidemment... Tu veux vraiment parler avec une salope, je pouffe. »

CameronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant