Chapitre 36

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« - Bon, c'est l'heure que je te ramène chez ta tante. »

Merde. Ma tante. Je ne suis pas allée chez eux depuis vendredi matin, car j'étais chez Dylan et ensuite chez Noah. Et j'ai laissé mes affaires, et donc mon téléphone, chez Dylan. J'ai disparu depuis quatre jours. Je ne suis pas dans la merde, nooooon. J'acquiesce la gorge serrée. Il ne sait pas que j'étais chez Dylan et que j'ai fait la fête. Après un trajet d'une vingtaine de minutes à parler de tout et de rien, il se gare devant la maison en ayant suivi mes indications pas très claires. Il me dit bonne nuit et je l'embrasse sur la joue avant de sortir de la voiture. Je lui lance un dernier « à demain » suivi d'un petit sourire pas très convaincant, même s'il n'a rien décelé. La voiture démarre et je la regarde s'éloigner au loin, une boule serrée dans la gorge.

Je passe par le petit portail qui mène au jardin de derrière et essaye d'ouvrir une porte vitrée. Elle est fermée.

« - Putain, je marmonne. »

Il ne me reste plus qu'à sonner étant de donner que je n'ai pas de téléphone pour prévenir quelqu'un de ma venue. Je commence par toquer doucement puis progressivement je commencer à m'énerver contre la porte. Voyant que personne ne me répond je sonne. Une fois. Deux fois. Et à la troisième fois, la lumière s'allume dans la maison et la poignée se tourne. Je dois paraître ridicule, sur le seuil de la porte, déboussolée. Un Trevor mal luné apparaît devant moi, accompagnée de June, surprise. Ils ne s'attendaient pas à me revoir de sitôt. Je ne pense même pas qu'ils ont pris la peine de me chercher car, après tout, je ne suis que la fille revêche de sa sœur qu'elle déteste.

« - Cameron ? demande mon oncle, les yeux plissés.

- C'est moi.

- Tu as disparu. Depuis quatre jours, commence à hurler June.

- Les voisins, la sermonne son mari. Rentre, m'ordonne-t-il. »

Ok, j'ai merdé. Je n'ai donné aucunes nouvelles depuis vendredi soir et je ne suis pas allée en cours lundi. Qu'est-ce-que je croyais ? Qu'ils se réjouiraient de me voir réapparaître dans leur vie ? Quelle imbécile. Je n'aurais jamais dû revenir. J'avais une chance, j'aurais pu partir loin. Comme je l'ai voulu, alors pourquoi ai-je obéi à Noah ? Pourquoi je ne lui ai pas tout avoué ? Je serre les poings et mords ma lèvre pour cacher mes remords et ma colère.

« - Tu étais où ? A te pavaner dans les rues de Los Angeles ? Non mais regarde-toi ! Tu me dégoûtes, crie ma tante.

- Ton comportement est très immature, Cameron. Cela me déçoit beaucoup. Maintenant, remettons cette conversation à demain et allons tous nous coucher, il se fait tard.

- Monte, Trevor. Je te rejoins, j'aimerais parler à Cameron. Seule à seule. »

Trevor acquiesce et monte les escaliers non sans m'adresser un dernier regard d'apitoiement.

« - As-tu vraiment cru que tu t'en sortirais vraiment comme ça ? chuchote-elle.

- J'en sais rien. J'espérais. »

Elle se redresse de toute sa taille et me regarde de haut avec ses quelques centimètres de plus que moi. Franchement, elle me fait flipper.

« - As-tu oublié que ta réputation tâche la nôtre ? Ou préfères-tu que je te rappelle que tu n'es rien et que tu finiras comme ta mère si tu continues sur cette voie ? Je croyais que tu avais repris le bon chemin mais apparemment ça ne rentre pas dans tête, ricane ma tante. »

Elle me gifle et sa bague de mariage avec une énorme pierre ouvre ma pommette gauche. Je recule de quelques pas jusqu'à me cogner contre le mur. Elle s'avance vers moi et ricane de plus belle puis elle enfonce son ongle dans ma coupure.

« - Tu vas avoir besoin de points de suture, déclare June en appuyant de plus belle. Autant aller aux urgences pour plus que ça. »

Elle me gifle de l'autre côté et ma lèvre inférieure se fend. Elle recule et me tourne le dos pour s'en aller alors ma respiration se débloque enfin et je me détends un peu. Cela fait un mal de chien. Le sang coule ma joue et mon menton puis tombe sur le sol. Elle vide un vase du salon dans l'évier et enlève les roses blanches pour les poser sur le plan de travail, tout ça avec le plus grand des calmes olympiens, ce qui me fait d'autant plus peur. En une fraction de seconde, elle se retourne et jette le vase qui se brise sur moi. Des morceaux se figent dans mon ventre et je glisse contre le mur.

« - Autant rendre cela crédible. Trevor vient vite, Cameron s'est blessée ! crie-t-elle après avoir déposé des roses autour de la scène. »

Je respire difficilement et ma vision se trouble. Elle est forte. Très forte. Folle aussi. A un point que tu ne peux même pas comprendre.

CameronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant