Chapitre 57

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Je suis réveillée par un bruit de porte qui grince. Je me frotte les yeux. Qui fait tout ce bruit, bordel ? Ils peuvent pas dormir ? Je me rends compte que mes joues sont baignées de larmes et de mascara. J'ai mal partout et je me sens prise au piège dans tous ces vêtements. J'entends le parquet grincer et vois un flash s'allumer. Je prends mon téléphone et regarde l'heure. 04h48. Tout le monde est censé être couché -June veut qu'on se couche tôt, parce que, vous savez bien, "il y a école demain". Mon esprit s'affole et j'imagine un cambrioleur derrière la porte. C'est, apparemment, plutôt fréquent à L.A. Je prends un bibelot au hasard –je ne vois pas trop dans le noir-, assez lourd qui est sur mon bureau et ouvre la porte, prête à frapper.

« - Tyler ?

- Cam ? Qu'est-ce que tu fais avec pot ? Pose ça !

- Mais qu'est-ce que tu fous là ?

- J'allais faire pipi.

- Tout habillé ?

- Je te retourne la remarque, Cameron. En tenue de danse ? s'étouffe-t-il.

- Te fous pas de moi, Ty'. T'as des chiottes dans ta chambre. Je répète : qu'est-ce que tu fous là ?

- Je suis somnambule.

- Arrête de mentir, putain !

- Ecoute, Cam, il se peut que je sois allé... comment dire... »

Et là, il se met à rire comme un enfant. Un rire franc parce qu'il est totalement défoncé ou bourré ou les deux.

« - Tu es allé à une fête... je marmonne.

- Exact. Mais comme tu peux plus y aller, parce que tu dois plus toucher à tout ça... je t'ai pas dit, ricane-t-il. En plus, dit-il alors que je le tire vers sa chambre, y avait tous tes gars rassemblés à la même fête ! Enorme ! Aspen, Dylan et Noah ! C'était carrément du lourd parce qu'ils se sont battus comme des filles. Mais vraiment ! »

Mon ventre se tord et je dois résister pour ne pas prendre mon téléphone et passer quelques coups de fil pour m'assurer que tout le monde va bien. Même si Noah m'en veut pour je-ne-sais quelle raison. Je l'assois sur son lit et lui enlève son manteau, en m'aidant de la lampe de son téléphone. Quand il m'avoue tout ça, je m'arrête de descendre le Zip.

« - C'est vrai ce que tu dis ?

- Vrai de vrai, miss. J'étais là, au premier rang, ricane Tyler.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé, je murmure.

- En fait, Aspen avait organisé une fête, et bien sûr vu que je le connaissais du groupe, j'y suis allé.

- Attends... Quoi ? Tu fais partie de quoi ? Avec Aspen ?

- Euh... hésite mon cousin, voyant la chose qu'il venait de dévoiler.

- Ouais, mais nan, je voulais dire l'équipe de boxe. »

Je le scrute en lui mettant le flash dans sa tête et je remarque du sang sur sa lèvre et un bleu naissant, sur sa mâchoire.

« - Qu'est-ce que tu as foutu, bordel ? Tu t'es battu ?

- Ne commence pas à me faire la morale, cousine. Tu n'es pas la mieux placée... »

Je le fusille du regard, alors il se détend.

« - Ouais... Je me suis battu.

- Ce n'est pas la première fois, je devine.

- Nan.

- C'est à ça que faisait référence James le premier jour ? Il dit que tu étais un « badboy »...

- Euh... fait-il, embarrassé. Je... n'aime pas trop ce mot. C'est juste que...

- Accouche Tyler.

- En fait, j'avais un groupe d'amis et... on a créé un "réseau", il y a deux ans, et... bah, j'ai été entraîné dans tout ça. On avait pas mal de groupes qui étaient pas contents parce qu'on vendait sur leur terrain, tu vois. Il a pu arriver une fois ou deux que je me batte, mais c'est fini depuis longtemps parce qu'on a réussi à répartir les quartiers pour que chacun ait sa clientèle.

- Mais, qu'est-ce qu'il s'est passé ce soir ?

- J'ai voulu prendre la défense d'Aspen, tu vois. On a été dans les mêmes merdes, et il a pu arriver qu'il soit là pour moi quand j'étais en galère, tu vois ? Dylan n'a vraiment pas apprécié. Mais, je savais pas quoi faire moi ! Je savais pas quel partie prendre... Mais, ça ira, c'était seulement sous le coup de la colère. C'était quand même quelque chose, rigole-t-il. »

Je souris mais je m'inquiète pour Noah. Je soigne silencieusement et rapidement Tyler avant de le border comme un bébé. Il s'endort aussitôt, épuisé par les évènements, je suppose. Je remplis un verre d'eau et le pose sur sa table de nuit avec des cachets pour la tête. Il en aura besoin pour demain. Je referme doucement la porte, avant de m'enfuir dans ma chambre.

Dès que j'ouvre la porte, je me jette sur mon téléphone et fouille dans mes contacts jusqu'au N. Noah. Je clique sur l'icône « appeler » et la sonnerie retentit dans mon oreille. Une fois. Deux fois. Trois fois. Répondeur. Putain. Je réessaye mais c'est au bout de la première sonnerie que Noah raccroche. Qu'est-ce que je suis censée faire? Tu n'as plus qu'à te rendormir, idiote. Sauf que je n'y arrive pas, le peur et l'inquiétude et les questions au sujet de Tyler me tiraillent trop le ventre pour que mes yeux puissent se fermer.

CameronOù les histoires vivent. Découvrez maintenant